L'Algérie a célébré, hier, le 191ème anniversaire de la deuxième allégeance (Moubayaâ) à l'Emir Abdelkader un certain 4 février 1833. L'importance de cette allégeance réside dans la dimension qu'elle portait en termes de nouveau processus historique qui allait permettre à l'Algérie de cette époque d'asseoir les jalons d'un Etat moderne dont l'Emir Abdelkader était l'incarnation légitime. D'ailleurs, les historiens et les spécialistes de cette période historique ont travaillé d'une manière très profonde et poussée afin de déterminer l'acte inaugurateur d'une institution politique atypique, a savoir la mise en oeuvre des assises d'une structure qui allait centraliser le pouvoir politique. Les historiens algériens ont exprimé unanimement leur approche visant a préciser que «la deuxième allégeance est un acte historique qui constitue le point de départ effectif de l'Etat de l'Emir Abdelkader, qui s'est constitué par la légitimité à la suite de l'allégeance qui lui a été exprimée par la population», note-t-on. L'historien,docteur Mokhtar Bounegab, un académicien qui a traité de l'histoire contemporaine de l'Algérie, a souligné que «la deuxième allégeance constituait la déclaration de la naissance de l'Etat algérien moderne et le début de la résistance populaire contre le colonialisme français et, en même temps, la confirmation du jeune Abdelkader Ibn Mahieddine, comme commandant du djihad. Elle a consacré la légitimité du projet de l'Emir Abdelkader de l'édification de l'Etat algérien moderne», a-t-il mentionné. Lors du colloque qui a été consacré à l'Emir Abdelkader et la deuxième allégeance, les historiens ont rappelé que «la démarche de l'allégeance a attribué la légitimité au projet de l'Emir Abdelkader dans sa quête d'édification d'un Etat algérien doté d'institutions, d'un système juridique et d'une armée, qui a résisté, 17 années durant, à l'armée coloniale française». Donc, c'est là une preuve incontestable que l'Emir Abdelkader a bel et bien fondé un Etat moderne sur la base des critères politiques et historiques en rapport avec la notion de l'Etat moderne et sa définition universelle. Pour d'autres historiens, cela est vu comme «un évènement historique qui a confirmé la volonté et la détermination du jeune Emir de puiser sa légitimité populaire pour la conduite du djihad contre le colonialisme français». L'Emir Abdelkader a constitué une matière pour les historiens du monde dont les grands parmi eux ont reconnu la stature de cet homme et son génie quant à la gestion de la guerre et la période de paix face à un ennemi qui n'était autre que le colonialisme français et sa dimension impériale et coloniale. L'historien,le docteur Djaker Lahcen, a essayé de remettre l'événement dans son contexte de l'époque en faisant néanmoins des projections sur la réalité de fonctionnement démocratique des Etats aujourd'hui. À ce propos, l'historien a souligné que «l'allégeance constituait un référendum populaire libre, à la faveur duquel le peuple algérien avait choisi de manière libre et responsable la personnalité à laquelle devait échoir la mission de conduire la résistance du peuple contre le colonialisme de 1833 à 1858», a-t-il signalé. L'esprit démocratique existait bel et bien chez l'Emir Abdelkader. Cette vision des choses a renforcé les chances de voir la mise en branle de l'Etat de l'Emir et le doterde tous les moyens pour sa survie dans un climat politique hostile. À ce propos, l'historien Bachir Hmaïdi, a déclaré que «cette étape historique a consacré une démocratie pure et établi un Etat algérien unifié avec toutes ses tribus pour résister à l'occupation française». La célébration et la commémoration de la deuxième allégeance à l'Emir Abdelkader est un acte salutaire qui s'inscrit dans le cadre de la réhabilitation de la mémoire des héros et des symboles de l'Algérie à travers sa riche histoire nationale. C'est aussi une occasion pour rappeler aux générations futures que l'Etat algérien a un ancrage historique, politique solide contrairement à la propagande coloniale et ses historiens qui consacraient le mensonge et l'imposture comme «oeuvre» historique dans la perspective de dénaturer l'histoire de l'Algérie et de son peuple.