Le président de la République a reçu, hier, Amar Takdjout, secrétaire général de l'Union générale des travailleurs algériens (Ugta). L'audience s'est déroulée en présence du directeur de cabinet à la présidence de la République, Mohamed Ennadir Larbaoui. Intervenant au lendemain d'un Conseil des ministres qui a entériné d'importantes décisions en faveur des étudiants, des imams, des agriculteurs et des catégories sociales les plus faibles, cette rencontre conforte l'engagement du président Tebboune de consolider, au mieux, le caractère social de l'Etat. Il est entendu que plus que le volontarisme du chef de l'Etat, lorsqu'il est question de la dignité et du pouvoir d'achat de larges couches de la société, le souci de la concertation demeure visiblement une préoccupation permanente du président de la République. Même si l'intention est claire quant à la volonté de hisser le niveau de vie des Algériens, l'écoute de ces difficultés reste un acte politique majeur dans une République qui aspire au dialogue permanent entre l'Etat et les représentants de cette société. Amar Takdjout qui est certainement porteur de revendications des travailleurs est partie prenante de l'équation nationale, au même titre que les chefs de partis et autres responsables d'institutions constitutionnelles, missionnés pour scanner la société et proposer des axes de travail. Chaque acteur a certes son domaine d'intervention, mais l'objectif global est le même, en ce sens que le principal bénéficiaire demeure toujours le citoyen. Il est vrai que ce dernier est en recherche permanente d'un mieux-être, ce qui est tout à fait normal. Et si les Algériens n'évoquent quasiment plus la question du logement, c'est que celle-ci est réglée. Les nombreuses promesses tenues dans ce domaine par le président de la République a renvoyé le logement dans la case des «évidences». Mais ce n'est pas si évident que cela. L'Algérie est l'un des rares pays au monde, si ce n'est le seul, qui offre des logements aux familles. Au point que le taux d'occupation d'une habitation a fortement baissé ces dernières années en sus de l'âge moyen d'accès au logement, estimé à la trentaine. Mais cette éclatante victoire, soixante années après l'indépendance du pays n'est pas une fin en soi. Le chef de l'Etat, qui s'est armé d'un programme en 54 points, le sait parfaitement. La question du salariat en Algérie reste l'une des priorités de l'Exécutif. En cela, l'institution de l'allocation chômage «pour sauvegarder la dignité des jeunes Algériens», comme l'a souligné le chef de l'Etat, n'est pas un objectif. C'est le plein emploi qui est visé à travers une démarche de diversification de l'économie nationale. Et même dans ce plein emploi, le président Tebboune a conscience du niveau des salaires qui demeure insuffisant. Son but est de parvenir à une hausse généralisée de l'ordre de 74%. Il a annoncé atteindre cet objectif à la fin de l'année 2024. Le propos est justement d'améliorer le pouvoir d'achat des travailleurs, tout en lui évitant un phénomène d'inflation galopante. Celle-ci a rattrapé les efforts de l'Exécutif, conséquence d'un grave dérèglement économique à l'international. Amar Takdjout est en droit de poser la problématique du rapport entre les salaires et les dépenses. Les prix sont, en effet, devenus fous et poser le problème à la plus haute autorité du pays se conçoit amplement. D'où l'intérêt de l'échange pour se faire comprendre et entendre l'un, l'autre. Le représentant du front social qu'est le secrétaire général de l'Ugta est dans son rôle. Et le président de la République est aussi dans le sien, en agissant sur les facteurs de la crise pour en limiter les effets. Les décisions du dernier Conseil des ministres attestent de cette volonté d'action, avec l'objectif assumé, qui est celui d'agir sur les prix et donner plus de pouvoir d'achat aux Algériens. Il reste que l'Algérie fait partie d'un monde complexe et subit, comme le reste des Etats les contrecoups des crises mondiales. L'Exécutif a mis en place un dispositif anti-inflation. Celui-ci a fonctionné sur d'innombrables produits de consommation. L'Algérie a fait beaucoup mieux que pas mal de pays émergents, mais sans pour autant crier victoire. Le dialogue sert donc à dire ce qui a été fait, entendre les propositions des partenaires et agir pour améliorer le quotidien des Algériens. C'est visiblement le credo du président de la République.