Il n'y aura pas de retour du FIS dissous, pas non plus de ses cadres à l'activité politique sous quelque forme que ce soit. Le dossier vient encore une fois de se refermer définitivement, par le Chef du gouvernement, M. Belkhadem, après la vague d'agitations soulevée par le tandem Mezrag-Kébir. En effet, M. Belkhadem a rappelé dimanche et confirmé “la sentence” populaire du 29 septembre 2005, lors du référendum sur la Charte pour la paix et la réconciliation nationale qui exclut, dans un article, toute possibilité du retour à l'activité politique de tous ceux qui sont impliqués dans les affaires de terrorisme et qui ont bénéficié de ses dispositions. “La mesure adoptée par le peuple par voie référendaire était irréversible”, a indiqué le Chef du gouvernement. À son retour d'Allemagne, Rabah Kébir avait été reçu pendant des heures par Abdelaziz Belkhadem, ainsi que par d'autres responsables, avait déclaré l'ex-responsable de la délégation exécutive du FIS à l'étranger. Il avait d'ailleurs insinué dans une conférence de presse l'approbation de ses interlocuteurs pour un éventuel retour des anciens du FIS à la vie politique. Il n'avait pas non plus exclu l'idée de la création d'un parti politique. Mais le moment n'est pas propice, avait-il expliqué. Par ailleurs, l'ancien chef de l'AIS, devenu son compagnon durant son séjour à Alger, a souvent acquiescé, mais n'a pas raté une seule fois dans ses rares sorties médiatiques de clamer son intention de réinvestir la scène politique, arguant que cela est inclus dans l'accord passé entre l'AIS et l'ANP. Le show n'a pas duré longtemps, mais juste assez pour organiser un mini-conclave à Aïn Defla qui a regroupé, entre autres, les anciens chefs des groupes terroristes. Outre l'idée de contribuer à convaincre les terroristes du Gspc de déposer les armes, grosso modo, il a été question de trouver le moyen de revenir en politique. Mezrag précisera d'ailleurs que le parti envisagé n'aura rien à voir avec le FIS dissous. En prenant cette précaution, les initiateurs du conclave voulaient manifestement exercer une pression supplémentaire sur les autorités pour les faire céder. Kébir ira jusqu'à “proclamer” sa conversion à la véritable démocratie moderne. La mode affectera de nombreux responsables, repentis et élargis de l'ex-Fis. Cela malgré les rappels à l'ordre et les avertissements officiels. Cependant, l'agitation se poursuivra alors que des responsables politiques n'ont pas cessé de marteler que la requête en question est irrecevable. Le ministre de l'Intérieur, M. Yazid Zerhouni, avait pourtant, bien avant, clos le dossier de l'ex-Fis. Le président de la République avait, dès sa campagne électorale, clarifié sa position à ce sujet. Il n'était pas question que le parti dissous soit réhabilité. Ce qu'il confirmera dans la Charte pour la paix et la réconciliation nationale. Plus tard, Ahmed Ouyahia réaffirmera la même position dans toutes ses sorties. Il se fera plus explicite en répondant à partir de Boumerdès que “Kébir ne peut pas créer de parti politique”. De son côté, le MSP adoptera le même langage même s'il est soupçonné de tentative de récupération de la base du FIS dissous. Toutefois, Belkhadem qui répond tardivement à la question a précisé qu'il ne s'agit pas d'exclure un quelconque courant de la vie politique nationale. La présence de deux partis islamistes, le MSP au pouvoir et El-Islah dans l'opposition suffisent à expliquer la situation. Autrement dit, ce n'est pas l'idée de la présence de partis politiques de cette mouvance qui pose problème, mais l'idée de revenir à un parti similaire au FIS dissous qui sera créé par ceux-là mêmes qui l'avaient fondé. Ainsi le dossier vient d'être encore une fois enterré en attendant la prochaine conjoncture pour le voir resurgir pour occuper un temps le débat. Djilali B.