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Le «syndrome post-bled» !
Après un été magnifique en Algérie, nos émigrés font face à la réalité
Publié dans L'Expression le 29 - 09 - 2024


L'Algérie, le paradis qui rend malade.
Sur la Toile, notre diaspora fait part de sa déprime après son retour du «bled». Les témoignages se suivent et se ressemblent : c'est bien plus
qu'une destination de vacances, c'est devenu un refuge, un endroit où ils peuvent se reconnecter avec
eux-mêmes, se ressourcer, guérir…
Les «émigrés» en force! Cet été, l'Algérie a vu déferler sur ses côtes et ses montagnes un nombre record de visiteurs venus des quatre coins de la diaspora. Jeunes et moins jeunes ont pris la direction du «bled». Pour beaucoup, c'était l'occasion de renouer avec leurs racines, de ressentir le lien profond qui les unit à cette terre, malgré les années passées à l'étranger. Pour d'autres, c'était une première, une aventure dans un univers inconnu qu'ils ne connaissaient que par les récits de leurs parents ou grands-parents. «Je suis née en France, et c'était la première fois que je posais le pied en Algérie», se souvient Leïla, 26 ans, étudiante à Lyon. «C'était comme un retour aux sources, même si je n'avais jamais été là-bas avant. Dès que je suis sortie de l'aéroport, j'ai ressenti une sorte de familiarité, quelque chose qui m'a fait chaud au coeur», souligne cette jeune «beurette». Pour cette jeune fille issue de la troisième génération d'émigrés, ce séjour a été une immersion totale dans une culture, une histoire et des traditions qui faisaient écho à tout ce qu'elle avait entendu depuis son enfance. «Voir les paysages, les gens, entendre l'accent algérien... c'était comme une révélation. Je me suis senti connectée à quelque chose de plus grand, comme si j'avais enfin trouvé ma place», soutient cette future sociologue.
La «dolce vita» version DZ
Pour d'autres, ce retour au bled était l'occasion de renouer avec une Algérie qu'ils n'avaient pas vue depuis des années. «Je n'étais pas revenu depuis cinq ans», raconte Rachid, 54 ans, manutentionnaire à Paris. «La première chose que j'ai faite en arrivant, c'était de rendre visite à ma famille. Les embrassades, les larmes de joie... c'était un moment d'une intensité incroyable. Il n'y a rien de comparable à ces retrouvailles, après tant de temps passé loin de chez soi», rapporte-t-il. Pour la génération Z, les jeunes nés et élevés en Europe, ce séjour au bled a été une découverte sous un autre angle. Habitués à un mode de vie souvent trépidant, parfois stressant, ces jeunes ont trouvé en Algérie une bouffée d'air frais, une vie pleine de couleurs, de saveurs et de possibilités. «Je m'attendais à un pays un peu vieillot, traditionnel», admet Souhila, 22 ans, étudiante en droit à Lille. «Mais en fait, c'était tout le contraire! Alger, Oran, Annaba... C'est dynamique, moderne, ça bouge dans tous les sens. J'étais impressionnée par tout ce que le pays avait à offrir», se remémore-t-elle avec une grande nostalgie. Ces jeunes ont découvert une Algérie qui a su conjuguer traditions et modernité, où les restaurants branchés côtoient les vieux cafés, où les plages sont le théâtre de journées festives et où les soirées s'étirent jusqu'au petit matin dans les boîtes de nuit les plus huppées. «C'était la dolce vita, mais version algérienne», sourit Amine, 24 ans, designer graphique à Marseille. «On passait nos journées à la plage, nos soirées dans les meilleurs restos et on finissait la nuit dans les clubs. On vivait comme des princes!» raconte-t-il avec des coeurs dans les yeux.
Le symbole «El Mordjane»
Ce style de vie a rapidement été immortalisé sur les réseaux sociaux. TikTok, Instagram, Snapchat... Les jeunes émigrés n'ont pas manqué de partager chaque instant de leurs vacances. «Je voulais montrer à mes amis en France ce qu'était vraiment l'Algérie», explique Yasmina, 23 ans, micro-influenceuse et créatrice de contenu. «On n'entend souvent que des clichés négatifs sur le bled, mais moi, je voulais partager la beauté, la modernité, l'énergie de notre chère Algérie», poursuit-elle. Parmi les nombreux souvenirs que ces jeunes ont ramenés de leur voyage, il en est un qui a particulièrement marqué les esprits: la pâte à tartiner El Mordjane. Ce produit 100% algérien, autrefois confiné aux étagères des épiceries locales, a connu un succès fulgurant grâce aux partages sur les réseaux sociaux. «Je n'avais jamais goûté quelque chose d'aussi bon», s'exclame Nassim, 20 ans. Comme lui, nos «émigrés» ont partagé avec ferveur des vidéos où il l'a comparait à Nutella. Des influenceurs aux citoyens lambda. Ça a explosé! Aujourd'hui, tout le monde en parle en France. Ce buzz inattendu a même eu des répercussions politiques. Les politiques français ont dû intervenir pour protéger leur marché. Ils ont interdit cette pâte à tartiner. Mais c'était trop tard car, pour nos «émigrés», El Mordjane est devenue un symbole de l'Algérie moderne, un pays qui sait marier traditions et innovation, et qui n'a rien à envier aux géants de l'agroalimentaire.
