Les réseaux du Nord malien sont, pour le moment, les principaux appuis du Groupe salafiste pour la prédication et le combat. Les accrochages épisodiques qui sont menés dans le nord du Mali par le Gspc contre les autorités maliennes depuis au moins l'été 2005, si l'on se réfère à la cassette vidéo mise sur le web par le groupe algérien, commencent à agacer l'autorité centrale, déjà confrontée aux Touareg rebelles locaux. Mais, la nouvelle donne dans ces incursions, dont on ne connaît pas encore de manière claire les objectifs politiques, a aussi son revers, si l'on s'appuie sur une analyse faite par le site Afibone-Mali. Selon cette lecture, la donne est interprétée non seulement comme une main tendue de l'Alliance à l'endroit des autorités algériennes mais aussi et surtout une rupture avec l'attitude d'indifférence face aux incursions des groupes terroristes islamistes sur le territoire malien. L'analyste, Soumailla T.Diarra, estime que si les informations publiées mercredi dernier, 27 septembre 2006, sur le «blog» de l'Alliance démocratique du 23 mai pour le changement, se révélaient réelles, les tribus nordiques du Mali viennent alors d'entrer dans la croisade contre le terrorisme international. En effet, le site Internet des ex-insurgés du 23 mai dernier affirme la mort de trois principaux chefs de la direction militaire du Groupe salafiste pour la prédication et le combat résidant au Sahara, des suites d'«accrochages mortels entre des éléments de l'Alliance et la direction militaire» du groupe salafiste. L'annonce d'un affrontement entre les éléments du fameux Gspc et ceux de l'Alliance démocratique suscite bien d'interrogations. Les raisons de ces affrontements ne sont pas connues. A priori, les éléments de l'Alliance n'ont pas de raison à s'en prendre au Groupe salafiste. Pendant longtemps, les tribus nomades du Sahara ont été considérées comme des complices des groupuscules terroristes algériens qui s'infiltrent le plus souvent au Mali ou au Niger pour échapper à la traque des forces régulières de leur pays. Selon la même source, l'Alliance démocratique cherche à montrer à Alger sa bonne foi pour une bonne collaboration. Ainsi, le geste serait une reconnaissance tacite de l'Alliance envers les autorités algériennes qui l'ont sauvée d'une certaine mauvaise passe après les événements du 23 mai 2006 au Mali. Les salafistes auraient donc été une monnaie d'échange dans le no man's land saharien. Mais si l'on en croit la principale source de l'information, l'objectif de cette opération va au-delà d'un simple marchandage entre les protagonistes sur le terrain. Pour certains, l'Alliance veut prouver à l'opinion internationale qu'elle «n'a rien de commun avec les salafistes». C'est, effectivement, un scénario plausible car une des grosses surprises de l'Alliance a été son isolement sur le plan international. De forts soupçons pèsent sur certains de ses plus hauts responsables d'être proches de courants islamistes orthodoxes. En tout cas, si l'annonce n'est pas un canular, le Gspc vient de connaître une saignée profonde qui pourrait l'affaiblir pour longtemps, puisque le successeur d'El Para aurait trouvé, lui aussi, la mort au cours de cette opération. Une des lacunes de ces informations parcellaires est que, du côté de l'Alliance, c'est le flou total en termes de victimes. Côté Gspc, on reste dans le flou total, et aucune analyse sérieuse ne peut nous dire à quoi riment ses incursions dans le sud du Mali et quels sont les objectifs (s'ils existent) à atteindre à terme dans cette confrontation qui ne semble pas en avoir. Les appuis que le Gspc possède au Mali sont essentiels pour son repli et il est étonnant de constater que par ses incursions épisodiques il risque de compromettre gravement sa stratégie dans la région. Les incursions menées par ses troupes au Mali et en Mauritanie, renseignent sur la stratégie peu visible, parce que possédant des moyens limités, mais facilement «décodables» du groupe salafiste pour la prédication et le combat. Après avoir fait une sorte d'OPA sur tous les groupes armés à l'est et à l'ouest du pays, le Sud étant acquis depuis 1997, le Gspc cherche à se restructurer et à se donner les moyens de tenir le plus longtemps possible, dans une guerre de laquelle il ne veut pas sortir pour le moment. La question qui se pose est celle-ci: le Gspc a-t-il opéré des attaques par le passé pour conforter l'Alliance du Nord ou s'agit-il d'une petite mise en scène de l'Alliance pour lancer des messages à Bamako et dire qu'elle s'occupe à «nettoyer» les lieux de toute présence malvenue? Les alliés algéro-maliens qui forment le Groupe de combat au nord du Mali sont-ils devenus tout à coup encombrants pour l'Alliance? Il est certain qu'une partie de l'argent généré par le Groupe de Belmokhtar va vers des appuis locaux, sans lesquels il est, pour ainsi dire, pratiquement impossible au Gspc de survivre dans un environnement hostile et qu'il connaît à peine. Cela avait été vérifié lors de la prise d'otages des trente-deux touristes européens en mars 2003.