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Peut mieux faire!
15eme édition du Fibda
Publié dans L'Expression le 09 - 10 - 2023

En effet, si l'esplanade de Riad El Feth affichait triste mine le jour de son ouverture, soit le 04 octobre dernier, y compris le lendemain, ces deux derniers jours, soit les week ends du vendredi et samedi, le Fibda a enregistré un nombre bien appréciable de fréquentations du public. Celui qui aura attiré plus de monde, voire un nombre record, aura été sans grande surprise, l'écrivain Yasmina Khadra, venu animer, sur initiative de j'Institut français d' Algérie, une rencontre baptisée: «Yasmina Khadra: du roman à la BD», tenu en présence de Marion Duclos (illustratrice) et Eric Dérian, (auteur de BD et éditeur), à l'occasion de l'adaptation en bande dessinée de son roman «Ce que le jour doit à la nuit». À ce propos, l'écrivain qui a signé ses oeuvres auparavant, dira que dans un roman on a toute la liberté pour écrire et s'étaler alors que dans une bd «on va direct à l'essentiel», comparant cela à une sorte de «dictature» des mots qui t'oblige à la concision et au raccourci. Notons que ce n'est pas la première fois que Yasmina Khadra est adapté en bd, voire même en film d'animation. On citera «Les hirondelles de Kaboul» présenté même au festival de Cannes Dans la section Un certain regard, en 2019. Si Yasmina Khadra a aussi réussi à attirer les foules, un autre auteur/éditeur qui n'est plus à présenter, par contre n'a pas eu cette chance-là. Il s'agit de Lazhari Labter. «Pour la première fois, on va finir avec les mythes! Maintenant ces bédéistes ont un visage, un nom, un lieu et une de naissance», s'est exclamé le journaliste et scénariste Boukhalfa Amazit qui a présenté cette semaine le «Dictionnaire encyclopédique de la bande dessinée et du dessin de presse 1962-2022» de Lazahi Labter et dont il a signé aussi la préface.
Dictionnaire de la BD algérienne
Lors de la conférence tenue au Fibda en plein air, jeudi, le modérateur dira «Celui qui voudra chercher, va trouver des éléments très sérieux. C'est vrai que ça a mis du temps. Il fallait un passionné comme Lazhari Labter pour faire ça. Bien avant, du temps de Révolution africaine il s'intéressait à la bande dessinée. (...) cet ouvrage parle de toute la bande dessinée, abordant toute son actualité et son histoire à travers le monde.» Répondant à la question de comment a-t-il fait l'auteur pour recueillir toutes ces informations, Lazhari Labter dira qu'il «a cette chance d'être un archiviste. Un collectionneur. Je suis un fou du papier. Je garde tout. J'ai des coupures de journaux d'Algérie actualité qui datent de 1966. J'ai des numéros d'ElM oudjahid des années 1960. Evidemment, j'ai aussi des revues, des livres qui parlent de bd. Et tout ce qui a été publié dans le domaine de la bd en Algérie, je l'ai. J'ai déjà une somme d'informations importantes disponibles. Ça ne suffit pas. Les temps ont changé.il fallait vérifier et recouper surtout les informations. Là, où ça été le plus dur, c'est quand tu écris aux gens via internet notamment, tous ne sont pas réactifs. Parfois ils ne répondent pas. Parfois il faut les relancer et attendre. J'avoue que ce n'a pas été facile. Mais ne fallait-il pas faire ces efforts pour avoir des résultats? Et c'est ça, le plus important, je pense». À propos du mot encyclopédie, Lazhar Labter soulignera avoir ajouté le mot encyclopédie car son ouvrage «embrasse la totalité de la bande dessinée, du neuvième art. Ce n'est pas seulement un dictionnaire qui répertorie la bande dessinée de A à Z, de la totalité des dessinateurs algériens, ou de la totalité des magazines algériens, par année de parution mais nous avons une présentation de la bande dessinée dans le monde, dans les détails et à la fin, on retrouve le lexique. C'est cet ensemble là qui fait qu'on n'a plus à faire à une sorte d'encyclopédie qu'un dictionnaire.» Et de faire remarquer: «Pendant la décennie noire, on a pensé que bande dessinée, était morte. Tout a disparu. Apres 1988, c'est la caricature qui a pris le dessus et en 2008 avec le lancement de ce festival qui en est à sa quinzième édition, dédié aux jeunes et met aussi à l'honneur M'quideche, une nouvelle génération a surgi. D'où elle est venue? Elle était ou? On découvre une nouvelle génération de bédéistes influencée notamment par le manga japonais etc. Ces jeunes n'attendaient que ce moment opportun pour éclore, comme ces plantes dans le désert. Elle est là cette génération et elle est absolument incroyable. Elle est la digne héritière de l'ancienne génération.» En Outre, cet enthousiasme, Lazhari Labter laissera glisser tout de même un bémol en regrettant qu'en 15 ans qu'il n y ait que deux revues de bd qui sont éditées, à savoir Z-Linc en français et Ghomïidha en arabe.
