Soixante-cinq personnes, des enfants pour la plupart, ont été tuées depuis samedi à El-Facher, dans la région soudanaise du Darfour, lors de bombardements des paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), selon un communiqué des comités locaux d'entraide publié lundi. Les FSR sont en guerre depuis plus de quinze mois contre l'armée soudanaise. Les combats sont particulièrement violents depuis début mai à El-Facher, capitale de l'Etat du Darfour-Nord et seule grande ville de cette région de l'ouest du Soudan à échapper au contrôle des paramilitaires. La Coordination des comités de résistance d'El-Facher a indiqué lundi que «les FSR ont tué en trois jours seulement plus de 43 enfants, 13 femmes et neuf hommes parmi les citoyens de la ville d'El-Facher.» «Plus de 70 roquettes ont été tirées en une seule journée par les milices Janjawid sur les hôpitaux, les logements, les mosquées et les marchés», ajoute le communiqué, faisant allusion aux FSR, héritières de la milice Janjawid, responsable de massacres au Darfour (ouest) dès 2003. «Aujourd'hui est l'un des jours les plus sanglants à El-Facher, pour la population civile, les mosquées et les hôpitaux, surtout l'hôpital Saudi», a écrit sur X le gouverneur de la région du Darfour, Mini Minawi. Il a ajouté que les FSR ont reçu «il y a deux jours un système de missiles via Geneina», la capitale du Darfour-Ouest. «Le silence de la communauté internationale est une honte.» Les tirs d'artillerie ont tué 22 personnes samedi, avait alors indiqué une source médicale de l'hôpital Saudi, qui a été la cible d'un violent bombardement. Afin de s'emparer d'El-Facher, les FSR ont assiégé la ville, piégeant des centaines de milliers de civils. La guerre qui oppose depuis avril 2023 l'armée, dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhane, aux FSR de son ex-adjoint, le général Mohamed Hamdane Daglo, a fait des dizaines de milliers de morts, certaines estimations faisant état de 150.000 personnes tuées, selon l'envoyé américain au Soudan, Tom Perriello. Elle a contraint plus de onze millions de personnes à fuir à l'intérieur du pays et à l'étranger, ravageant les infrastructures et poussant le Soudan au bord de la famine. Les deux camps ont été accusés de crimes de guerre pour avoir visé délibérément des civils et bloqué l'aide humanitaire. Dans un autre registre, Les FSR sont spécifiquement accusées d'avoir «violé individuellement et collectivement et forcé à se marier un nombre innombrable de femmes et de filles dans les quartiers résidentiels de la capitale soudanaise», affirme Laetitia Bader, directrice adjointe Afrique de HRW. Le rapport de 88 pages décrit également «des conditions qui pourraient s'apparenter à de l'esclavage sexuel». Si la plupart des témoignages pointent les FSR, l'armée est aussi mise en cause. Bien que «moins nombreux», les cas imputés à l'armée signalés à l'ONG ont «augmenté» depuis sa «prise de contrôle d'Omdourman», la banlieue nord-est de Khartoum, début 2024. HRW accuse spécifiquement les FSR de «crimes de guerre et de crimes contre l'humanité», et les deux parties de «crimes de guerre» pour leurs attaques sur le système de santé. «Les attaques des belligérants sur le système de santé et le personnel médical», couplées «aux restrictions imposées aux déplacements des civils, aux combats en cours dans les zones peuplées et à l'obstruction délibérée de l'aide» ont notamment rendu indisponibles «les soins de santé d'urgence après un viol», dénonce le rapport.