A peine sortie des tracas de la rentrée sociale, avec tout ce qu'elle implique comme dépenses, la bourse du citoyen sera, de nouveau, mise à rude épreuve avec l'arrivée du mois sacré. Le changement du mode de vie et de consommation traditionnellement constaté durant le mois de Ramadhan impose de nouvelles dépenses et reste la préoccupation de l'heure, pour l'ensemble des Algériens. A Béjaïa, cette préoccupation est reléguée, cette année, au second plan en raison de la dégradation de la situation que prévaut dans cette région. En effet, depuis les deux attentats terroristes ayant coûté la vie à six policiers et deux civils, le quotidien des habitants de Béjaïa, citadins ou ruraux, est rythmé par la rumeur portant, dans la majorité des cas, sur la situation sécuritaire. Des rumeurs qui ne font qu'aggraver le climat de psychose qui y règne. Les fausses alertes à la bombe, les informations impossibles à confirmer mais qui sont colportées çà et là, sont autant d'éléments qui témoignent de cette dégradation de la situation actuelle, et lorsque l'information officielle fait défaut, le tableau se noircit davantage. Le doute est présentement de mise. Le mois de Ramadhan, période par excellence de grands mouvements et d'une activité tous azimuts, est craint dans ce qui peut être comme occasion propice aux actes terroristes. La peur est présente chez le commun des mortels, à commencer par ceux qui sont chargés de l'animation des nuits ramadhanesques. Jadis, en pareille période, les programmes nocturnes sont déjà connus. Or, cette année, rien n'est divulgué en ce sens. A-t-on cédé à la peur? Même, si de leur côté, les services de sécurité font un travail très encourageant si on se fie à ce qui est rapporté en matière de prévention, il reste qu'en l'absence de confirmation officielle, la situation est rassurante. Le terroriste, arrêté récemment dans le marché d'El Khemis, semble avoir été d'un apport considérable. Outre la découverte des deux casemates à Tala Hamza donnant lieu à d'autres révélations, les services de sécurité auraient, selon certaines sources, réussi d'autres prouesses à l'image des explosifs qui auraient été récupérés dans un local de la ville. On parle également d'arrestations d'individus suspectés de lien avec les terroristes du Gspc. Mais rien de tout cela n'est confirmé. Les services de sécurité privilégient le travail dans la discrétion pour, dit-on, éviter d'aggraver la suspicion. Si ces résultats étaient confirmés, cela ne peut que rassurer davantage. Autant les divers corps de police contrôlent les centres urbains, autant les forces de l'ANP sévissent dans les massifs forestiers de Béjaïa. L'entrée en action des moyens héliportés témoigne de l'intensification de l'opération de ratissage dont aucun bilan n'a été donné pour l'heure. Entre l'activité de lutte antiterroriste et les rumeurs qui courent dans la ville, le risque terroriste n'est, par conséquent, pas à écarter. D'où la prudence à observer sans pour autant céder à la panique. Béjaïa vivra un mois sacré différent de ses précédents. La peur est présente, mais un grand espoir existe chez le citoyen qui n'aspire qu'à vivre ce mois de piété en toute quiétude.