L'adhésion de l'Algérie à la Francophonie est attendue comme un grand événement par les membres de l'organisation. Le ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères, M.Mohamed Bedjaoui, participera aux travaux du sommet de la Francophonie qui se tiendra, à partir d‘aujourd'hui et jusqu'au 29 du mois courant à Bucarest en Roumanie. L'Algérie, 2e pays francophone par la population, est convié à prendre part à cet événement mondial, en qualité d'invité spécial. La participation de notre pays aux sommets de la francophonie et sa probable adhésion à l'Oif (Organisation internationale de la francophonie), ont toujours, constitué l'un des grands événements, attendus par les membres de cette organisation. La refonte des méthodes de travail et le reclassement des priorités ont constitué l'essentiel des critiques formulées par la partie algérienne à l'égard de cette organisation. Il est vrai, d'ailleurs, que la francophonie s'est donné pour seul objectif, la diffusion de la langue française. Elle s'est enfermée dans une logique de coopération, purement culturelle au détriment des problèmes de développement dont souffrent les pays membres de l'organisation. Ces derniers, pour la plupart, des anciennes colonies françaises en Afrique. Le président Bouteflika a beaucoup appuyé, dans la même logique, lors de sa participation au sommet de Ouagadougou et celui de Beyrouth, sur l'importance de donner un réel contenu politique à l'OIF. Ceci, bien évidemment, dans le but de donner une plus grande efficience aux discours prônés par les chefs des Etats membres de l'organisation. La vision algérienne a été de faire de l'Oif un véritable espace d'association, alors que la situation actuelle est complètement tracée par la seule nation génitrice de la langue française. Laquelle nation assurait 80% du budget de l'Organisation en lui octroyant, annuellement, quelque 136 millions d'euros. Il est à souligner d'autre part, que la nature des rapports de notre pays avec cette organisation a été depuis toujours déterminée par l'état des lieux des relations avec la France. Jusqu'à une date pas très lointaine, la Francophonie est considérée, chez nous, comme un instrument de néo-colonialisme. Cela, avant que les choses ne prennent une autre trajectoire après l'investiture de Bouteflika qui a réussi à imposer sa vision, consistant à dire «le français n'est pas une menace». Cependant, l'attitude algérienne a entièrement changé vis-à-vis de l'Hexagone et par conséquent, à l'égard de l'Oif, après l'adoption de la loi du 23 février 2005, glorifiant le colonialisme. Qui, outre le fait de court-circuiter la signature du traité d'amitié entre les deux pays, a changé carrément la position officielle de l'Algérie, dont l'adhésion à la Francophonie avant 2005, était donnée comme certaine. L'Oif, qui compte 49 pays membres, connaîtra à ce sommet de Bucarest, l'entrée de trois nouveaux adhérents. Il s'agit d'Andorre, de la Grèce et de l'Albanie. Quarante-trois chefs d'Etat et de gouvernement sont annoncés dans la capitale de la Roumanie. La situation au Darfour, en République démocratique du Congo ainsi que les crises ivoiriennes et libanaises seront abordées en marge de ce XIe sommet. Il semble, ainsi, que les suggestions algériennes ont été bien prises en compte.