Malgré le retour palpable de la sécurité, les Algériens n'ont pas encore renoué avec la véritable sérénité. Deux heures après la rupture du jeûne, une ambiance de plus en plus dense gagnait les routes et les rues de l'Algérois. Accompagnés par le chef d'état-major du groupement de gendarmerie de la wilaya d'Alger, le lieutenant-colonel, Mirouh Mohamed, nous avons assisté au déroulement des descentes et des opérations de routine de ce corps de sécurité au niveau de Bordj El Kifan et de Rouïba. Les éléments des forces de sécurité, tous corps confondus, qui n'ont pas cessé leurs activités, même au moment où le muezzin appelait les fidèles à la prière du crépuscule, continuaient de surveiller, vigilamment, la circulation des automobiliste et des piétons. Des barrages sont dressés dans les points sensibles et des patrouilles sillonnent les artères et les axes routiers de la banlieue. Debout, au milieu de la chaussée, les hommes aux tenues vertes, dévisagent les passagers et procèdent à l'identification des personnes suspectes. A Beni Mered, 7 immigrés clandestins ont été arrêtés par les gendarmes. Plaqué à l'arrière d'une Toyota, un jeune Malien essaye d'attendrir les gendarmes. Agé à peine de 22 ans, Mamadou Bakayoukou nous a expliqué, les mains ligotées, que son visa n'a pas été renouvelé parce que le type chez qui il travaille, à Dely-Brahim, ne l'a pas encore payé pour qu'il puisse se rendre jusqu'à la frontière sud. Mamadou a usé de tous les moyens pour obtenir sa relaxe. «Papa, je suis venu travailler comme manoeuvre, pour aider ma famille pauvre qui vit au Mali, je n'ai jamais fait de problèmes», dit-il, avec son accent d'Africain, à l'adresse du lieutenant-colonel qui a donné des recommandations à ses auxiliaires de les bien traiter. Le chef du barrage de Beni Mered nous a indiqué que ce point de contrôle mis sur la route nationale N° 24, cible, en premier lieu, l'immigration clandestine. Cela, en raison de la forte implantation, dans ce coin, des ressortissants de l'Afrique subsaharienne attirés par les sites de chalets dont des habitations construites, spécialement, pour les sinistrés du séisme d'octobre 2003, sont louées à des prix défiant toute concurrence, nous a précisé un adjudant vêtu d'un gilet pare-balles. Les descentes effectuées au niveau des quartiers chauds de cité Doum, Café Chergui, Istanbul, El Hamiz et Bordj El Bahri, ont débouché sur l'arrestation de plusieurs autres immigrés clandestins en plus des saisies d'armes blanches et de kif. Aux 4 chemins de Tamenfoust, dans la commune de Bordj El Bahri, un groupe de gendarmes assisté par des chiens renifleurs, procède à l'examen minutieux d'une Clio suspecte. Une dizaine de jeunes ont été arrêtés pour possession de drogues, et, aussi, pour défaut de papiers d‘identité. La saisie des gourdins avait été des plus remarquables au cours de cette tournée. Le port d'armes blanches prend des proportions alarmantes. Couteaux, sabres, baïonnettes, des gourdins de différents calibres ainsi que des bombes à gaz lacrymogène sont devenus, selon toute vraisemblance, des accessoires ordinaires pour un nombre important de nos concitoyens. Les descentes effectuées par les forces de la Gendarmerie nationale, dans la nuit de jeudi à vendredi dernier, ont montré, malgré le retour palpable de la sécurité, que les Algériens n'ont pas encore renoué avec la véritable sérénité. Ces descentes, qui ont vu la mobilisation de 750 gendarmes et 200 véhicules et motos dans les endroits réputés pour être des fiefs de la criminalité tels Gué de Constantine, Doum, Saoula, Cheraga, Baba Ali, El Karia, Ouled Chebel...,ont été assorties d'un bilan des plus farcis. Il a été procédé, en effet, à l'arrestation de 59 personnes dont 22 immigrés clandestins de différentes nationalités africaines. Le port d'armes, la possession de stupéfiants, l'usage de faux et les vols ont été, entre autres délits, les faits retenus contre ces personnes arrêtées. La police économique a fait état, de son côté, de la saisie de 1600 bouteilles de jus, 102 paires de souliers, et d'une cargaison de jouets et d'articles de décoration dont la valeur est estimée à près de 110 millions de centimes. Des saisies qui ont été faites faute de facture et/ou de registre du commerce. Au sujet de la sécurité routière, ce bilan de 24 heures d'activité a fait état de 42 mises en fourrière et de 397 retraits de permis de conduire et 1694 amendes forfaitaires. Sur le plan national, le bilan du mois de septembre vient conforter ce constat inquiétant. En effet, un total de 1 894 affaires de crimes et délits impliquant 1986 personnes, a été constaté par les services de la gendarmerie durant le mois écoulé dont 712 contre les personnes, 823 contre les biens et 133 atteintes aux bonnes moeurs. S'agissant des infractions courantes, comportant notamment, vols, coups et blessures volontaires, menaces, outrages, association de malfaiteurs, homicides et viols, il a été recensé 1416 affaires donnant lieu à l'arrestation de 1552 personnes. Il a été enregistré, en outre, 238 affaires de trafic de stupéfiants impliquant 350 personnes et permettant la saisie de plus de 319 kg de cannabis, 2 032 affaires de contrebande et 17 affaires de fausse monnaie impliquant 23 personnes.