Aussi, cette année, exit le pays invité d'honneur. On a enregistré peu d'invités étrangers à cette édition, comparée aux éditions précédentes. Quelques bédéistes étaient toutefois présents, dont trois des USA. Un stand qui a bien su tirer d'ailleurs son épingle du jeu en étant toujours bien fréquenté. D'autres pays étaient présents, tels l'Italie, la France, le japon, le Congo ou encore le Canada. Frédéric Antoine bédéiste et scénariste canadien destiné pour la jeunesse est venu entre autres animer une conférence sur la situation de la bd au Canada. «Cela fait à peine 15 ans que le Canada touche au roman graphique.
Peu d'invités étrangers
La bd fonctionne bien. Il ya des auteurs fabuleux abordant des thématiques différentes et sérieuses. Le premier manga vient d'être édité au Québec.» S'agissant de la bd algérienne, notre interlocuteur nous avouera ne pas connaître la bande dessinée algérienne. «Les auteurs de roman, oui comme Yasmina khadra par exemple, mais au niveau de la bd, non.» Et de renchérir: «la bande dessinée c'est vraiment l'Europe, les américains, le japon, après, il faut qu'on aille dans les pays, car ils ne sont pas assez diversifiés et aussi publié au niveau mondial. C'est comme une bande dessinée anglaise, même chose en Allemagne et en Afrique, voire où on a développé récemment, je ne sais pas dans quel pays, le manga.». Vide les premiers jours, le festival a permis toutefois de faire sortir tout plein de familles en y amenant leur enfants à prendre part aux ateliers de dessin, notamment et cela surtout les vendredi et samedi. Les jeunes par contre se sont bien défoulés dans l'autre versant du «village» puisqu' on pouvait les clairement les trouver surtout du côté des stands commerciaux où l'on vendait tout type de produit lié à la bande dessinée, comme des sweets, des tee-shirts, des figurines des célèbres héros de Marvel, du K-pop etc tout en écoutant de la musique et en jouant à la playstation...
Un budget maigre malgré les promesses
l'autre versant du «village», on nommera celui des éditeurs aura été plus au moins le parents pauvre du Fibda, ci ce n'est la venue, un peu tard, de quelques auteurs afin de signer leur livres et bd, tels Amine Zaoui, Meryem Guemache, Mahrez Si Sabeur, B. Abbas, Kebir, sans oublier Ahmed Haroun qui est venu présenter son nouveau «M'quidech et les soeurs Loundja». Cependant, le sentiment que le Fibda a régressé a été relevé par beaucoup de monde. Sans doute que le 30% du budget initial alloué à ce festival en est pour beaucoup dans cette restriction qui s'en ressent au niveau de la faiblesse de la programmation. Ajouté à cela les 05 millions de dinars qui ont aussi grevé le budget pour s'acquitter des dettes de l'ancien commissariat. Notons toutefois que de nombreux ateliers de formation, destinés à un public averti se sont tenus également au niveau de l'école des beaux- arts et ont attiré un bon nombre d'étudiants. Les cosplayeurs ont joué le jeu comme chaque année en mettant de l'ambiance sur l'esplanade de Riad El Feth.
La clôture a eu lieu ainsi, hier et aura été marquée par la tenue d'un concert animé par le groupe Ghiles Amzal. En somme le Fibda 2023 aura été une édition tiède même si sympathique.. Mais «peut nettement mieux faire», notamment au niveau de la scénographie et en remédiant aussi aux lacunes au niveau du son qui venait à manquer parfois lors des conférences...


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