Avec 7000.000 d'analphabètes, l'Algérie détient un triste record. En Algérie 26,5% de la population, en âge de lire et écrire, sont analphabètes, ce qui représentent plus de 7 millions d'habitants, presque ¼ de la population globale du pays. A travers le monde, 78 millions de personnes, dont les 2/3 sont des femmes, vivent sans atouts que procure une alphabétisation de base. Ces chiffres, avancés par le rapport de l'Unesco concernant la population mondiale touchée par le phénomène de l'analphabétisme, sont tout simplement effarants. A vingt-quatre heures près, la rentrée scolaire en Algérie de l'année 2006 aurait coïncidé avec la célébration de la Journée mondiale de l'alphabétisation et de l'éducation des adultes dont un terrible constat: 103 millions d'enfants dans le monde sont ou seront privés d'école et de la possibilité d'apprendre à lire, à écrire et à compter. En Algérie, la scolarisation est obligatoire, tout enfant ayant atteint l'âge de six ans révolus, est régulièrement et obligatoirement inscrit à l'école dépendant de la circonscription du lieu où il réside. Ce droit constitutionnel ne peut être contesté ni par les parents ni par les institutions chargées de l'appliquer. Si avant l'indépendance, l'analphabétisme était dû essentiellement à un déficit de scolarisation dans les zones rurales pour des raisons spécifiquement historiques connues et identifiées, prônées par l'administration et la politique coloniale de l'époque qui avaient tout intérêt à maintenir la population algérienne dans l'ignorance, la politique de scolarisation menée depuis 1962, à ce jour, malgré tous les efforts pourtant notoires, n'a pu juguler ce phénomène apparemment en constante croissance. La multiplication de constructions des écoles, pour faire face à une démographie galopante et relever les défis d'une scolarisation de l'ensemble des enfants algériens, semblent avoir été annihilés par le peu d'attrait et les perspectives d'avenir qu'offre l'école algérienne. La non-scolarisation des enfants en âge de l'être ainsi que l'interruption de la scolarité des enfants, deviennent l'apanage des phénomènes socioéconomiques qui ne sont plus propres qu'aux zones rurales mais aussi des grandes villes en proie à une paupérisation en constante progression. La prise en charge financière d'un enfant en voie d'être scolarisé n'est plus à la portée de n'importe quelle bourse. Les adolescents, qui interrompent leur scolarité pourtant obligatoire jusqu'à l'âge de 16 ans, sont légion, peu séduits par une école les conduisant souvent plus à l'échec qu'au succès, doublé des difficultés financières familiales ne répondant plus à des besoins de plus en plus exigeants, ils préfèrent exercer de menus travaux, leur assurant une aisance financière même éphémère. La société civile, les associations et l'Etat à travers l'Office national d'alphabétisation, ont-ils alors échoué dans leur mission ne serait-ce que de mettre un frein à ce phénomène qui ronge peu à peu une frange de la population qui ne manque pourtant pas de vitalité et qui constitue la richesse d'une nation? Faut-il alors ne faire qu'une halte, une pause pourrait-on dire à l'occasion de ce qui n'est qu'une simple commémoration afin de s'attarder sur un mal que seuls des moyens adéquats pourraient enrayer?