Au-delà de ces frictions qui ne datent pas d'aujourd'hui, il y a lieu de s'interroger sur le maintien des actions de rue. La Coordination intercommunale de Béjaïa, compte réinvestir la rue dès aujourd'hui en initiant, conformément à la décision entérinée lors du dernier conclave tenu à Akbou, plusieurs actions synchronisées à travers les localités qui lui sont encore affiliées. Ayant laissé le soin aux coordinations locales de décider de la nature des actions à entreprendre, des divergences voient déjà le jour rendant caduc le caractère synchronisé des manifestations. Alors que certaines coordinations se sont déjà démarquées, à l'image de celle d'El-Kseur, d'autres ont fait fi de la date et de l'heure décidées par la plénière de la Cicb. C'est ainsi que la coordination d'Akfadou a décidé de tenir un sit-in devant l'APC à 10h au lieu de 14h. Celles (les coordinations) de l'ex-daïra de Sidi-Aïch sont allées encore plus loin en décalant leur action (marche populaire) de plusieurs jours. Au-delà de ces frictions qui ne datent pas d'aujourd'hui, il y a lieu de s'interroger sur le maintien des actions de rue tout en sachant qu'elles ne sont plus porteuses et qu'elles sont souvent à l'origine de dérapages entachant, à plus d'un titre, l'image d'un mouvement citoyen. Pour l'homme de la rue, ainsi que les familles de victimes et des détenus, l'espoir d'aboutir à une solution, s'éloigne chaque jour, laissant place à un désarroi total que les détenus et leurs familles expriment assez fortement. Un désarroi né justement d'une stratégie de lutte et de pression que les délégués de la Cicb maintiennent bien qu'elle ait montré ses limites depuis plusieurs mois. Intervenant à la veille d'une autre manifestation dite «d'envergure» prévue en principe pour le 19 mars au chef-lieu de la wilaya, les quelques manifestations, qui se dérouleront aujourd'hui et dans les prochains jours, sonnent comme un véritable test visant à connaître principalement le degré de mobilisation des ârchs et la réaction des autorités. Deux principaux objectifs sont assignés à ce «retour à la charge». On notera la dénonciation des «indus élus» et l'exigence de «la libération des détenus». Sachant l'état dans lequel se trouvent les différentes structures, le simple citoyen donne l'impression d'être inquiet eu égard à l'absence de maîtrise de la foule dont font preuve à chaque fois les délégués. Au sein de l'opinion, le risque de voir la quiétude retrouvée disparaître de nouveau n'est pas à écarter.