Cette signature est conditionnée par un travail de compréhension du passé commun entre les deux pays. L'ambassadeur de France en Algérie, M.Hubert Colin de Verdière, ne désespère pas de voir un jour l'Algérie et la France signer le traité d'amitié. «Le moment venu, la France et l'Algérie pourront établir entre elles le socle de leurs relations qui permettent de progresser, comme les peuples des deux pays le souhaitent, vers le rapprochement entre la France et l'Algérie», a-t-il affirmé à l'issue de l'entretien que lui a accordé, mercredi, Abdelaziz Bouteflika, président de la République. Pour ce faire, le désormais ex-ambassadeur de France en Algérie a, néanmoins, conditionné cette signature par «un travail de compréhension du passé commun» entre les deux pays tout en précisant que ce travail était «toujours difficile parfois même douloureux». En effet, une faute à moitié reconnue est à moitié pardonnée, semble dire Colin de Verdière. Cette façon de dire les choses crument et en face ne semble pas plaire aux autorités françaises et font, du haut représentant de la France, un personnage à craindre, n'ayant pas avalé sa langue. Après s'être recueilli, en février 2005, à la mémoire des victimes des massacres de mai 1945 dans l'Est algérien, l'ambassadeur de France en Algérie a qualifié ces événements de «tragédie inexcusable». Une visite effectuée au lendemain même de l'adoption par l'Assemblée française de la «loi ridicule» du 23 février 2005. Certes, son article 4 qui positivait le colonialisme a été abrogé, mais il reste l'article 13 qui indemnise les tueurs de l'organisation terroriste OAS. Et depuis, dans les milieux diplomatiques de l'Hexagone nombreux sont ceux qui ont considéré que Colin de Verdière avait, alors, largement anticipé sur ce qui s'apparente à une «guerre de mémoire» entre Alger et Paris. D'un autre côté, et à contre-courant de la voix officielle, Michel Barnier, ex-ministre français des Affaires étrangères, a admis, de manière «quasi officielle», la responsabilité historique de son pays dans les massacres du 8 Mai 1945 même si cela ne saurait remplacer un «pardon» venant du Quai d'Orsay. Un pardon exigé à maintes reprises par le chef de l'Etat comme condition sine qua non à la signature du traité d'amitié. La signature d'un traité d'amitié entre les deux pays était prévue avant fin 2005 mais a dû être repoussée en raison de la polémique suscitée par la loi du 23 février 2005. Une polémique ayant envenimé, depuis, les relations entre les deux pays. Des relations qui attendent, néanmoins, l'aboutissement du traité d'amitié entre si les deux pays prenaient le temps de développer une coopération qui soit bénéfique aux deux peuples. Aussi, pour le bien des deux pays, il est impératif d'assainir le passé pour bien construire l'avenir. Or, la France, qui oblige la Turquie à reconnaître le génocide arménien de 1915, se refuse à reconnaître ses crimes en Algérie. D'ailleurs, les députés français viennent de voter une loi rendant passible de prison la négation du génocide arménien. Comme quoi, ce qui est valable pour les autres l'est moins pour soi.