Confirmée par la justice militaire, l'annonce de l'interpellation de quatre officiers, soupçonnés d'être impliqués dans un «complot contre la sûreté de l'Etat», après des déclarations du gouvernement affirmant avoir déjoué une tentative de putsch, témoigne de la situation complexe que traversent aussi bien le Burkina Faso que ses pays voisins du Sahel, le Mali et le Niger. L'avènement d'une autorité de transition dans chacun de ces pays, par ailleurs tous confrontés à une gangrène terroriste qui ne cesse d'endeuiller des pans entiers de leur société et leurs forces armées sur le front, s'est faite dans la douleur, avec une rupture difficile et souvent dans la tranchée avec l'ancienne puissance coloniale qui aura tout fait pour se maintenir dans la région. Selon le parquet militaire, c'est «sur la base de dénonciation digne de foi, faisant état d'un complot contre la sûreté de l'Etat en cours et mettant en cause des officiers (... qu'il) a immédiatement ouvert une enquête circonstanciée pour élucider les faits dénoncés» précisant que «quatre officiers ont été interpellés et deux autres sont en fuite». D'après des sources sécuritaires, il semble que, parmi les apprentis putschistes, deux étaient des commandants d'unités spéciales. Un appel à témoins a été lancé par le parquet militaire tandis que le gouvernement promet de diligenter une enquête approfondie pour faire «toute la lumière sur ce complot». Mercredi soir, des milliers de Burkinabé avaient investi les rues de Ouagadougou, en soutien au président de la transition, Ibrahim Traoré, suite à des rumeurs de dissension au sein de l'armée. «Je rassure de ma détermination à conduire la transition à bon port en dépit de l'adversité et des différentes manoeuvres pour stopper notre marche inexorable vers une souveraineté assumée», les a-t-il rassurés sur X (ex-Twitter). Le fait que cette tentative de déstabilisation intervienne presque une année, jour pour jour, après l'arrivée au pouvoir du capitaine Traoré, un 30 septembre 2022, montre à quel point le contexte demeure volatil. Cela indique, surtout, que les parties hostiles aux bouleversements qui secouent l'ensemble des pays sahéliens désireux de secouer le harnais de la Cedeao, au motif qu'il reconduit, sous différentes formes, la domination néocoloniale n'ont pas abdiqué et qu'il faut s'attendre encore à des soubresauts de même nature. Les trois pays concernés par la revendication d'une souveraineté claire et affirmée, le Mali, le Burkina et le Niger, sont encore loin d'avoir surmonté toutes les épreuves, et ce n'est pas sans raison qu'ils ont choisi de se doter d'une alliance de «défense collective et d'assistance mutuelle» face aux menaces explicites d'intervention militaire pour revenir au statut antérieur. Ils doivent en parallèle poursuivre une lutte sans merci contre les exactions terroristes qui ont fait, rien qu'au Burkina, plus de 17000 morts depuis 2015, et des millions de déplacés en interne. D'où la nécessité de leur fournir aide et assistance, face à une déferlante terroriste qui menace l'ensemble de la région et que d'aucuns utilisent comme un moyen idéal de chantage et de pression continue.