La «mise au point» renseigne sur la gêne qu'éprouve cette formation politique devant la révélation de Madani Mezrag. Le FLN apporte un éclaircissement à la déclaration de Madani Mezrag quant à «l'accord arraché auprès du secrétaire général du FLN par Kebir» pour la participation de la mouvance islamiste radicale aux prochaines législatives. Le porte-parole du parti, Saïd Bouhadja, a indirectement démenti les propos tenus par l'ancien émir de l'AIS, en indiquant que la question des échéances électorales a effectivement été abordée, mais pas du tout comme l'a rapporté Madani Mezrag. M.Bouhadja qui n'en dira pas plus sur le sujet, invoque «un argument de taille» en affirmant que Mezrag n'avait même pas participé aux discussions entre Rabah Kebir et Abdelaziz Belkhadem. La «mise au point» du FLN renseigne sur la gêne qu'éprouve cette formation politique devant la révélation du bras droit du président de l'instance exécutive de l'ex-FIS à l'étranger. Mais la position plutôt inconfortable où a été mis le FLN par Madani Mezrag n'est pas pour arranger le parti au pouvoir, d'autant que l'instigateur n'est pas un parvenu de la politique. Et pour cause, déjà membre actif de l'ex-FIS depuis sa création jusqu'à sa dissolution, Mezrag a gravi les échelons de l'organisation terroriste, l'AIS, jusqu'à en être l'émir national. Très proche de Rabah Kebir, l'homme est même considéré par les observateurs de la scène politique nationale, comme étant «les yeux et les oreilles» de Kebir en Algérie, lorsque ce dernier se trouvait en exil. Les contacts entre les deux responsables du parti dissous étaient réguliers, voire permanents depuis janvier 2000, date de la reddition de l'Armée islamique du salut et le retour de Madani Mezrag à la vie civile. Preuve de ce «lien très solide» entre les deux hommes: en répondant à l'invitation du quotidien L'Expression, dans le cadre de sa rubrique «A coeur ouvert avec L'Expression», Mezrag était accompagné par Mustapha Kebir, frère de Rabah Kebir, à l'époque encore exilé en Allemagne. Originaires de la même région, Kebir et Mezrag ont donc plus que la région en commun, ils semblent partager les mêmes points de vue sur des questions d'intérêt national. L'ancien émir de l'AIS est en fait un peu plus qu'un simple porte-parole de la mouvance islamiste radicale «dialoguiste». Il en personnifie les véritables visées que Kebir ne dira pas ouvertement pour d'évidentes raisons de tactique politique. Le soutien que ce dernier n'a eu de cesse de manifester en direction de la démarche réconciliatrice du chef de l'Etat, a «porté ses fruits» avec le changement de ton dans le discours de l'islamisme radical algérien, désormais représenté par Rabah Kebir. Lequel est retourné au pays sur la base des assurances avancées par Madani Mezrag lui-même qui aura été une précieuse courroie de transmission entre la direction de l'instance exécutive de l'ex-FIS à l'étranger et les autorités centrales. Aussi, les propos qu'il tient ne peuvent être qualifiés de «légers» ou sans conséquences sur l'équilibre politique national. En annonçant «l'accord» de M.Belkhadem, Mezrag ne mentait pas. Il a lancé un «ballon-sonde» qui lui revient sous forme de mise au point du FLN. La réaction de cette formation politique renseigne sur les divergences qui ont encore cours au sommet de l'Etat, précisément sur la suite à donner au retour au pays des dirigeants de l'ex-FIS. Même dit off the record l'accord, à supposer qu'il ait été effectivement donné, a sans doute valu quelques réprimandes au FLN qui s'est donc senti obligé de contredire les propos de Mezrag, aux fins sans doute de mettre un terme à une polémique naissante au sein de la classe politique nationale. Laquelle polémique pose un problème sérieux à l'approche d'importantes échéances électorales. L'on se demande, dans certains milieux, ce que pèse le «tiède» démenti du FLN devant l'affirmation d'un responsable islamiste qui semble bien savoir où mettre les pieds. Les observateurs qui notent l'absence, pour l'instant, d'une réelle volonté de la part du FLN de remettre définitivement les «élargis de la réconciliation nationale» à leur place, considèrent que les prochaines sorties médiatiques de Rabah Kebir seront instructives à plus d'un titre. Un Kebir considéré comme le plus «modéré» des dirigeants de l'ex-FIS, avance ses pions un à un en fin politique...