Ferry de Kerckhove, représentant personnel du Premier ministre du Canada pour la francophonie, a eu une intense activité à Alger. Deux conférences, dont l'une à l'Ecole nationale d'administration (ENA), une rencontre avec le ministre des Affaires étrangères, Mohamed Bedjaoui, un déjeuner presse et une réception à l'occasion du Commonwealth day à la résidence de l'ambassadeur de Grande-Bretagne. Pays membre de l'Organisation internationale de la francophonie (OIF) et du Commonwealth, le Canada évolue avec aise dans les deux espaces. Il en donne l'exemple. Autant que le Ghana ou le Cameroun pour l'Afrique. Ferry de Kerckhove est convaincu d'une chose : la place de l'Algérie est dans la francophonie. « Si votre pays fait la demande d'y adhérer, il n'aura à passer aucune étape. Aucune condition ne sera avancée à cette adhésion », nous a-t-il dit hier lors d'un déjeuner à la résidence de l'ambassadeur du Canada, Robert Peck, en présence de Victor Mircea, ambassadeur de Roumanie (dont le pays assure la présidence actuelle de la francophonie), de Baudouin Vanderhulst, ambassadeur de Belgique et Charles Houard, délégué Wallonie-Bruxelles. Un pays qui demande l'adhésion n'est pas tenu d'avoir le français comme langue officielle. Il reste que la place qu'occupe cette langue dans le pays demandeur est un critère important d'admissibilité. Belgique, Canada et Suisse travaillent ensemble, à plusieurs niveaux, pour convaincre des pays hésitants, comme l'Algérie, que la francophonie aujourd'hui ne signifie pas forcément la France. Ferry de Kerckhove comprend la difficulté de « décomplexer » les relations entre l'Algérie et la France à cause de l'héritage historique du colonialisme, mais estime qu'il faut avancer. Son argument est que la francophonie est un espace ouvert accueillant des pays d'identités et de cultures diverses. L'un des principes de l'OIF est de favoriser le plurilinguisme au sein de l'espace francophone par l'appui aux langues partenaires comme l'arabe, l'espagnol, l'anglais ou le portugais. L'OIF a défendu l'idée de « diversité culturelle » adoptée par l'Unesco. « Vivre ensemble, différents » est le slogan choisi cette année par l'OIF. Le souhait du responsable canadien est que l'Algérie rejoigne cet espace à cause de son importance stratégique. Il rappelle la participation à titre d'invité au sommet de la francophonie, à deux reprises, à Beyrouth et à Ouagadougou, du président Abdelaziz Bouteflika. Il souligne également la présence de Mohamed Bedjaoui au dernier sommet de Bucarest en septembre 2006. Ferry de Kerckhove, qui a été ambassadeur du Canada en Indonésie et au Pakistan, dit avoir trouvé à Alger un écho positif par rapport à la question de la francophonie et estime nécessaire d'éviter de percevoir les choses en termes de zones d'influence. Sur le plan politique, la francophonie a, à ses yeux, du travail à faire, notamment en Afrique, en étroite coordination avec des organisations multilatérales. Récemment, l'OIF, que dirige l'ex-président sénégalais Abdou Diouf, a pris position par rapport aux crises ivoirienne et guinéenne. L'organisation s'exprime aussi sur des questions liées à la paix, à la démocratie, aux droits humains, à la sécurité et au développement durable. « Nous avons le devoir de développer une réflexion sur les grands problèmes qui engagent le devenir de la planète afin de faire entendre clairement notre voix », a estimé Abdou Diouf dans le rapport La francophonie dans le monde 2006-2007, paru ces jours-ci aux éditions Nathan. L'OIF regroupe actuellement 53 Etats membres de plein droit, 2 membres associés et 13 pays observateurs. Dans le monde arabe, le Maroc, la Tunisie, l'Egypte, la Mauritanie et le Liban sont membres de l'OIF. Le français est parlé par 200 millions de personnes sur les cinq continents. Les pays où l'on trouve le plus de francophones et francophones partiels pour l'Afrique du Nord, sont le Maroc en nombre et la Tunisie en pourcentage de la population. Aussi, la conviction que l'Algérie est le deuxième pays francophone après la France n'est qu'une idée reçue. Dans la matinée d'hier, Ferry de Kerckhove a annoncé la liste des candidates algériennes devant participer à la grande finale de la dictée des Amériques prévue à Québec, samedi 17 mars 2006, avec la présence de 130 concurrents venus de 35 pays. Il s'agit de Assia Benaziez, étudiante à l'Institut de langues étrangères de l'université de Bouzaréah (Alger) et Fiyala Hatfout, chargée de cours au même institut. Les lauréats ont été sélectionnés après des éliminatoires, organisées fin février 2006 à Alger. Plus de 700 000 personnes ont participé à la dictée des Amériques depuis sa création en 1994. La finale, qui sera dirigée par l'auteur-compositeur Vincent Vallières, sera retransmise par le réseau de TV5 Monde (chaîne de la francophonie).