L'opération de dragage de certains ports d'Algérie, entamée par le secteur des travaux publics, récemment, a donné lieu à une polémique bien particulière au sein des milieux professionnels, notamment les ingénieurs et les techniciens de l'environnement. Il s'agit de l'extraction du sable (désenvasement) des bassins portuaires et de son rejet dans la mer, conformément aux cahiers des charges établis par les directions des travaux publics, (DTP) des différentes wilayas du littoral. Or, les experts en la matière s'interrogent sur l'utilité et l'opportunité d'une telle opération, alors que des alternatives plus rentables et plus bénéfiques peuvent être envisagées. Cela est d'autant plus plausible, que des actions différentes ont été entamées par des wilayas, où les opérations de dragage des ports ont donné lieu à des actions plus rentables et plus judicieuses. En effet, l'on continue de s'interroger sur l'opportunité de jeter dans la mer, le sable issu des opérations de dragage, alors qu'il pourrait servir dans d'autres applications et programmes. Cela au moment où le mètre cube de sable est cédé au marché à plus de 4.000 da, alors que le coût de reviens de cette opération de dragage est beaucoup moins important, affirment les spécialistes. « Ce sont des quantités importantes dépassant le demi-million de mètres cubes de sable extrait de certains bassins portuaires, qu'on pourrait aisément injecter dans des projets du Btph. Ce qui permettra de réduire les coûts des programmes réalisés dans le secteur », nous confie-t-on, avant d'affirmer que « dans le cas même où le sable s'avère être inutilisable pour le Btph, il pourrait, cependant, servir à engraisser les plages et réhabiliter les lits d'oueds dévastés, ou encore à reconstituer le cordon dunaire perpétuellement agressé ». On cite, à propos, les plages du littoral oranais, dont l'état des lieux est, on ne peut plus dégradé. Les mouvements du littoral ayant produit un rétrécissement des plages et un recul significatif des quantités de sable. Dans ce cadre, autant le ministère des Travaux publics que celui de l'Environnement, devraient revoir leurs copies pour élaborer un cahier des charges, plus exhaustif et plus regardant sur les questions d'intérêt général. Dans le cas où il s'agira de vase ou de sable pollué, la technique citée dans le cahier des charges reste cohérente…ce qui reste à prouver. Car selon les termes du cahier des charges, il n'est pas fait état de produits pollués du dragage, mais seulement de sable à rejeter en haute mer. Dans le cas échéant, la démarche du ministre de l'environnement paraît contraire aux notions du développement durable visées par le gouvernement. Les opérations de dragage lancées dans certains ports de pêche de l'Ouest du pays, notamment à Oran, Aïn Témouchent et Mostaganem, sont d'autant plus déséquilibrées, qu'elles ne prennent pas en ligne de compte l'urgence des opérations d'engraissement des plages du littoral, dont l'état des lieux n'est plus à présenter. Afin d'étayer cet argumentaire, il faudra citer les volumes des sables devant être extraits des bassins de certains ports de pêche. À Béni Saf , dans la wilaya de Aïn Témouchent, le volume du sable à rejeter dans la mer est de 300.000 m3, à cap Lindès à Oran, le volume à extraire est de 180.000 m3 et dans le port de Salamandre dans la wilaya de Mostaganem, le volume total du sable à extraire est de 60.000m3.