Avec du suspense en exergue, le roman raconte l'histoire étrange de Ghalia et son époux Seddik, habité par une force surnaturelle... Une histoire de fantôme et d'exorcisme? Pas seulement. Après Les Rênes du destin paru en 1997 aux Editions l'Harmattan, le second livre de Fadéla Hamiroun, sorti récemment chez Casbah Editions, est passionnant car il vous tient en haleine tout au long de sa lecture. Il ne vous lâche pas. Avec du suspense en exergue, le roman raconte l'histoire étrange de Ghalia et son époux Seddik, habité par une force surnaturelle. Dès sa nuit de noces, Ghalia doit affronter une rivale mystérieuse. Un être rusé, possessif et... invisible. l'époux se dit possédé par un puissant esprit maléfique et jaloux. Pour sauver son mariage, Ghalia n'a d'autre moyen que de se lancer sur la piste de la créature mystérieuse. Qui est-elle? Ange, démon, fantôme d'une âme tourmentée? Une quête mouvementée mènera à la clé de l'énigme. Sur cette trame fantastique, l'auteur met en scène des personnages et des situations très proches de notre société...Voix fluette chuchotée par l'esprit caché, regard de feu, portes qui claquent, vent, pluie, course en pleine nuit dans un cimetière, traversant en courant la forêt, se recueillir devant une tombe, en plus des séances d'exorcisme, des halqa, des femmes cloîtrées, vivant comme au temps du Moyen-Age...Des ingrédients à sensations qui vous poussent jusqu'au bout de votre imagination. Vous vous surprenez à divaguer et penser déjà à un film fantastique avec la peur qui vous prend à la gorge...L'esprit maléfique, croit-on, est celui de Marie, fille des Lambert, morte lors d'un accident fâcheux en tombant de la rampe d'escaliers, à la maison, suite à une altercation avec son père. Celui-ci refusait qu'elle s'unisse avec un Arabe. Morte, on fera croire aux gens du village que Marie est partie étudier à Marseille et on l'enterra dans le cimetière des musulmans, loin des siens. Mais est-ce vraiment le fantôme de Marie qui habite Seddik, et plane au-dessus des gens? Et si, finalement, Marie n'avait rien à voir avec tout ça? Seddik serait un aliéné qui a perdu la raison à cause de son amour fou pour Marie justement...«Hors» de lui, après avoir tué Hamza, l'exorciste, polygame de Kaïfa, parti en colère contre l'imam Hadj Mansour, le père de Ghalia, Seddik est retrouvé à l'hôpital. Il a été tué par des chacals. Charlatanisme, traditions et modernité s'entrechoquent dans ce livre à rebondissement. L'obscurantisme est battu en brèche tout comme l'avidité et l'abus de pouvoir qui mène à la déperdition de l'être. Fadéla Hamiroun parle de réinterprétation des textes sacrés, du Coran, de la charia, enfin de tolérance et d'ouverture d'esprit. Du courage, il en fallait pour cette femme qui a osé de plus s'attaquer à un sujet aussi délicat comme l'exorcisme chez nous. L'aliénation, pôle central du roman, est traitée sous deux angles différents, qui se rejoignent finalement: l'une mentale et l'autre religieuse. Trame de ce roman, elle est décrite à travers cet être fou d'amour et l'autre fou de Dieu. Possessif et machiavélique, il se prend pour le nouveau prophète de l'Islam. Des situations, ô combien vraies, en effet, et que nous avons, hélas, rencontrées beaucoup ces dernières années et dont on a fait les frais...