Lors du Conseil des ministres qu'il a présidé récemment, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a décidé «d'augmenter le montant de la bourse universitaire et d'élaborer le Statut particulier de l'Imam qui comprendra une révision des salaires de cette catégorie». Dans un autre sillage, le président de la République a «ordonné l'organisation de l'importation avec, pour objectif, d'encourager et de protéger le produit national et non de créer la pénurie au détriment du citoyen. Il n'y aura point d'austérité concernant les vivres destinés aux Algériens», rappelle-t-on. Toujours dans le même registre, le chef de l'Etat a ordonné lors de la réunion du Conseil des ministres de «prendre une batterie de mesures en faveur des agriculteurs touchés par la sécheresse, et ce à travers le report du paiement de la taxe sur les terrains octroyés au titre d'une concession, la suspension du remboursement des crédits agricoles «Rfig» pour une durée de trois ans, le paiement du taux d'intérêt sera à la charge de l'Etat et l'indemnisation des producteurs de céréales et leur dotation en semences et engrais à titre gracieux», mentionne-t-on. La démarche du président de la République s'inscrit dans le prolongement de ses prédécesseurs qui ont, eux aussi, entériné la doctrine de la justice sociale comme acte fondateur de l'Etat national et son caractère social. L'engagement de l'Etat pour le volet social traduit la volonté des responsables politiques de refléter l'engagement et le serment qui ont été pris lors de la Déclaration du 1er Novembre 1954 quant à la consécration des valeurs de la justice sociale dans un Etat où le citoyen s'identifie à son histoire faite de solidarité et d'entraide et de sacrifice suprême lors du mouvement de libération. Le caractère social de l'Etat algérien s'inspire de la lutte héroïque de son peuple dans sa majorité pour vivre libre et souverain. La proclamation du 1er Novembre 1954 est plus qu'édifiante en la matière, elle renseigne avec brio sur le fondement de l'Etat algérien naissant en 1962, à savoir un fondement social par excellence. Voici ce que rappelait le programme de Tripoli, juste après l'indépendance du pays à propos du caractère social de l'Etat algérien «Depuis le 1er Novembre 1954, une nouvelle dimension est apparue dans la vie de la société algérienne jusqu'ici statique; le mouvement déterminé par l'engagement collectif du peuple dans la lutte nationale. Ce mouvement, par sa profondeur et sa continuité a remis en question toutes les valeurs de l'ancienne société et posé les problèmes de la société nouvelle. Quelles ont été et quelles sont les composantes sociales de ce mouvement? D'abord le peuple pris dans son ensemble et notamment ses couches les plus opprimées.» Il est clair que la révolution de Novembre est le produit des paysans pauvres et les ouvriers agricoles, pour ainsi dire, les couches les plus déshéritées et opprimées de ce peuple. C'est pourquoi après avoir arraché l'indépendance et qu'il s'est débarrassé du colonialisme, le peuple s'est vu ériger un Etat où ses droits seront rétablis et le caractère social sera consacré comme credo et une doctrine incontournables. La révolution de Novembre s'est voulue comme un objectif libérateur pour l'édification d'un Etat plein et non pas un «moins d'Etat» qui favorise le désengagement des institutions de la République de leur rôle en laissant la voie libre aux chantres de l'orthodoxie néolibérale et ses succédanés. L'implication de l'Etat est plus que jamais exigée dans la sphère sociale afin de parer à toute vulnérabilité et précarité responsables de la pauvreté, des maladies et de la famine à grande échelle. L'enjeu de la croissance économique ne veut pas dire qu'il faut sacrifier la justice sociale sur l'autel des calculs sordides et étroits des promoteurs de l'individualisme farouche et de la conception néolibérale débridée.