Artiste américaine de bande dessinée, plus connue pour son travail comme dessinatrice pour «Iron Man» de Marvel, «Héros» de NBC et «Batgirl» de DC, Alitha Martinez travaille chez Marvel Comics depuis les années 1990, lorsqu'eelle obtient son premier grand poste comme assisttante de Joe Quesada. Elle a co-créé le méchant Knightfall dans «Batgirl» (aout 2012); Elle a contribué aux illustrations, y compris la couverture, pour l'édition spéciale comméorative de Riverdale par Archie Comics. En outre Alitha a contribué à la bande dessinée du «Monde de Wakanda», un spin-off de «Black Panther» de MarvelComics, écrit par Roxane Gay et Ta-Nehisi Coates, qui lui a permis en 2018 d'être la première dessinatrice lauréate du prix Eisner de la meilleure mini-série, instaurée en 1998. Elle est également la dessinatrice de Jook Joint, scénarisée par Tee Franklin. Elle a travaillé dans plein de licences américaines à succès: Black Panther, Spiderman, Avengers, Miles Morales Spiderman, Xmen, Iron man, Nubia et bien d'autres...Invitée à la quinzième édition du Festival International de la bande dessinée, elle a bien voulu répondre à nos questions... L'Expression: Avant de venir au Fibda, quel regard portez-vous sur la bande dessinée algérienne? Alitha Martinez: Je voudrai d'abord remercier le département d'Etat américain et les organisateurs du Fibda de m'avoir donné l'opportunité de venir une troisième fois ici en Algérie pour assister à ce merveilleux événement. Avant de venir en Algérie, je n'avais aucune idée sur la bande dessinée ici. Quand je suis venu, j'avais juste terminé d'écrire «Black Panther».Je ne connaissais rien de la situation de la bande dessinée en Algérie. C'est aussi le cas du public américain qui ne savait pas qu'il y avait une industrie de la bande dessinée en Algérie Le film «Black Panther» a été projeté en Algérie et il a eu aussi beaucoup de succès ici... Je vais vous dire quelque chose par rapport à ce film, c'est presque un secret que je vous révèle maintenant. Quand je l'ai vu la première fois, c'était avec les gens de Marvel, les rédacteurs et les éditeurs. Ils n'avaient émis aucun commentaire par rapport au film. Ils ont juste dit que c'était un beau film et c'est tout. Une semaine plus tard, je l'ai vu au cinéma avec mon frère. Je me suis retourné vers lui et il était en train de pleurer comme un bébé. Je lui ai demandé ce qui se passe. il ne m'a pas répondu et je me suis retourné encore une fois et j'ai vu, là encore, un homme âgé, en train de pleurer, aussi, comme le jour où on avait pleuré à l'époque lors de la sortie du film «Le Titanic». Les responsables de Marvel ne se rendaient pas compte, mais ils avaient obtenu un succès incalculable A t-il eu une forme de concertation entre vous dessinatrice de «Black Panther» et le réalisateur ou scénariste du film? Une fois qu'ils finalisent la rédaction du texte, ils nous le remettent, nous avons le script et c'est à ce moment-là que notre travail commence, en se posant des questions sur les brèches à combler. C'est comme un puzzle dont les parties sont éparpillés et qu'il faut rassembler. À propos du scénario, je ne peux pas apporter des modifications. J'attends toujours à ce que le scénario soit complètement fini. C'est la version presque parfaite. On ne peut plus faire de retouches. C'est à ce moment là que commence mon travail et que l'art que j'ai en moi remonte à la surface et je commence à dessiner les personnages, tels qu'ils sont décrits dans le scénario. Justement, qu'en est -il après le décès de l'acteur principal Chadwick Bosman? Il y a eu beaucoup de modifications. Il a fallu apporter des modifications de taille, spécialement en raison du deuil qu'il fallait faire sur le personnage, exactement comme le héros de Superman lorsqu'il est décédé en la personne de Christopher Reeves... Il fallait aborder tout les changements pour continuer sur la même lancée et rester dans le même univers. Ça a créée une peur en moi, par rapport à l'avenir, la façon avec laquelle ils ont fait toutes ces modifications. C'est une longue histoire. C'est un homme qui essaye de kidnapper la femme d'un autre homme. C'est un peu controversé parce que cet homme a des idées des anticolonialistes européens. Ce personnage désire une femme de couleur qui joue le rôle de la reine. Je pense que le réalisateur nele réalise pas cela encore. Ça a donné de l'importance à une femme de couleur par rapport à ce qui se fait dans ce film lorsque le protagoniste tombe amoureux d'une femme de couleur. En fait, dans le passé, les femmes de couleur, ne campaient pas de rôle de protagonistes principaux, dans les films. Vous pouvez le vérifier par vous -mêmes. Si vous regardez les anciens films, il n y a jamais eu ça. Je pense que cette fois-ci c'est notre chance qu'une femme de couleur puisse s'attirer l'attention du protagoniste, autrement de l'acteur principal du film. Qu'en est-il des femmes noires dans la bande dessinée américaine? Les livres où il y a des personnages de couleur ne se vendent pas. On essaye de trouver la bonne formule pour que ces bd arrivent chez le public et attirent son attention mais ça reste un problème sociétal. C'est toute la société qui rejette cela. L'histoire est écrite de la sorte. Il faudrait se rendre à l'évidence et admettre qu'il y ait des personnages de couleur dans les bandes dessinées. Avant la sortie du film «Moana», j'avais tenu une réunion avec les décideurs. Ils m'ont dit s'il y a plus de deux personnages noirs dans un film ou dans un magazine ou bande dessinée, ces derniers ne se vendront jamais. À la sortie du film «Moana», ce dernier, leur a prouvé le contraire. C'était un film très intéressant et extraordinaire. Ils ont réussi à la vendre. Même Walt Disney leur a emboîté le pas. «Black Panther» a suivi et a fait du tabac aussi. Un mot sur votre présence ici au Fibda... Cela est la troisième fois que je participe au Fibda comme je l'ai dit précédemment. Je ne suis plus une novice ingénue. Je suis en train de partager la façon avec laquelle les Américains font de la bande dessinée. Moi- même je suis professeur. J'enseigne à l'Institut des arts visuels et je constate que la façon avec laquelle nous faisons de la bande dessinée est complètement différente de la façon dont les Européens font la bande dessinée, dans le format, la taille ainsi de suite. Je trouve qu'ici en Algérie, vous êtes à l'âge d'or comme ce fut le cas dans les années 1920, aux Eats-Unis, là où la bande dessinée n'était pas chère, c'était très facile à éditer ou imprimer, tout en étant accessible au public. Je trouve qu'il y a beaucoup de talent, ici, en Algérie et un grand intérêt qui est accordé à la bande dessinée. Vous avez plein d'histoires à raconter, plein de choses à dire. Je pense que vous pouvez tirer profit et bénéficier de notre système qui est utilisé aux Etats-Unis pour faire avancer l'industrie de la bande dessinée en Algérie. Au bout de trois ans, avez-vous justement entamé des relations de collaborations dans ce sens avec l'Algérie? Non. Pour le moment, nous avons été retardés par la pandémie de la Covid-19. Ça a été un obstacle pour nous. Mais je suis contente d'avoir été rappelée. Salim Brahimi, le commissaire du Fibda m'a recontacté pour me demander de revenir. J'ai le plaisir d'être ici maintenant et j'espère que ce sera le début d'une collaboration entre les deux pays pour créer, pourquoi pa sdes programmes de formation pour essayer de former les professionnels de la bande dessinée, en Algérie.