Par le biais d'un décret rendu public, mercredi dernier, le président de la République a opéré une réorganisation judicieuse des services de la Présidence. Le précédent décret date du 25 janvier 2020. L'objectif assigné à la démarche consiste à apporter une couche supplémentaire dans le contrôle du gouvernement. Il n'est certainement pas question de bureaucratisation du processus de prise de décision. Bien au contraire, la fonction essentielle de l'équipe de 12 conseillers, qui opéreront sous la houlette du directeur de cabinet du président de la République, consiste à éviter l'enlisement ou encore la déviance de certains projets gouvernementaux. Fonctionnant comme un comité de veille de l'action gouvernementale, les acteurs de la nouvelle structure ont la délicate mission d'éclaireurs. Ils devront avoir toujours une longueur d'avance sur les ministres et désamorcer des situations de blocage pour permettre un fonctionnement optimal de tous les services de l'Etat. Tous les départements ministériels sont concernés. Du Commerce où l'on a constaté des dérèglements dans les opérations d'import- export, jusqu'à l'Industrie où l'on enregistre encore des lenteurs inexplicables dans nombre de filières industrielles, en passant par l'Agriculture où les chiffres n'ont plus aucun sens, chaque entrave sera passée au peigne fin. Cela sans oublier les grands projets transversaux à l'image de la numérisation, notamment. Suivi des dossiers Un chantier colossal, si l'on tient compte des imperfections apparues, ces dernières années, qui relèvent presque toutes de la mainmise d'une bureaucratie étouffante. Si les contradictions qui se sont manifestées dans ces secteurs et bien d'autres ont fini par empoisonner la vie des acteurs politiques, économiques et sociaux, c'est parce qu'il a manqué dans l'architecture de l'Etat ce regard «plongeant» qui apporte de la lucidité, de la rationalité et de la prospective. Et pour damner le pion à la bureaucratie, les éclaireurs de la République ont avec eux la puissance de la plus haute institution du pays. Cela pour dire que ce qui s'apparente à un comité de veille est également un instrument anti-bureaucratique qui devra démontrer une grande efficacité. Retenons donc que le décret présidentiel mandate les 12 conseillers techniques de «suivre les activités gouvernementales». Cela en y intégrant les objectifs initiaux qu'il va falloir respecter. Ils sont «habilités à coordonner avec les membres du gouvernement dans le suivi des dossiers». Dans la coordination, leur précieux apport sera d'être l'instrument présidentiel contre la bureaucratie et les déviances dans la gestion des dossiers. Et pour cause, ils interviennent à un niveau suprême, puisqu'au final «ils informent le Président de l'évolution de chaque chantier et proposent des mesures pour améliorer son exécution». L'importance de cette structure est d'autant plus stratégique que ces membres sont aussi mandatés sur des «affaires juridiques, judiciaires et dans des enquêtes d'habilitations». Le propos n'est en aucun cas une ingérence dans les affaires du gouvernement, mais l'équipe autour de Nadir Larbaoui suivra aussi certaines affaires qui peuvent paraître délicates dans les limites du respect des lois de la République. Une «délicatesse» qu'on peut retrouver dans la mission dont ils seront chargés auprès des «partis politiques des organisations de la jeunesse et de la société civile». Entendons-nous bien, leur mission est bien encadrée, à savoir le conseil, une sorte d'aide à la décision présidentielle. Diplomatie, sécurité et défense... Les 12 conseillers suivront le fonctionnement des «finances publiques, des banques et des attributions des marchés publics». Les «énergies, les mines et l'environnement» entrent dans les domaines de leur expertise, de même que «les investissements, l'industrie et le monde de l'entreprise», de la SPA aux start-up. Dans tous ces domaines, l'équipe de Larbaoui déblayera et éclairera le terrain aux départements ministériels à travers des rapports remis au cabinet de la présidence de la République. On retiendra au passage, qu'aucun secteur n'échappera à leur vigilance, à l'image du commerce qui connaît des problèmes d'approvisionnement liés à des incompréhensions, tant dans l'activité de l'import que dans celle de l'export. Bref, aucun domaine d'activité ne sera oublié par la structure chapotée par le directeur de cabinet de la présidence de la République. Et dans le lot, on retiendra la mission qui consiste à prendre langue avec les ONG et s'assurer du respect des droits de l'homme. La palette des attributions confiées aux conseillers ne s'arrête pas là, puisque la diplomatie, la sécurité et la défense feront aussi l'objet d'audit et de rapport qui remonteront jusqu'au bureau du président Tebboune.