Des détails croustillants sur les locataires de l'Elysée sur lequel «flotte un air aphrodisiaque» mais aussi sur ceux de Matignon. La rentrée littéraire parisienne a été particulièrement marquée par le dernier livre de deux journalistes, Christophe Deloire et Christophe Dubois (Le Point et Le Parisien) sur les secrets d'alcôve du monde politique ou plus précisément politico-militaire. Dans leur avant-propos, les auteurs précisent que Sexus Politicus est «le livre rose de la politique décrit par le menu les charmes discrets de la vie électorale et ses périls». On y apprend et parfois l'on y confirme le goût immodéré pour certains pour «la gaudriole» mais on constate les interconnexions entre vie privée et vie publique et l'on tremble de l'usage parfois abusif que font services de renseignements et officines des turpitudes des personnalités du pouvoir. Des détails croustillants sur les locataires de l'Elysée sur lequel «flotte un air aphrodisiaque» mais aussi sur ceux de Matignon. Parmi les présidents de la République, seul le général de Gaulle échappe quelque peu à cette course effrénée aux conquêtes féminines. Présenté comme «sage» et conservateur, le général répugnait à mêler pouvoir et séduction. Ce n'est pas le cas, loin s'en faut, pour Giscard d'Estaing, François Mitterrand et encore moins pour Jacques Chirac. Même si Giscard a été le premier à poser devant les photographes avec son épouse Anne-Aymone, il restera celui dont le nom a été mêlé à celui sulfureux de Mme Claude, une célèbre pourvoyeuse de call-girls des années 70. Avec Mitterrand, ce sera l'ère des responsables à la double vie. En 1994, alors qu'il est proche de la fin, des photos de sa fille «cachée» seront publiées. Sa fille Mazarine qu'il avait eue avec une maîtresse, la dame Pingeot. Journalistes, fonctionnaires, militantes et stars du cinéma, l'Elysée a vécu au règne de Mitterrand au rythme d'un vrai «ballet de femmes». Le livre des deux journalistes livre à ce propos une foule d'anecdotes, certaines connues et quelques-unes inédites pour le grand public. Pourtant durant son mandat, Mitterrand avait été épargné par la presse alors que dans les rédactions, ses frasques amoureuses n'étaient un secret pour personne. La presse française n'était pas encore dans la «peopolisation» de la politique et se refusait à suivre l'exemple anglo-saxon. Les choses ont changé depuis. En termes de séduction, Jacques Chirac a magistralement pris la relève. Dans un rapport sur le candidat Chirac aux présidentielles, les RG, (renseignements généraux) notent! «très sensible au charme féminin...le recensement de ses liaisons est difficile à établir, car à des aventures plus durables, il mêle de brèves amours et des rencontres furtives». Alors qu'il était maire de Paris, Chirac avait déjà défrayé la chronique avec une escapade dans les îles accompagné de deux journalistes dont l'une était sa «petite amie». Il était supposé assister à une réunion des maires francophones! Le 31 août 1997, nuit de la mort de la princesse Diana à Paris, Chirac est introuvable. Sa femme Bernadette sera seule à se recueillir à 7heures du matin sur les lieux du drame. Bernadette se confiera plus tard sur les disparitions répétées de son mari et avouera «je suis jalouse mais je résiste». Chez les ministres, Don Juan a aussi beaucoup d'émules. De Villepin surnommé «l'Apollon de Matignon» ne rate aucune occasion pour déployer ses talents de séducteur. Les histoires de couple comme celui de Nicolas et Cecilia Sarkozy prennent une large part dans l'actualité politique. Qu'en pensent les Français? Les auteurs croient qu'ils acceptent ce libertinage car ils continuent à assimiler pouvoir de séduction et pouvoir tout court. Il est vrai que le pouvoir «cet aphrodisiaque absolu» selon le mot de Henry Kissinger, rend beaux même les plus laids. Cette vision machiste, où virilité est synonyme presque de pouvoir, commence néanmoins à être battue en brèche. D'abord, par les aveux d'homosexualité de personnalités politiques, le maire de Paris, puis le ministre de la Culture et surtout par l'irruption des femmes dans le monde restreint du pouvoir politique.