Il a marqué le XXe siècle de l'Algérie par sa pensée et son action. «Psychiatre et écrivain martiniquais, il s'était joint à nous dans notre combat libérateur, pour le triomphe du droit à la liberté et à la justice. Ami personnel et compagnon de combat de Fanon, je me dois de témoigner sur l'homme et sur le militant, de lui rendre hommage et de participer ainsi à enrichir notre histoire, d'autant que nous sommes aujourd'hui à quelques semaines de la célébration du 50e anniversaire du déclenchement de notre révolution».C'est avec ces mots du président de la République, lus par M.Abdelkader Khomri, président du Groupe presse et communication, que fut ouvert dimanche le colloque sur la vie et l'oeuvre de Frantz Fanon. Olivier Fanon, Rédha Malek, Vergès , Khomri ainsi que nombre de révolutionnaires et psychanalystes étaient tous présents afin de rendre hommage à ce grand penseur, visionnaire mais aussi révolutionnaire. «Frantz Fanon est le produit de la Révolution, 50 ans après, son message est toujours présent. Il avait une vivacité d'esprit peu commune et il voulait intégrer complètement l'Algérie, la cause des Algérien, était devenue la sienne quand il a commencé à soigner les prisonniers à l'hôpital de Blida» a déclaré Rédha Malek. M.Khomri nous présenta la biographie de ce révolutionnaire. Frantz Fanon est né à Fort-de-France le 20 juillet 1925. Médecin psychiatre, écrivain, combattant anti-colonialiste, Frantz Fanon a marqué le XXe siècle de l'Algérie par sa pensée et son action, en dépit d'une vie brève frappée par la maladie. Frantz Fanon fit ses études supérieures à la faculté de médecine de Lyon et fut nommé, en 1953, médecin-chef de l'hôpital psychiatrique de Blida. Il avait déjà publié, en 1952, Peaux noires, masques blancs. En 1956, deux ans après le déclenchement de la guerre de Libération nationale en Algérie, Frantz Fanon choisit son camp, celui des colonisés et des peuples opprimés. Il remet sa démission de son poste à l'hôpital et rejoint le FLN en Algérie. «Il eut d'importantes responsabilités au sein du FLN» témoigne M.Rédha Malek. Membre de la rédaction de son organe central, El Moudjahid, il fut chargé de mission auprès de plusieurs Etats d'Afrique noire puis ambassadeur du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA) au Ghana. Il échappa à plusieurs attentats au Maroc et en Italie. «Jusqu'à sa mort, Frantz Fanon s'est donné sans limites à la cause des peuples opprimés». Il s'éteint à Washington le 6 décembre 1961, à l'âge de 36 ans, des suites d'une leucémie et est inhumé au cimetière des Chouhadas de Tunis. Les damnés de la Terre était entre autres au centre du débat. Au moment où certaines archives demeurées longtemps secrètes de la guerre d'Algérie s'ouvrent enfin et que les historiens font éclater de part et d'autre la vérité sur un conflit qui n'a pas encore révélé ses aspects les plus sombres, ce «classique de la décolonisation», publié pour la première fois en 1959 et sans cesse réédité jusqu'aux années quatre-vingt, connaît une nouvelle actualité. Ce livre est né de l'expérience accumulée au coeur du combat, au sein du FLN. Car Frantz Fanon avait choisi de vivre et de lutter parmi des colonisés comme lui, en Algérie, pays du colonialisme par excellence. Texte militant, cet ouvrage fut aussi la première analyse systématique de la transformation qui s'opérait alors au sein du peuple algérien engagé dans la révolution. Ce texte, parmi les tout premiers aux Editions Maspero, décrit de l'intérieur les profondes mutations d'une société en lutte pour sa liberté. Ces transformations, la maturation politique et sociale, ignorées par les colons alors qu'elles étaient justement les fruits de la colonisation et aussi «l'humiliation, présidèrent pourtant largement au système colonial et son projet utopique d'un tiers-monde révolutionnaire porteur d'un «homme neuf» restent un grand classique du tiers-mondisme, l'oeuvre capitale est le testament politique de Frantz Fanon». Frantz Fanon, cet humaniste et militant de toutes les causes justes, demeure indiscutablement le grand ami des Algériens et l'un des symboles de la révolution à côté du grand Maurice Audin, René Vautier et Henri Alleg. En réponse à tous ceux qui contestaient le militantisme de Frantz Fanon, les annales de l'histoire de l'Algérie démontrent décidément la non-vraisemblance «des illusions» avancées.