C'est aujourd'hui que seront présentés devant le juge les huit détenus de la wilaya de Béjaïa. A cette occasion, la coordination intercommunale avait adopté, lors de son dernier conclave, l'organisation d'un sit-in devant le palais de justice pour exiger «la levée de la totalité des chefs d'accusation». De son côté, le comité de la société civile d'El-Kseur appelle les citoyens de sa daïra à observer une grève générale appuyée par un rassemblement non-stop devant l'esplanade de la mairie. Pour rappel, plusieurs actions ont été initiées par les représentants du mouvement citoyen depuis l'arrestation des détenus, survenue au lendemain du début du dialogue entre les délégués «contestés» et le Chef du gouvernement. Des marches, sit-in et rassemblements ont été organisés dans les chefs-lieux de wilaya et à Alger pour «exiger la libération immédiate et inconditionnelle des détenus». Lesquelles actions n'ont pas abouti devant la détermination des autorités à juger les détenus. Ce procès, qui s'ouvre donc demain, intervient dans une conjoncture marquée par une effervescence inhabituelle. D'un côté, les invités de Benflis, qui multiplient les contacts de concertation avant la rencontre de vendredi prochain au TRB pour adopter une position finale par rapport à l'invitation. De l'autre, l'entrée en action de partisans de la poursuite du combat avec la même démarche jusqu'à satisfaction des revendications contenues dans la plate-forme d'El-Kseur. Hier, ils ont tenu un meeting à Akbou. Devant une assistance nombreuse, les représentants de la CICB ont fustigé cette nouvelle initiative qu'ils qualifient de «manoeuvre sournoise». Ce meeting, qui entre aussi dans le cadre de la préparation du sit-in prévu par l'interwilayas, jeudi prochain à Alger, a été l'occasion pour les délégués de la CICB de lancer des «menaces» contre les faux délégués. Les événements, qui ont secoué la ville de Tizi Ouzou, dimanche, sont également sur toutes les lèvres. La population de Béjaïa redoute le même scénario aujourd'hui, à l'occasion de ce procès d'autant plus que de folles rumeurs sont colportées çà et là sur le retour des émeutes. Entre le procès des détenus et la bataille que se livrent les différents acteurs du mouvement pour imposer leur vision de sortie de crise, la population de Béjaïa retient son souffle. En attendant, la rue est en proie à une véritable fièvre. L'inquiétude est d'autant plus grande lorsque l'on sait que le moindre prétexte peut enflammer la situation.