À l'occasion de la tenue de la séance publique d'ouverture des plis des offres financières, relatives au projet des 2 000 MWc, consistant en la réalisation de 15 stations photovoltaïques à l'échelle de 12 wilayas, nous avons approché le directeur général du Green Energy Cluster Algeria (Geca), le professeur Boukhalfa Yaïci qui a bien voulu répondre à quelques questions au sujet de cet évènement historique. Avec une vision assez pragmatique et réaliste, Yaïci nous expose son point de vue sur un certain nombre de sujets relatifs à ce projet. L'Expression: Nous sommes face à un moment historique. L'ouverture des plis des offres financières du projet des 15 stations solaires des 2 000 MWc. Ce sont les premiers pas du tout premier projet des énergies nouvelles et renouvelables (EnR) en Algérie, depuis le début du projet en 2011. Quel est votre sentiment? Professeur Boukhalfa Yaïci: Bon, on est satisfait dans la mesure où Sonelgaz a tenu parole, et là on est à l'ouverture des plis techniques, qu'ils avaient annoncée, entre un et deux mois et ils l'ont bien fait, on est dans les délais impartis. Il y a aussi cette seconde satisfaction, où des entreprises algériennes participent et qui ont été retenues, sur le plan technique. Cela veut dire que sur le plan technique, elles sont bonnes et recevables. Maintenant, pour ce qui est de l'ouverture des plis pour les offres financières, on est en train de suivre et de voir les chiffres... Mais, pour l'instant, je pense qu'il est difficile de se faire une idée, il y a des dinars, des dollars, des euros et il y a des écarts... Mais, après il va falloir voir de quels niveaux, s'ils sont trop importants... Mais, en général, ce qui est important, ce sont les prix et les coûts du kilowatt-heure proposés. Pour le moment les chiffres annoncés sont entre 8,65 et 13,31 DA. Il y a une entreprise algérienne qui est la moins disante avec 9,64. Je pense qu'il va y avoir des entreprises qui vont être retenues pour deux lots chacune. Peut-être, qu'on va aller vers des projets à deux lots par entreprise. On verra bien par la suite. Des spécialistes et opérateurs continuent de croire que la formule EPC (Construction clés en main de ferme solaire), choisie pour ce projet des 2 000 MW de la Sonelgaz, pourrait s'avérer onéreuse pour le Trésor public, sans compter les autres aspects liés à l'exploitation, l'entretien, la maintenance, la production, etc. qui sont assurés dans la formule IPP? Ça c'est un choix qui a été fait par l'Etat qui a lancé cette formule pour financer en mode EPC. Nous, on ne rentre pas dans ces considérations. Nous, on considère qu'à partir du moment où les entreprises algériennes, vont prendre des projets, des sociétés nationales vont fournir des prestations de services. Pour nous, c'est le plus important, parce qu'il va y avoir la création de la richesse et de l'emploi... Je pense que parler de formule EPC ou IPP, ce n'est pas le moment. Vous pensez que c'est un faux débat? Oui, pour le moment, je pense que c'est un faux débat. Parce que pour nous au sein du Cluster, il y a des priorités qu'il faut respecter, à savoir qu'il faut lancer, d'abord, le processus. Il faut que le programme prenne place, que les contrats soient signés et que les entreprises commencent à réaliser et, à ce moment-là, avec le retour d'expérience, je pense qu'il y aura des décisions à prendre. Comment expliquez-vous la présence, en grand nombre, d'entreprises algériennes spécialisées dans les énergies renouvelables, notamment le solaire photovoltaïque, en l'absence de projets d'envergure dans le domaine dans le pays? En effet, il y a beaucoup d'entreprises algériennes qui activent dans le domaine, depuis des années déjà et qui ont acquis de l'expérience. C'est le cas de beaucoup d'entreprises que nous comptons au sein de notre Cluster. C'est le cas de Zergoun, Osgun, Amimer Energie, etc. qui sont des membres à part entière du Cluster Green Energy Algeria et qui, plus ou moins, connaissent un peu le métier. Donc, là nous avons déjà la base et quand vous êtes sur des grands projets comme ça, la partie de l'engineering représente une petite partie que vous pourrez acquérir sous la forme de partenariats ou autres. En fait, le gros du travail ça va être les équipements et la construction. C'est cela qui va faire la différence. Quand on voit des entreprises comme Sarpi ou Cosider, on voit que ce sont des sociétés qui ont déjà de l'expérience dans le domaine de la construction. Et quand vous avez la maîtrise des ouvrages et de projets de grandes tailles, vous la conjuguez avec une petite part du solaire, ce n'est pas vraiment très compliqué. Ces dernières années, le débat s'est installé autour du produit local et de sa promotion, ainsi que le taux d'intégration exigé aux opérateurs. Un mot là-dessus? Oui parfaitement, je pense que c'est l'objet même de cette opération. Nous avons, en tant que Cluster, bataillé pour d'abord, avoir des entreprises éligibles à cela. C'est ce que nous avons pu obtenir, grâce à l'aide des pouvoirs publics. Et puis, dans cette partie-là, nous allons avoir la partie monnaie en dinars, qui va être un élément important pour le produit et le service local.