Le Cnes gréviste sort la tête haute du bras de fer qui l'a opposé à la tutelle, le ministère de l'Enseignement supérieur. Cinq mois après le début de la grève déclenchée au mois de mai dernier et qui a paralysé l'Université algérienne, la coordination nationale des 19 établissements grévistes a opté pour la suspension du mouvement qui a pris effet hier, après la tenue d'assemblées générales, la veille. Mai 2006. Les yeux sont rivés sur l'Université algérienne et les 19 établissements en grève. De Sidi Bel Abbès, Mascara, Constantine, Alger, Béjaïa... le mouvement prend corps, s'amplifie au point où il devient objet de fixation. La presse s'en empare et en fait la une de ses manchettes. Les médias, tels que la radio, sollicitent le ministre de l'Enseignement supérieur. Les regards se cristallisent sur cet événement qui peut déraper à tout moment. Cela se fait sur fond de revendication d'augmentations de salaires de près de 1,5 million de fonctionnaires. Le front social bouillonne. Des grèves menacent de partout, vétérinaires, métallurgistes, pharmaciens... Les esprits s'échauffent, les uns voyant dans le mouvement une «crise passagère», les autres plus sceptiques, les prémices d'une année universitaire compromise. Le dialogue ne prend pas. Pis, la justice, sollicitée par M.Harraoubia, ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, se prononce sur l'illégalité de la grève. Ne cédant en rien sur les revendications des enseignants grévistes, le ministre allume la mèche en décidant de poursuivre en justice les responsables du Cnes gréviste. Le mouvement se radicalise. La coordination nationale des sections Cnes dénonce «la nocivité de l'instrumentalisation de l'appareil judiciaire comme mode de gestion des conflits sociaux et prône le strict respect des lois sociales, la concertation, la négociation qui sont les seuls modes de gestion civilisés des conflits sociaux». Des signes d'apaisement sont toutefois apparus suite à la conférence de presse du ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, M.Harraoubia, qui a promis que des mesures adéquates et nécessaires seront mises en oeuvre afin de trouver une issue à la crise qui secoue l'Université algérienne. Le tribunal de Sidi Bel Abbès, qui s'est exprimé, le 18 septembre dernier, en faveur de l'acquittement du coordonnateur national adjoint, M.Mechab Mustapha, a sans doute agi favorablement, dans le sens de la suspension de la grève, de la reprise des cours et de la tenue des examens qui se déroulent à l'heure actuelle. Dans sa déclaration, la coordination nationale ajoute: L'acquittement par la justice de notre coordonnateur national adjoint, au-delà du retrait annoncé de la plainte du ministre, rend caduques celles déposées par les chefs d'établissement contre les délégués et les sections syndicales Cnes en grève, dont acte. Une des revendications centrales des enseignants du supérieur, la démocratisation de la gestion des universités étant toujours au goût du jour, il serait imprudent pour les pouvoirs publics d'instaurer la politique «des deux pas en avant, un pas en arrière». Négocier sans état d'âme, cohabiter les uns à côté des autres pour voir les rêves d'une université moderne et performante, ne pas se dissiper, cela doit être possible.