Si l'Algérie espère atteindre d'ici 2030 une puissance installée d'origine renouvelable de 22.000 MWe (e=électrique), soit 40% de la consommation nationale totale, selon le programme de développement des énergies renouvelables et d'efficacité énergétique (PENREE), on en est maintenant en 2012 qu'à 25 MWe solaires. Le défi sera-t-il relevé ? D'ici 2030, l'Algérie espère atteindre une puissance installée d'origine renouvelable de 22.000 MWe (e=électrique), selon le Programme de développement des énergies renouvelables et d'efficacité énergétique (PENREE). Si la nature s'y prête bien et la disponibilité des ressources primaires en énergies renouvelables ne laissent aucun voile de doute sur la faisabilité des projets y afférents, la formation de la ressource humaine et le transfert de technologie se présentent comme la condition sine qua non de la mise en œuvre du PENREE. Je crois qu'il nous faut plus le partenariat gagnant-gagnant, avec la garantie, sur un terme convenu, du transfert de technologie que la coopération. La mise en œuvre du PENREE en 2013 est faisable, mais ça sera quand même un démarrage difficile», estime M. Abbas, chef de division froid et traitement des eaux usées par les énergies renouvelables (ENR) relevant de l'unité de développement des équipements solaires (UDES de Bou Ismaïl). Il s'est exprimé en marge du workshop de formation des formateurs sur les quatre technologies régissant les centrales thermiques à concentration (CSP : concentrating solar power) organisé, récemment, par l'UDES en collaboration avec l'Agence spatiale allemande (DLR). Sur les quatre technologies de production de l'électricité issue des ENR, deux ont déjà atteint le stade de commercialisation, à savoir la technologie cylindro-parabolique et les tours solaires, les deux autres sont toujours à l'échelle de la recherche et du développement, à savoir les paraboles Stirling et les lentilles de Fresnel. L'Algérie, qui espère booster son économie et se préparer comme il se doit à la période de l'après-pétrole tout en assurant sa sécurité énergétique, est loin dans ce volet-là, comparée à l'Espagne dont la situation économique lui ressemblait beaucoup à une époque pourtant très proche, les années 1980. Dans ce sens, l'Algérie avec sa seule station pilote de 25 MWe solaire inaugurée en 2011 est loin derrière l'Espagne qui a déjà atteint une capacité installée opérationnelle de 1000 MWe solaire en 2011, se classant ainsi en première position mondiale avant les USA. «L'objectif tracé dans le cadre du PENREE est d'atteindre 40% de la production nationale d'électricité d'origine renouvelable dont 70% vont aux systèmes CSP qui ont déjà prouvé leur faisabilité quand il s'agit de grandes capacités. Le reste, 30%, sera réparti entre le photovoltaïque, l'éolien et la géothermie ainsi que 10.000 MW sera destinées à l'exportation vers l'Europe», explique M. Abbas. Le calcul du coût (LEC) pose problème Au-delà des aspects purement technologiques, un problème de connaissance du coût réel du kilowattheure de l'électricité issue des énergies fossiles se pose aussi actuellement pour juger de l'efficience des quotas d'électricité issus des énergies renouvelables (ENR). «L'aspect recherche et développement (R§D) à lui seul reste quand même relativement insuffisant, il faut aussi des études combinées dite technico-économiques. Le prix réel de l'électricité conventionnelle nous échappe. Pour l'instant, notre seul repère est le prix de l'électricité soutenue par les pouvoirs publics», défend le chercheur de l'UDES. «Le LEC ou le coût normalisé du kilowattheure de l'électricité issue de l'énergie solaire via les quatre technologies dites CSP est actuellement évalué entre 0,1 à 0,2 dollar. Pour l'instant, en matière de R§D, on n'est pas tellement loin de la compétitivité énergétique, mais pour que les CSP soient compétitives avec les stations conventionnelles produisant de l'électricité à partir d'une énergie fossile, il faut que le LEC soit situé entre 0,05 à 0,07 dollar pour le KWH», explique M. Abbas. Maintenant, si l'on considère l'impact environnemental, «les technologies CSP deviennent une option incontournable et économiquement rentable au vu d'énormes quantités de CO2 évité annuellement par ces technologies propres», argue t-il. Si le gisement photovoltaïque en Algérie est évalué à 13,9 TWH/an (tera-watts/heure), une puissance incommensurable, l'Algérie, assure le chercheur Sellami Rabbah, devrait passer aux très grandes stations solaires photovoltaïques. «Ces grandes stations vont nous permettre de passer à l'On Grid : c'est-à-dire injecter de l'électricité issue des ENR dans les réseaux Sonelgaz, cela bien sûr à des quotas commercialisables». De l'Off Grid à l'On Grid : du chemin reste à faire ! En Algérie, la production de l'électricité issue des ENR reste une alternative encore figée actuellement dans l'Off Grid : c'est-à-dire produire de l'électricité pour les sites isolés, établissements étatiques, petites bourgades isolées dans les montagnes ou au Sahara, bref en circuit fermé… «Il y a aussi cette fausse perception qu'il faut, note notre interlocuteur, bannir. Ce qu'il faut savoir, c'est que si le solaire photovoltaïque convient, en l'état actuel des recherches, seulement pour les sites isolés, les technologies CSP peuvent nous être très rentables quand il s'agit de satisfaire les besoins de grandes capacités, c'est-à-dire au-delà de 10 MWe, dans les grandes usines ou tout simplement dans les applications industrielles», insiste le chercheur de l'UDES. La tendance vers l'On Grid, circuit ouvert, nécessiterait aussi, note ce chercheur, l'acquisition des technologies de pointe dans la fabrication des panneaux solaires, la promotion de la fonction R§D dans ce domaine, la promulgation de décrets exécutifs, précisant sans aucune faille les modalités de production et d'exploitation de l'électricité verte ainsi que le passage à l'échelle industrielle, seul garant de la réalisation de grands projets de production de l'électricité photovoltaïque en Algérie.