Un nouvel ambassadeur européen en Algérie: une ère de rééquilibrage économique en vue? Lundi dernier, Diego Mellado Pascua a remis ses lettres de créance au président de la République, Abdelmadjid Tebboune. Cette nomination intervient à un moment crucial des relations entre les deux parties, marqué par la volonté de l'Algérie de réviser l'Accord d'association avec l'UE, un accord longtemps critiqué pour son déséquilibre économique au détriment d'Alger. Lors de cette rencontre officielle, Diego Mellado Pascua a réitéré l'importance du partenariat entre l'Algérie et l'Europe, en soulignant la volonté de l'UE de renforcer la coopération économique et politique. «L'Algérie est un partenaire privilégié, essentiel et fondamental de l'UE», a-t-il déclaré, en mettant en avant les liens historiques et stratégiques qui unissent les deux parties. Mais au-delà des discours diplomatiques, une question persiste: cet élan affiché vers un partenariat «renforcé» est-il suffisant pour combler les divergences économiques qui existent entre les deux partenaires? Depuis plusieurs années, l'Algérie demande la révision de l'Accord d'association signé en 2005. Ce texte, censé favoriser un partenariat gagnant-gagnant, est perçu aujourd'hui par Alger comme un levier d'asymétrie économique au profit de l'Europe. Malgré des ajustements mineurs obtenus récemment, le déséquilibre persiste. Pour l'Algérie, la révision de cet accord est désormais un préalable non négociable à toute nouvelle phase de coopération. «Rien ne pourra se faire sans cette révision», a souvent martelé le président Tebboune, plaçant cette question au centre des relations avec l'UE. Il est clair que pour l'Algérie, la révision de cet accord est cruciale pour rééquilibrer les échanges économiques. Les chiffres sont éloquents: entre 2005 et 2022, l'UE a exporté pour plus de 220 milliards de dollars vers l'Algérie, tandis que les exportations algériennes hors hydrocarbures ne dépassaient pas les 14 milliards de dollars. Un écart immense, synonyme d'un manque de réciprocité économique. Les autorités algériennes dénoncent une stratégie pour maintenir la dépendance économique du pays vis-à-vis des importations européennes, tout en freinant l'émergence d'une industrie locale compétitive. «C'est une menace pour la production européenne», estiment certains experts, pointant du doigt l'énergie et la main-d'oeuvre algérienne, toutes deux à bas coût, comme des atouts majeurs pour rendre les produits algériens très compétitifs. Face à cette situation, l'Algérie se montre plus déterminée que jamais à redéfinir les bases de sa relation avec l'Union européenne. Pour les autorités, «la fin de la récréation a sonné». Cette expression traduit la volonté du gouvernement de ne plus accepter des accords déséquilibrés. Le pays cherche désormais des partenariats basés sur le respect mutuel, la réciprocité et l'équité. Cette détermination s'est également manifestée dans le cadre du projet de Gazoduc transsaharien. L'Algérie propose à l'Europe un approvisionnement sécurisé en gaz naturel, pétrole et énergies renouvelables, un geste de bonne volonté qui pourrait renforcer les liens économiques. Pourtant, malgré ces propositions concrètes, l'UE semble parfois nostalgique de l'époque où elle profitait d'un partenariat à sens unique, sans véritable engagement en faveur de l'équilibre économique. Pour Alger, il est clair qu'un nouveau chapitre doit s'ouvrir dans ses relations avec Bruxelles, un chapitre où les deux parties bénéficieraient réellement des échanges commerciaux. La révision de l'Accord d'association est vue comme la clé de voûte de cette nouvelle ère. Si l'UE souhaite continuer à renforcer ses liens avec Alger, elle devra répondre à cette demande. Pour l'heure, le nouvel ambassadeur Diego Mellado Pascua a tenté de rassurer, affirmant que l'Union européenne était prête à travailler main dans la main avec l'Algérie. Mais au-delà des mots, les Algériens attendent des actions concrètes. «Nous sommes prêts à discuter, à négocier, mais cela doit se faire sur des bases équitables», ne cesse marteler le chef de l'Etat lors de ses rencontres avec les déférents représentants européens. Le temps des promesses non tenues est révolu, et l'heure du rééquilibrage a sonné...