L'Opep avait réagi pour freiner la dégringolade du prix de l'or noir qui a perdu près de 20 dollars de sa valeur depuis l'été. La décision de l'Opep de baisser sa production de 1,2 million de barils/jour n'a eu aucun impact immédiat sur le marché international du pétrole. Au contraire, les prix ont amorcé, depuis vendredi dernier, un recul à la Bourse de New York, tombant à leur plus bas niveau depuis 11 mois. Le baril de «light sweet crude» pour livraison en novembre a perdu 1,68 dollars pour clôturer à 56,82 dollars, après avoir reculé jusqu'à 56,60 dollars. L'Opep avait réagi, vendredi, pour tenter de freiner la dégringolade du prix de l'or noir qui a perdu près de 20 dollars de sa valeur sur le marché depuis l'été et le raffermir face à la menace d'un écroulement brusque. Une situation qui a fait ressusciter le spectre d'un baril à moins de 10 dollars comme ce fut le cas avec la crise du prix du baril dans les années 80 qui a ruiné les économies de bon nombre de pays producteurs de pétrole dont l'Algérie. Dans la foulée de l'annonce de la décision de l'Opep de réduire sa production globale quotidienne à 26,3 millions de barils, les prix ont enregistré une autre chute. D'après les observateurs avertis, il s'agit d'une réaction du marché, signe d'un scepticisme envers un réel impact de la décision du Cartel des pays de l'Opep sur la production réelle. Une lecture qui se confirme suite au «scepticisme» affiché par L'Opep, qui estime que la baisse des prix est due au surapprovisionnement du marché. Un surplus de production dû au non-respect par certains membres de l'organisation de leurs quotas décidés en commun accord. Même si le marché, de l'avis des analystes, avait une baisse d'un million de barils/jour, donc 200.000 b/j de moins, le prix a quand même chuté. Ce qui prouve que le mécanisme régissant les fluctuations du prix de l'or noir sur le marché international est bien plus complexe. L'Opep n'est, en réalité, qu'un facteur d'influence, parmi tant d'autres, sur le cours officiel. La Russie, second producteur mondial du brut et pays non-affilié à l'Opep, a pesé de tout son poids sur le marché en annonçant son intention de poursuivre sa politique d'augmentation de la production de pétrole. Son vice-ministre de l'Industrie et de l'Energie, Andrei Dementev l'a clairement signifié en déclarant que son pays n'a pas l'intention de s'entendre avec d'autres sur une éventuelle baisse de la production. Mieux encore, pour marquer sa différence, la Russie compte «l'augmenter, selon les plans prévus». Pour expliquer la nouvelle baisse des cours entamée jeudi dernier, les experts ont relevé que la plus grosse partie de la baisse de production était déjà intégrée par le marché international qui a anticipé sur le résultat du conclave tenu à Doha par les pays producteurs de pétrole. C'est ce qui explique aussi, l'intention de l'Opep de tenir une autre réunion, le 14 décembre prochain à Abuja (Nigeria), pour décider d'une autre baisse de production pour soutenir les prix. Mais ces intentions, affichées volontairement par l'organisation des pays producteurs, ne semblent pas inquiéter les experts en la matière dont Simon Wardell, analyste chez Global Insight, qui s'interroge si l'Opep «s'en tient à la décision annoncée ou si l'histoire va se répéter» et voir «l'Opep continuer à surproduire». Aux yeux de cet expert, «on dirait que les marchés penchent pour cette dernière hypothèse». Le baromètre du marché sera l'attitude des USA qui seront appelés à donner la réplique à cette décision de l'Opep. S'ils décident de puiser dans leur stock de réserve stratégique, les prix seront maintenus à un niveau bas et rendraient caduque toute initiative du cartel des pays producteurs. L'autre indicateur fiable qui pèse de tout son poids sur la réalité des prix sur le marché international est le respect par les membres de l'Opep des décisions prises par leur organisation. Sachant que plusieurs pays pratiquent un surplus de production qui enlève toute crédibilité à la politique officiellement déclarée en matière des prix. L'application de la décision prise à Doha est le premier test auquel sera soumis le Cartel du pétrole. Le second consiste en sa capacité à prendre une décision similaire et effectivement applicable au prochain conclave d'Abuja. Sans occulter les caprices de Dame nature dont les caprices d'un hiver dur mettraient à mal les resserves énergétiques des puissances mondiales appelées à accroître leur taux de consommation. Ce qui implique une incidence directe sur la demande, donc sur le prix.