La rentrée scolaire, le Ramadhan, bientôt l'Aïd, trois échéances lourdes à supporter. A une semaine de l'Aïd el Fitr, nombre de familles algériennes, si ce n'est la plupart, se demandent comment vêtir leurs enfants en ce jour de fête qui, en plus du cachet religieux qu'elle incarne, est leur «fête» à eux. Une virée dans les grands centres commerciaux comme celui du «Grand Bazar» de la place de la Concorde, où il n'y avait pas foule, nous renseigne de visu sur les prix des articles pour enfants et moins jeunes. Jugez-en. Un blouson jean pour enfant de 6 à 15 ans n'est pas cédé à moins de 1800DA. Une petite paire de «botillons» pour enfant de 2 à 5 ans s'affiche fièrement à 1400DA. Bien qu'elle soit de bonne qualité, ce prix dépasse l'entendement, comme cette paire de chaussures toujours pour la même catégorie d'enfants est proposée au minimum à 1200DA. Les «training», modèle qui a conquis le choix de tous les enfants, narguent les clients à partir de 1200 à 3600DA. Les vêtements ne sont pas non plus donnés lorsqu'on constate qu'un petit ensemble d'importation et de petite taille est proposé à 2900DA pendant que les chaussettes pour bambins sont vendues à 200DA les trois paires... D'aucuns se rabattent vers un grand espace, sis à la rue Hassiba Ben Bouali, tenu par des Chinois. Là, les prix sont abordables. Mais, nous avertit, discrètement, une vendeuse, la solidité et la qualité des tissus laissent à désirer. Outre l'esthétique charmant par son exotisme qu'il faut reconnaître, «ce sont des articles qui ne tiennent que quelques mois voire quelques semaines tout au plus», précise-t-elle. Pour ce qui est des chaussures chinoises, les training, de «contrefaçon» bien sûr, sont proposés à 600 ou 800DA. D'autres articles exposés sont soldés comme ces blousons pour enfants entre 250 et 300DA, des kimonos pour fillettes à 700DA pièce ou encore de beaux chemisiers femme qui sont cédés entre 500 et 1000DA. Une cliente nous a avoué que «c'est là un lieu où on peut trouver une peu de ´rahma´ pour satisfaire les envies de notre progéniture même si la contrefaçon y règne.» Faute de grives on mange des merles, une citation qui semble coller à de nombreux Algériens qui n'ont guère le choix avec une bourse plus que serrée. «Saigné à blanc» n'est guère une expression péjorative pour le commun des mortels désireux de marquer l'Aïd comme il se doit. Lorsqu'on sait que le prix en vitrine d'une paire de chaussures ou d'un simple pantalon varie entre 800 et 1500DA, qu'une veste ou blouson flirte avec les 2000DA ou qu'une simple paire de chaussettes n'est pas cédée à moins de 50DA...Faites le compte pour habiller une famille algérienne moyenne de 3 à 4 enfants. D'aucuns se privent drastiquement pour habiller correctement leurs enfants le jour de l'Aïd el Fitr. Un secteur semble ignorer tous ces ballets de prix. Il s'agit des bijoux fantaisie qui se vendent comme à l'accoutumée même que des magasins d'un certain luxe ont été ouverts. Ainsi, la «M'hiba», cadeau qu'on offre à sa future épouse à chaque «Moussem», jadis composé de bijoux en or est l'objet de ces achats. Le futur époux se rabat sur le bijou fantaisie, lequel atteint parfois même 10.000DA pour une parure de luxe. Les récentes augmentations de salaires, aussi bienvenues soient-elles, ne seront pas d'un grand secours au «smicard» qui, déjà, arrive tout juste à se nourrir tout le reste de l'année. Ceci en faisant face aux factures de l'eau, de l'électricité et de gaz qui semblent se plaire dans leur ascension acrobatique, érodant sérieusement un maigre budget qui ne sait plus où donner de la tête. A ces pauvres salariés, il ne faut pas non plus oublier de compter les pères de famille retraités auxquels un os à ronger vient de leur être servi en guise d'augmentation de pension, revalorisation qu'ils ont d'ailleurs dénoncée de façon énergique, récemment, dans tout le pays.