Il affirme qu'une telle initiative ne contredit pas l'esprit de la charte. «Les efforts doivent être poursuivis pour la mise en oeuvre de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, par tous les moyens même si cela doit nous amener à décréter l'amnistie générale», c'est ce qu'a déclaré hier, le président du Mouvement de la société pour la paix, M.Boudjerra Soltani, en marge de la rencontre pour la solidarité avec le peuple libanais. Ce dernier vient réitérer les propos qu'il a tenus, sur le plateau d'une chaîne de télévision étrangère, la semaine précédente. Pour le MSP, la fin justifie les moyens. Et l'intérêt du peuple et de la nation passe avant tout. «Nous sommes arrivés à un point de non-retour dans le chemin de la paix que le président de la République, approuvé par le peuple, a initiée en septembre 2005», souligne-t-il. Ce chemin pourrait s'achever avec l'amnistie générale, de l'avis de ce parti islamiste. Celle-ci pourrait être même, laisse entendre Soltani, «la thèse la plus plausible». Le recours à cette disposition ne constitue-t-il pas une atteinte à l'esprit même de la charte? Soltani persiste: «L'intérêt du peuple passe avant toutes les considérations politiciennes». Le président de la République avait pourtant, insisté dans sa campagne pour la charte sur le fait que celle-ci «n'est pas et ne sera pas synonyme d'une amnistie générale». Comment expliquer la sortie du MSP dans ce cas précis? Il ne faut pas perdre de vue que Soltani figure parmi les personnalités politiques qui n'ont pas caché leurs contacts avec la direction de l'ex-FIS à l'étranger. Aux frais de son parti, ce dernier s'est déplacé dans plusieurs capitales étrangères pour rencontrer les «exilés du FIS», afin de les convaincre de retourner au pays. Des contacts qui ont échoué. Pour preuve, aucun dirigeant de l'ex-Fis n'a regagné le pays depuis la promulgation des textes d'application de la charte. Pis encore, après avoir soutenu publiquement le projet du président de la République, ces dirigeants sont montés au créneau ces dernières semaines pour critiquer cette démarche. Pour les observateurs avertis, en défendant l'amnistie générale, Soltani «ne fait qu'exposer» les propositions des dirigeants de l'ex-FIS à l'étranger. Par ailleurs, force est de constater que cette dernière sortie de Soltani risque de porter un coup dur à l'Alliance et l'affaiblir davantage. Si le FLN se montre très peu prolixe sur ce dossier, le RND, lui, crie haut et fort, son opposition à cette mesure. La divergence entre les trois partis a eu son influence sur la rencontre tenue entre les trois partis, hier au siège du MSP. D'ailleurs, le communiqué final de l'Alliance a pratiquement «négligé» ce point qui constitue pourtant, l'événement principal de cette rentrée sociale. Dans le même chapitre, le président a révélé une autre lecture de la charte, en estimant que «ces délais expirent en avril 2009 et non pas le 31 août 2006». Et pour cause, Soltani affirme que «le peuple a voté pour la charte, et ce document ne fixe pas les délais. Ce sont les textes d'application qui ont fixé une échéance». L'orateur ajoute que «le président est élu pour un mandat qui n'expire qu'en 2009. De ce fait, son projet demeure applicable pour les trois années à venir». Ces propos sont en contradiction avec les déclarations faites par le premier responsable du MSP, lors de l'université d'été du parti, où il a affirmé que «les délais de la charte doivent être respectés». Les propositions du MSP seront formulées dans le rapport final de la Commission nationale pour le suivi de la mise en oeuvre de la charte. La Commission, qui s'est réunie mercredi passé, a fait un «exposé verbal» au président de la République. «Nous attendons les rapports des commissions de wilaya avant de faire un point global sur le bilan de ces derniers six mois.» Mais d'ores et déjà, Soltani parle de «résultat positif», même si «plusieurs lacunes» sont enregistrées au niveau de l'application qui n'a «pas atteint les aspirations du peuple». Le communiqué d'Al Qaïda qui inclut le Gspc dans la liste des adhérents de ce groupe terroriste, international, «n'influe en rien sur le processus de la réconciliation en Algérie ni sur la crédibilité de ce projet sur le plan international», estime Soltani. Sur un autre plan, le MSP maintient sa proposition quant à la levée de l'état d'urgence et soutient que «les arguments de l'administration ne sont pas valables». Enfin, Soltani affirme que les prochaines échéances électorales vont «changer la carte politique nationale, si la transparence est garantie». Le MSP sera, de son point de vue, «parmi les premières forces politiques du pays». Il demeurera, de surcroît, «un allié sûr du pouvoir».