La canicule persiste en ce mois d'août, l'un des plus chauds de l'année. Une période de congé par excellence, où de grands rushs sont enregistrés sur les wilayas côtières. Une période de congé, sauf pour les secouristes ayant redoublé d'efforts pour sauver le maximum d'estivants. Les éléments de la protection civile sont en état d'alerte pour éviter que le décompte en termes de noyades ne s'alourdisse davantage. Dans ce sillage, il y a lieu de noter que 180 cadavres ont été repêchés depuis le 1er juin à hier. C'est ce que nous avons a appris, hier, le commandant Nassim Bernaoui, sous-directeur de l'information à la Direction générale de la Protection civile (DGPC). Selon le langage des chiffres, la fréquence des noyades a atteint des seuils des plus alarmants. «On recense pas moins de 60 420 interventions et 4 4076 personnes sauvées d'une noyade certaine», ajoute le commandant. Il s'agit d'un chiffre qui renseigne indirectement sur l'organisation, le niveau de préparation et de suivi à travers les moyens humains et matériels déployés. La Protection civile a, en effet, musclé cette année son dispositif de surveillance des plages. Le dispositif estival est colossal. 10 000 professionnels et saisonniers spécialement formés ont été mobilisés. Ils sont déployés dans les 455 plages autorisées à la baignade le long de notre vaste littoral. Les pompiers de la mer interviennent également sur les plages interdites à la baignade, et, le plus souvent, dans des situations où il est déjà trop tard. Il en ressort du même bilan que la majorité des victimes recensées depuis le début de l'été ont été enregistrées au niveau des plages non surveillées. «Nous avons enregistré 180 décès par noyade où 106 victimes dans des plages interdites à la baignade», souligne le commandant Bernaoui. «28 personnes sont décédées noyées hors des horaires de surveillance des plages, 20 autres dans des plages où le fanion rouge était dressé, 10 décès dans des plages où le fanion était orange», ajoute notre interlocuteur. Le bilan parvenu hier à notre rédaction est, en effet, très lourd et montre que le non-respect des consignes de sécurité mène inéluctablement à une mort certaine. «Certains estivants invités à sortir de l'eau réagissent mal. Hélas, d'autres préfèrent se diriger dans des plages interdites à la baignade et ce au péril de leur vie et c'est ce qui donne lieu à la catastrophe», témoigne le colonel Rachid Lattaoui. Notre interlocuteur, qui est le directeur de la Protection civile de la wilaya d'Alger, s'est livré à nous à coeur ouvert au sujet des causes à l'origine de ce phénomène ayant pris des proportions plus qu'alarmantes. Les moyens déployés dans la capitale sont, faut-il le noter, conséquents puisqu'il s'agit d'une wilaya qui recense un nombre très important en termes de plages. L'affluence des estivants, depuis le 1er août, a été considérable. Dans ce sillage, il y a lieu de noter que la wilaya d'Alger compte 61 plages autorisées à la baignade, et il existe celles qui sont très grandes, comme celle de CRF et Kheloufi à Zeralda. Selon le dernier bilan de la DGPC, Alger arrive en 3e position en termes des wilayas les plus touchées par le phénomène des noyades, avec 15 victimes. Mostaganem est la plus touchée avec 38 décès, suivie de la wilaya d'Oran avec 17 personnes noyées. De retour aux déclarations du DPC d'Alger, celui-ci sur le cas du dernier décès enregistré déclarera que «la dernière victime repêchée est originaire de Djelfa; un vieil homme qui s'est aventuré à se baigner dans une plage rocheuse». C'est le cas de la majorité des victimes, lesquelles sont originaires de l'intérieur du pays. Grâce aux infrastructures routières, il suffit de quelques heures pour rejoindre les côtes de l'Algérois pourprofiter d'une baignade. Il s'agit d'une donne prise très au sérieux par les secouristes. Mais pas que cela. Les embouteillages sont l'autre élément qui est sous la loupe du capitaine Mustapha. Yousfi, le chef du CCO. Le Centre est implanté au siège de la direction à El-Harrach, en face de l'hôpital Zemirli. Toutes les unités d'intervention mobilisées et prêtes à toute opération attendent le feu vert du capitaine. Le CCO est le cerveau de la direction. C'est ici que sont traités tous les appels. Le traitement des signalements d'intervention et le dispatching des moyens matériels et humains dépendent des décideurs de cette importante structure. Les ambulanciers, les plongeurs professionnels des trois unités marines spécialisées, à savoir l'Unité est de Tamentfoust; l'Unité Centre sise au port d'Alger; l'Unité Ouest implantée à Sidi Fredj n'attendent que la moindre sonnerie en provenance du Centre de Coordination des opérations (CCO). Au moindre signal, et face à n'importe quelle situation, le capitaine est alerté et sait parfaitement celui qui va rester et celui qui doit partir. «Nous n'avons pas de temps à perdre. En cas d'appel, et après l'évaluation de la situation sur le terrain, nous procédons à l'envoi des premiers éléments d'intervention qui sont les plus proches des lieux du drame. C'est ici qu'on planifie par avance les effectifs devant être prêts à intervenir dans le cas où la situation empirerait, et le temps nécessaire pour l'arrivée des secouristes est également pris en compte dans les plans d'action.»