Kebir a déployé beaucoup d'efforts pour convaincre, lors de son passage à Alger. Le porte-parole du FLN, Saïd Bouhadja, a précisé à L'Expression que «la question des élections législatives n'a pas été évoquée de la manière dont elle a été rapportée», suite à la rencontre entre le secrétaire général du FLN, Abdelaziz Belkhadem, et l'ancien président de l'instance exécutive de l'ex-FIS à l'étranger, Rabah Kebir, dimanche dernier. Une petite phrase lourde de sens qui soulève bien des interrogations. En plus, ajoute-t-il, «M.Madani n'a pas assisté à la rencontre». Il a dû être briefé par quelqu'un d'autre qui n'a pas su rapporter exactement les propos des uns et des autres. Mais lorsqu'il fait une déclaration à la presse pour dire que Belkhadem leur «suggère» de se présenter aux élections en listes indépendantes ou sous d'autres couleurs politiques, alors que Belkhadem avait déjà répondu à Mezrag en lui disant que «le FLN a ses militants». Mais Mezrag semble faire une fixation sur les élections législatives au point de générer des fausses notes dans le discours cool que veut présenter Rabah Kebir à l'opinion publique nationale. Kebir s'est beaucoup investi dans sa campagne de sensibilisation depuis qu'il est à Alger. Il a rencontré des personnalités de premier plan. Il a développé un discours modéré, a déployé beaucoup d'efforts pour convaincre. En peu de jours, il a suscité le débat sur le devenir de l'assise populaire de l'ex-FIS. Il avance l'idée de création d'un parti politique pour encadrer cette entité sociale dont on ne sait les transformations, en bien ou en mal, qui l'ont touchée pendant les dix dernières années. L'ancien émir de l'AIS avait, par deux fois, orienté le vote de l'électorat de l'ex-FIS. Mais leur participation aux élections a buté sur les récifs de l'administration. On connaît, depuis, le sort réservé au mouvement Nahda aux dernières législatives qui a osé aligner sur ses listes des anciens de l'ex-FIS, ou encore au parti Wafa que devait lancer Ahmed Taleb Ibrahimi. Chacun sait que l'électorat de l'ex-FIS pèse au moment du tri des bulletins de vote. Il faut garder à l'esprit la discipline observée en période électorale. Le calcul ne se fait pas en termes de voix mais en termes de personnes qui véhiculent le choix fait, au préalable, pour tel ou tel candidat. Lorsque les consignes de vote sont données en faveur de X, les voix montent en exponentielle. Le FLN a la capacité de faire ces calculs, de raisonner par déduction jusqu'à chiffrer les voix que récolte X le jour «J». Mezrag avait pris le relais des «historiques» jusqu'à l'arrivée de Kebir. Désormais, il devient l'interlocuteur politique de la mouvance. Il a, dès lors, un pouvoir extraordinaire d'orienter le vote à sa guise. En ce sens, les législatives de 2007 peuvent s'orienter dans un sens ou dans un autre, à l'insu des grands stratèges qui n'auront pas jugé utile d'introduire ces paramètres dans leurs calculs. Quand Rabah Kebir va chez Belkhadem, ce dernier sait que son visiteur n'est pas une entité négligeable. Et Kebir sait que la fréquentation du FLN est perçue comme un signe de maturité, même si les voies du Seigneur sont parfois impénétrables. Il est vraisemblable que les fausses notes de Mezrag dérangent. Il intègre des dissonances dans un discours que Kebir veut unifié et porteur. Mezrag aura péché par impétuosité.