L'espoir caressé par les anciens dirigeants de l'ex-FIS de se présenter aux échéances électorales vient de voler en éclats. Le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Nourdine-Yazid Zerhouni, vient de lever toute équivoque quant au retour sur la scène politique des anciens responsables du FIS dissous. Interrogé sur la volonté de certains responsables du parti dissous de se présenter aux prochaines élections, Nourdine Zerhouni a été catégorique en soulignant que «la Charte est claire. Elle dit que les responsables de la tragédie nationale sont exclus de la vie politique». En filigrane, les anciens responsables du FIS ne sont pas éligibles lors des prochaines échéances électorales. Et Zerhouni d'ajouter: «Il y a une loi et le rôle du gouvernement et des autorités est de l'appliquer.» Cette déclaration qui sonne autant comme une sentence que comme une mise au point, témoigne des divergences dans l'appréciation du dossier de l'islamisme radical en haut lieu. En effet, l'audience accordée par Belkhadem à Rabah Kebir est en soi un acte politique qui renseigne sur une «bénédiction» d'une frange du pouvoir pour un retour de l'ex-FIS, d'une manière ou d'une autre, à la vie politique. Zerhouni ne semble pas enclin à adopter une telle démarche et l'a bien fait savoir de manière solennelle. Le ministre de l'Intérieur s'appuie sur le chapitre consacré aux mesures destinées à consolider la réconciliation nationale, où il est stipulé dans son troisième point «tout en étant disposé à la mansuétude, le peuple algérien ne peut oublier les tragiques conséquences de l'odieuse instrumentalisation des préceptes de l'Islam, religion d'Etat». En outre, le même texte confère au peuple le droit «de se protéger de toute répétition de telles dérives et décide, souverainement, d'interdire aux responsables de cette instrumentalisation de la religion, toute possibilité d'exercice une activité politique et ce, sous quelque couverture que ce soit». Enfin, le même document réaffirme: «Le peuple algérien souverain décide également que le droit à l'exercice d'une activité politique ne saurait être reconnu à quiconque ayant participé à des actions terroristes et qui refuse toujours, et malgré les effroyables dégâts humains et matériels commis par le terrorisme et l'instrumentalisation de la religion à des fins criminelles, de reconnaître sa responsabilité dans la conception et dans la mise en oeuvre d'une politique prônant le pseudo ´´djihad´´ contre la Nation et les institutions de la République.» Se basant sur ces dispositions, le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales a été clair, net et précis. Certes, le retour de Rabah Kebir est un signe confortant l'idée que la réconciliation nationale est réelle dans son segment international. Mais que l'équation d'un retour «légal» d'un parti islamiste est une donne aléatoire dans son exécution comme le souligne Nouredine Zerhouni dans sa déclaration à l'APS, en marge de la cérémonie de présentation de voeux à l'occasion du 1er Novembre au président de la République, M.Abdelaziz Bouteflika, tenue au Palais du peuple à Alger. La déclaration de Zerhouni vient contredire celle de Madani Mezrag qui avait affirmé que «les anciens de l'ex-FIS vont se présenter aux prochaines élections sous les couleurs d'un autre parti». Le fait d'interdire tout retour sur la scène politique des responsables de l'ex-FIS, renseigne sur la volonté des autorités d'éviter au peuple un retour aux années quatre-vingt-dix. Dans ce contexte, l'idée «suggérée» récemment à Rabah Kebir de présenter des candidatures aux prochaines élections législatives, par le biais de listes indépendantes ou de partis politiques n'a pas de chance de se concrétiser. Par ailleurs, dans une réplique aux propos des dirigeants de l'ex-FIS et de Ali Benhadj qui jurait que le FIS reviendra sur la scène politique, Ouyahia avait affirmé: «J'ai la sérénité de quelqu'un qui a fait campagne en faveur de la Charte. Une Charte approuvée par le peuple et éclaircie par la loi (...) Ce ne seront pas les agitations de ces derniers jours qui feront que la loi ne sera pas appliquée. Et à ces déclarations je réponds simplement: qui vivra verra!». Concernant les prochaines échéances électorales, Nouredine Zerhouni a précisé «Les élections législatives auront lieu fin mai, juste avant la fin du mandat de l'actuelle Assemblée, et les élections locales en octobre». Quant à la date du référendum portant révision de la Constitution, M.Zerhouni n'a avancé aucune date. «Le problème, a-t-il déclaré, est de le situer, compte tenu des échéances des législatives et des locales.» Et d'ajouter, «cela sera difficile de tenir le référendum avant la fin de l'année parce qu'il y a des délais concernant la convocation du corps électoral qui doit se faire 45 jours avant». «Cela me paraît difficile avant le 31 décembre, mais bon! on verra bien», a-t-il précisé.