Solidarité n La commune d'Alger-centre a ouvert, pour ce ramadan 2009, un restaurant au niveau de la rue Larbi-Ben M'hidi, à quelques encablures de la place Emir-Abdelkader. C'est l'un des espaces qui accueillent un nombre important de nécessiteux, au vu de sa situation sur l'une des plus grandes artères de la capitale, investie d'ailleurs par les mendiants et autres marginaux tout au long de l'année. Au troisième jour de ce mois sacré, ce restaurant est assailli par les nécessiteux à partir de 17h 30, soit deux heures avant la rupture du jeûne. Les gens se bousculent pour avoir une place dans la cour et prendre leurs repas en plein air. Une foule impressionnante attend l'ouverture du portail. «Cela renseigne sur la misère qui gagne de larges pans de la société algérienne. Ça se voit plus clairement durant ce mois de ramadan…», commente un sexagénaire, retraité de la Sntf, habitant seul dans une cave à la rue Hassiba-Ben-Bouali. Les personnes âgées constituent l'écrasante majorité de ceux qui viennent rompre le jeûne dans ce restaurant. On y trouve également des travailleurs, des retardés mentaux, des familles démunies... Les agents chargés de l'accueil éprouvent d'énormes difficultés à maîtriser la foule. Des bagarres et des disputes éclatent de temps en temps entre les gens. Toutefois, la sagesse l'emporte toujours et l'intervention d'autres personnes met un terme à la querelle. A 18h00, il ne reste plus de place dans la cour. La centaine de personnes restant à l'extérieur doit accéder à l'intérieur de la grande salle et attendre durant plus d'une heure pour rompre le jeûne. Une chaleur suffocante se dégage de la cuisine et étouffe les malheureux qui n'ont d'autre choix que de patienter. Journaux en main, ils tentent de passer le temps en faisant les mots croisés. Certains n'hésitent pas à solliciter l'aide des autres personnes assises à leurs côtés. Il fait tellement chaud que les journaux se désintègrent à cause de la moiteur des mains. «Je préfère ne pas manger plutôt que de supporter cet enfer….», lâche une jeune femme accompagnée d'un enfant en bas âge. Les commentaires fusent de partout. «Avec cette chaleur, nous devrions avoir une double récompense pour notre jeûne», lance un jeune homme. «Au contraire, nous ne méritons aucune récompense, puisque nous ne dépensons aucun sou pour rompre le jeûne», rétorque un autre. L'ambiance est plutôt animée. A 19h, les bénévoles commencent à servir les repas. Un bol de chorba, un plat de riz, du poisson blanc, un bourek et enfin une petite bouteille de soda. Malgré la chaleur insupportable qui règne, ce restaurant reste parmi les meilleurs en matière de menu, estiment, à l'unanimité, les personnes interrogées à cet effet. Environ 500 repas sont servis quotidiennement dans ce resto du cœur qui accueille un nombre de plus en plus important de personnes démunies. La propreté et le comportement convivial des agents y sont pour beaucoup…