Incontestablement, la présence parmi l'assistance de M.Ahmed Taleb Ibrahimi a donné une dimension certaine au colloque. «Oui, la réconciliation nationale, prônée par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, est un combat de tous les Algériens qu'il faut faire aboutir. C'est de cette façon qu'on peut tirer les leçons de l'histoire et des erreurs du passé.» Les propos sont d'Ahmed Taleb Ibrahimi qui a tenu à être présent, hier, à Biskra, au premier colloque sur la lutte des Aurès contre le colonialisme français à l'époque d'Ahmed Bey. L'ancien ministre des Affaires étrangères a fait le déplacement pour signifier le respect qu'il voue à cette personnalité qui a marqué de son empreinte l'histoire de la résistance nationale contre l'occupant français. Dans sa conférence, M.Ahmed Taleb Ibrahimi n'a fait aucune allusion aux contraintes liées à son activité politique. Cela ne l'a pas empêché de faire appel à l'histoire pour donner des signes en direction des promoteurs de la réconciliation nationale. Un processus auquel il adhère mais qu'il veut débarrasser de certaines attitudes négatives commises par le passé. En bref, le discours est clair et significatif: tout ce qui peut contribuer au renforcement de la paix est le bienvenu. En un mot, M.Ahmed Taleb Ibrahimi est venu a Biskra pour lancer un seul message: «il faut éviter les erreurs du passé». En tant qu'ancien ministre auquel les observateurs attribuent une forte personnalité et une érudition avérée, M.Ahmed Taleb Ibrahimi n'est pas venu à Biskra pour donner son avis sur un passé glorieux certes, mais passé quand même. L'ère des antagonismes et des rivalités doit cesser. M.Ahmed Taleb Ibrahimi n'est pas un nouvel adepte de la réconciliation. L'on retiendra du colloque, outre la forte personnalité fédératrice de Ahmed Bey, l'épisode de son voyage de Constantine vers Qualaât Akbache, à Mizraâ, à 15km de la ville de Biskra. A quelques jours de l'anniversaire du 1er Novembre 1954, cette rencontre démontre, si besoin est, que la guerre de Libération nationale n'est pas le fait d'une génération spontanée, mais la résultante d'une multitude d'actions de résistance qui ont lieu aux quatre coins du pays. La région de Biskra, qui n'est pas en reste de la dynamique historique de l'Algérie combattante, a contribué de façon très active à l'insurrection nationale, dès la nuit du 31 octobre 1954. Aussi, le colloque évoquait toute l'histoire du mouvement national, le passé proche, le présent, voire l'avenir revenait dans les propos des intervenants. Incontestablement, la présence parmi l'assistance de M.Ahmed Taleb Ibrahimi a donné une dimension certaine au colloque qui a amené les participants à évoquer Si El Haouès, Mohamed Laïd Al Khalifa, décédé en 1977, autant de grandes figures de l'histoire du pays qui ont élu domicile à Biskra. Il y a lieu de rappeler, au passage, que Mohamed Laïd Al Khalifa, devenu persona non grata après l'indépendance, était en résidence surveillée dans cette ville. Et à son enterrement, seul M.Ahmed Taleb Ibrahimi, ministre de la République à l'époque, était parmi l'une des rares personnalités officielles à avoir fait le déplacement à Biskra. Cette ville rappelle également les noms de Khider et Chaâbani, qui ont été réhabilités par le président de la République. Le nom de Biskra évoque aussi quelques leaders du mouvement islamiste algérien. Dans ce contexte, la réconciliation nationale constituait à l'évidence tout un programme.