Les enseignants du supérieur, en grève depuis le 13 mai 2006, dont le mouvement a été « gelé » pendant les vacances, reviennent à la charge en cette veille de rentrée universitaire. « A tous qui se reconnaissent dans le Cnes (ndlr : Syndicat des enseignants du supérieur), le moment est venu de se rassembler en adhérant pleinement au mouvement de grève, maintenant qu'il s'avère que les engagements écrits du ministre de l'Enseignement supérieur, en date du 30 mai 2006, n'ont pas été honorés », indiquent-ils dans une « Déclaration » portant le sceau de la « Coordination nationale des sections Cnes en grève ». Et de préciser que le département de Rachid Harraoubia n'a pas tenu sa promesse d'accorder une augmentation spécifique des salaires, prévue, rappellent-ils, avant la fin juillet 2006. En rupture avec la direction nationale de leur syndicat qui a gardé le contact avec la tutelle pour l'« intérêt de l'université algérienne », les grévistes affirment contrôler « toujours » 19 établissements, entre autres l'USTHB, l'université d'Oran-USTO, les centres universitaires de Béjaïa et de Ouargla, ainsi que de nombreux instituts et grandes écoles. Avec cette sortie, la « Coordination nationale des sections Cnes en grève » entend brasser large en faisant adhérer les autres établissements à la « bonne cause ». Les trois coordinations régionales « provisoires », en réunion à Alger le 23 août 2006, lancent ainsi « un appel aux enseignantes et enseignants n'ayant pu participer à la grève pour diverses raisons (défaillance des sections, absence de vote, absence de quorum, etc.) ». « Tout au long du mouvement, les enseignantes et les enseignants en grève ont pu percevoir et voir votre adhésion, à eux et à leur lutte, à travers les multiples actes multiformes de solidarité et de soutien ainsi que votre regret et même votre colère impuissante de ne pas pouvoir y participer, comme eux, à ce mouvement initié démocratiquement à travers les sections du Cnes », relèvent les grévistes à l'adresse de leurs confrères non grévistes. Ceux-ci « se doivent d'accompagner maintenant le mouvement de grève en organisant des assemblées générales dès la rentrée », et ce, pour permettre aux nouveaux venus de « s'exprimer et d'exprimer plus concrètement leur attachement à l'unité du Cnes et à leurs revendications ». En outre, les grévistes disent regretter que « ce large mouvement de protestation ne soit pas perçu à sa juste mesure par le département ministériel ». La menace de reprendre le « train de la contestation » est d'autant plus prononcée qu'il est question, encore une fois, de « bloquer les examens et les flux des étudiants ainsi que l'arrivée inattendue de 220 000 nouveaux étudiants ». Le bras de fer s'annonce ainsi tant avec le ministère de tutelle qu'avec la direction « légitime » du Cnes qui a dû surseoir à la grève à laquelle elle avait appelé à la veille du 13 mai 2006. Pour rappel, la justice avait émis une décision en référé rendant la grève illégale. Les grévistes considèrent que les dernières augmentations versées par l'Etat au bénéfice de l'ensemble des fonctionnaires du pays ne répondent pas à leur statut. Quant à la question du logement, ils estiment que le décret y afférent mériterait d'être « plus clair ».