A peine 3 étals sont ouverts sur 17 tables installées à Ali-Mellah durant ce Ramadhan. Ce n'est pas le «rush» sur les marchés du poisson à Alger et même ailleurs pendant le Ramadhan, mois au cours duquel la viande ovine tient le haut du pavé, «chorba» et mets traditionnels oblige. Exception faite, cependant, pour les citoyens du nord- ouest du pays où les traditions culinaires s'apparentent étroitement aux modes d'alimentation des Espagnols, tout proches, qui sont fort friands de poisson. Il est permis aussi de leur assimiler les habitants des côtes du nord-est en pensant à Annaba, Skikda, El Kala ou Collo... Cherté, rareté, offre disparate...sont là quelques caractéristiques d'un marché mis à l'écart, sinon dédaigné par le citoyen, déjà faible consommateur de poisson le reste de l'année. Celui-ci se rabat plus volontiers sur les viandes blanches, dinde et poulet, lorsqu'elles ne prennent pas leur envol, piégeant ainsi les bourses faibles. Une virée dans les marchés Rédha-Houhou (ex-Clauzel) et Ali-Mellah (avenue de l'Indépendance) nous renseigne sur la situation de ce marché censé être bien fourni, qualitativement et quantitativement parlant, vu l'immense source d'approvisionnement que représente la «Grande bleue». «Le poisson et le tourisme balnéaire, c'est kif-kif» nous confie un vieux poissonnier qui regrettait qu'avec 1200 km de côtes, ni les pêcheurs ni les opérateurs touristiques ne réussissent à satisfaire la demande en constante progression pour les produits de la pêche, ou pour les sites balnéaires. Au marché Rédha-Houhou, la poissonnerie est déserte, les étals sont vides et les marchands absents. Ammi Belkacem S., un poissonnier rencontré sur les lieux, explique à L'Expression cette absence. «Nous refusons de vendre du poisson congelé qui arrive d'Annaba comme la belle crevette ´´Gamba´´ vendue dans des boîtes d'un kilo!!» à 2250 DA/kg, tandis que la sardine flirte avec les 1850DA le casier de 13/14kg en gros.. pardon!! Il citera quelques autres prix effarants qui n'invitent point le jeûneur à s'approcher de trop près. A vous de juger et faire le calcul pour les prix au détail. Les prix de gros au kilo sont, pour l'espadon, 1000 à 1200DA, crevette fraîche 800, merlan 1000, rouget 500, faux merlan 400, limon en tranches 800, petit rouget de vase 350, sole 1250...ces prix s'entendent en gros proposés aux poissonniers des marchés. Ce qui est sûr, c'est que la consommation du poisson progresse en Algérie malgré la crise du secteur de la pêche. Les consommateurs semblent redécouvrir les bienfaits du poisson dont le ratio est passé de 2,2 à 5kg par personne par an (pp/an) comparé à la norme mondiale qui est estimée à 7kg/pp/an alors que le seuil requis par la FAO est de 6,2kg pp/an.