Les «déprimés du bled»!
Mais toutes les bonnes choses ont une fin, et pour ces émigrés, le retour en France a souvent été difficile, voire traumatisant. «Dès que j'ai franchi la porte de mon appartement à Paris, j'ai senti un vide énorme», confie Malik, 36 ans, cadre dans une entreprise de communication. «Les bruits de la ville, le rythme effréné, le ciel gris... Tout m'a semblé si oppressant après les semaines passées au soleil, entouré de ma famille. C'était comme un choc thermique, mais émotionnel», raconte-t-il avec un air des plus déprimés. Ce sentiment, qui a touché de nombreux émigrés de retour du bled, a rapidement été nommé le «syndrome post-Algérie». «C'est un vrai phénomène», explique Yacine. «On ressent tous le même malaise: une déprime profonde, une sensation de vide, de nostalgie. C'est comme si on laissait une partie de nous là-bas, et que l'on n'arrive plus à se réadapter à la vie en France», rétorque ce jeune homme qui ne sort plus de chez lui. Les témoignages sur les réseaux sociaux abondent, créant une communauté de «déprimés du bled» qui partagent leur expérience. «Je ne pouvais plus sortir de chez moi», raconte Sarah, 27 ans, assistante maternelle à Marseille. «Je restais enfermée, je revoyais les vidéos de mes vacances en boucle, je pleurais en repensant à ce que j'avais laissé derrière moi. Mon mari a dû poser un arrêt de travail, tellement il était affecté lui aussi. C'était comme un deuil», dit-elle avec une grande nostalgie. Pour certains, la situation a été si grave qu'ils ont dû consulter des médecins, incapables de reprendre leur vie normale. «J'ai fait un burn out», admet Karim, 35 ans, habitant à Roubaix. «J'avais l'impression que tout ce qui m'entourait était gris, terne. J'étais nostalgique, mais c'était plus profond que ça. C'était comme un gouffre intérieur que rien ne pouvait combler», se désole-t-il.
Une seule thérapie: Hamoud, sardine et soleil
Face à ce malaise profond, certains émigrés ont trouvé une solution radicale: retourner en Algérie. «C'était ça ou je tombais en dépression», explique Samir, 38 ans, célibataire vivant à Mulhouse. «La semaine dernière, j'ai pris un billet pour Alger. Je n'en pouvais plus de la grisaille, du stress, du train-train quotidien. J'avais besoin de retrouver la chaleur, la lumière, les saveurs du bled. Et ça a marché. Je me suis ressourcé, j'ai retrouvé le sourire», atteste-t-il avec un large sourire. «Juste sentir «rihate el-bled» (l'odeur du pays)», suffit à mon bonheur. Cette «thérapie du bled» est devenue une véritable tendance parmi les émigrés. «Quinze jours après mon retour en France, j'ai refait un aller-retour pour Alger, un week-end prolongé pour retrouver le plaisir de vivre», confie Lamia, 28 ans, installée à Clermont Ferrand. «Je ne pouvais plus supporter la déprime. Retrouver les plages, les soirées entre amis, les petits déjeuners avec de la Mordjane... C'était comme une cure de jouvence. En quelques jours, je me suis senti revivre», affirme-t-elle sans ambages. Pour ces émigrés, l'Algérie n'est plus simplement une destination de vacances. C'est devenu un refuge, un endroit où ils peuvent se reconnecter avec eux-mêmes, se ressourcer, guérir. «Le bled, c'est notre remède», affirme «Kaghim», avec un sourire nostalgique. «On y retourne pour se retrouver, pour se rappeler qui on est, d'où on vient. Et chaque fois qu'on repart, on emporte avec nous un peu de ce bonheur, en espérant que ça nous suffira jusqu'au prochain voyage», conclut-il avec une émotion que l'on lit sur leurs yeux. Pour lui, et les autres, le paradis se résume en un plat de sardines accompagné d'un verre de Hamoud sous le beau soleil d'Alger... Quand on les en prive, ils sont atteints par le syndrome post-Algérie. Plus qu'un simple phénomène, il incarne le tiraillement d'une génération entre deux mondes: celui du bled, où tout semble possible, et celui de l'Europe, où la réalité se fait parfois lourde à porter. Mais pour ces émigrés, une chose est certaine: ils ne cesseront jamais de revenir, encore et encore, à cette terre qui les guérit et les fait se sentir pleinement vivants. Parce qu'au-delà des frontières et des années l'Algérie reste leur boussole, leur repère, le lieu où leur coeur trouve enfin la paix. C'est un «remède» qui se transmet de génération en génération.


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