Le secrétaire général de la Centrale syndicale, Amar Takdjout, est revenu, hier, sur plusieurs questions en lien avec le monde du travail, sa vocation et sa représentation. À l'occasion du forum du quotidien El Moudjahid, Takdjout a considéré que l'Ugta est en train de revenir «petit à petit» à ses traditions. Il a énuméré quelques principes de la Centrale syndicale qui sont le nationalisme, la concertation et la formation. Des principes auxquels s'est ajouté celui de la construction dès l'indépendance du pays, six ans après la création de l'Ugta en 1956. «L'Ugta est porteuse d'une philosophie que nous ne devons pas perdre, même si parfois, il y a eu des dérives à attribuer à des hommes et pas à l'organisation», a déclaré Takdjout. Ce dernier a pointé, dans ce sens, ce qu'il a considéré comme «la culture du clientélisme qui a fini par atteindre l'Ugta». Cette «contagion» a généré des malaises dans la maison Ugta, a-t-il relevé. D'où cette priorité de son mandat entamé en juillet dernier qui consiste à réhabiliter la légitimité des structures. Dans ce chapitre, Takdjout a plaidé pour un «retour à une organisation digne de ce nom». Pour ce syndicaliste au long cours, «l'encadrement d'un peuple dans des organisations dignes et représentatives est une garantie de souveraineté pour le pays. Estimant que l'organisation est la clé de voûte de structuration et représentation, Takdjout est convaincu que la force d'un pays réside dans l'organisation de sa société. Le secrétaire général de l'Ugta a mis aussi en avant la nécessité de défendre les «droits moraux» des travailleurs dont on n'en parle pas assez, a-t-il reproché aussi bien aux voix de l'action syndicale qu'aux acteurs du débat public. Il a plaidé, par ailleurs, pour la réhabilitation des espaces de dialogue et de médiation. Cette option semble tenir à coeur le chef de la Centrale syndicale, compte tenu de la récurrence et persistance des cas de litiges envenimant la situation dans le monde du travail. «Le travailleur a besoin qu'on lui dise la vérité», a-t-il affirmé. L'invité d'El Moudjahid s'est exprimé également sur la loi du travail, notamment dans ce qui a trait au droit à la grève. «Les lois de la République sont faites pour être appliquées. Et cette loi s'appliquera, mais je militerai pour apporter des amendements là où la situation l'exigerait», a -t-il souligné. «Je le ferai avec les pouvoirs publics, les organisations syndicales et les partenaires économiques», a ajouté Takdjout. «Nous n'avons aucun complexe pour chercher les meilleurs outils pour organiser le monde du travail», a affirmé le patron de l'Ugta, qui ne nie pas avoir hérité d'une situation difficile. Amar Takdjout a réitéré sa satisfaction quant aux mesures sociales prises par le chef de l'Etat, lesquelles visaient à protéger le pouvoir d'achat des citoyens, notamment ceux de la classe vulnérable. Le SG de l'Ugta s'est félicité également de la décision du président de la République, relative à l'augmentation des salaires dès janvier 2024, une mesure, a-t-il dit, qui tend à «améliorer le pouvoir d'achat et le niveau de vie des travailleurs. Takdjout a souhaité dans ce sens que la valorisation salariale ne soit pas absorbée par l'inflation galopante due à la hausse des prix sur le marché. Il a considéré, à cet effet, que les pouvoirs publics doivent agir davantage pour la maîtrise des prix. Le conférencier a fait état de propositions de l'Ugta, concernant la relance des entreprises économiques en difficulté dans le cadre de la démarche visant à créer de la richesse et à préserver les postes d'emplois, notant que les difficultés rencontrées diffèrent d'une entreprise à une autre. Takdjout a été interrogé sur la «possibilité» d'un retour au régime de la retraite sans conditions d'âge, un sujet sur lequel il a souhaité «un débat responsable» qui poserait de façon rationnelle et objective, tous les termes de la question. En termes d'action à venir, Takdjout a annoncé que l'Ugta organisera prochainement deux conférences nationales sur le changement climatique, un thème d'une «importance majeure, compte tenu de ses répercussions sur le monde de l'emploi et le marché du travail», a-t-il expliqué, ainsi que sur la santé mentale dans le milieu professionnel, un thème tout aussi important.