Les statistiques de la gendarmerie révèlent que 87 affaires liées au trafic de fausse monnaie ont été enregistrées durant le premier trimestre de l'année. Des experts algériens devront prendre part au séminaire euro-méditerranéen de lutte contre les faux-monnayeurs qui se tiendra en France du 7 au 9 du mois courant. Il est attendu, à cette occasion, que des magistrats et des policiers de 16 pays de l'Union européenne se penchent aux côtés de spécialistes de la zone méditerranéenne, sur les moyens devant aboutir à la protection de l'euro. Ce dernier, depuis son adoption en tant que monnaie unique par 12 pays européens en 2002, est devenu l'une des cibles privilégiées des contrefacteurs de tous les pays du monde. Mais au-delà de cet objectif qui profite tout particulièrement aux membres de l'UE, le séminaire est un rendez-vous à ne pas rater pour les experts nationaux qui font face, ces dernières années, à une propagation vertigineuse de ce phénomène. En effet, les quantités de faux billets saisies par les différents services de sécurité ne cessent d'augmenter. Tout récemment, au mois de septembre dernier, pas moins de 5 milliards de centimes en faux billets ont été saisis par la Gendarmerie nationale dans la ville d'Oran. Ce coup spectaculaire, qui a permis le démantèlement d'un réseau national spécialisé dans ce genre de trafic, a été suivi un mois après par la saisie de plus de 39 millions de dinars dans la wilaya de Tlemcen. Cela en plus de la trentaine de milliers de faux euros saisis, deux mois auparavant, une fois encore dans la ville d'Oran et le coup effectué par les éléments de la gendarmerie au niveau de la wilaya de Souk-ahras, assorti de la saisie d'un millier de faux euros. La wilaya de Naâma, s'est distinguée, de son côté, par une activité dense des faux-monnayeurs. Cette région steppique a connu depuis le début de l'année, l'arrestation de pas moins de 15 personnes impliquées dans des affaires traitant de la mise en circulation de la fausse monnaie. Des affaires qui ont permis la saisie de plus de 500 millions de centimes en une seule opération, intervenant quelques semaines avant un autre coup ayant conduit les éléments de la Sûreté nationale à mettre la main sur une somme de 14.500DA de faux billets en coupures de 500DA. Dans l'est du pays, 520 faux billets en coupures de 1000DA, ont été saisis à Guelma, le mois de février dernier, où 15 personnes ont été arrêtées. Chlef, Constantine, Biskra et Djelfa ont été les théâtres d' affaires similaires au courant de cette année où des fausses monnaies en dinar, en euro et même en dollar ont été saisies avec les matériels appropriés à leur confection. Il a été constaté, par ailleurs, le recours de plus en plus remarqué des faux-monnayeurs à la falsification des billets en coupures de 100 et de 200 dinars. Un procédé visant à contourner la vigilance des commerçants, premières victimes de ce phénomène, qui se montrent très attentifs quand il s'agit d'encaisser des billets de 1000 ou de 500DA. A titre d'exemple, le mois d'octobre dernier, les éléments de la gendarmerie de la wilaya d'El-Tarf ont démantelé un groupe de malfrats composé de quatre Algériens et un ressortissant nigérian en possession d'une soixantaine de pièces de fausse monnaie de 100DA et 1270 autres en cours d'usinage au côté d'une dizaine de billets de la même valeur. L'ascension alarmante de cette forme de criminalité des plus nuisibles à l'économie nationale, se manifeste encore plus, en comparant les chiffres de l'année courante avec ceux de 2005. Les statistiques de la gendarmerie révèlent que 87 affaires liées au trafic de fausse monnaie ont été enregistrées durant le premier trimestre 2006, en accroissement de près de 40% par rapport à la même période en 2005. S'agissant de personnes arrêtées, la même source fait état d'une hausse avoisinant les 60% au premier trimestre 2006, par rapport à la même période de l'année 2005. Rien que pour le premier trimestre de l'année en cours, il a été avancé, par les services de la gendarmerie, la saisie de pas moins de 2 millions de dinars et l'arrestation de plus de 130 personnes impliquées dans des affaires de faux enregistrées sur l'ensemble du territoire national. Des chiffres qui donnent le tournis si l'on prend en compte le laps de temps durant lequel est enregistrée cette excessive augmentation. Il est à indiquer, également, l'implication récurrente de ressortissants africains dans la confection et la mise en circulation des fausses monnaies. Les affaires de faux-monnayeurs sont liées, confirme un responsable de la gendarmerie du groupement d'Alger, dans de nombreux cas, aux affaires inhérentes à l'immigration clandestine. Il y a lieu de dire, en fin de compte, que la prolifération de ce fléau profitant des progrès sans cesse innovants dans les domaines de l'impression, ne peut être combattue sans le perfectionnement des techniques et du savoir-faire du personnel de la Banque centrale et des services chargés de sa répression. Ce séminaire euro-méditerranéen, dédié à la protection de l'euro ne peut être que profitable à nos spécialistes d'autant plus que la rencontre s'appuiera sur des illustrations concrètes des plus récentes d'entre les techniques utilisées par les contrefacteurs de tous horizons.