Les intervenants apportent plus de questions que de réponses. Y a-t-il une société civile? La question mérite d'être posée en marge des journées d'étude organisées par le Conseil de la nation sur le thème «Le Parlement et la société civile», un représentant de l'Académie de la société civile répond: «Elle n'est pas encore constituée; elle n'est qu'à son début». La ministre déléguée à la Famille, Nouara Djaâfar, martèle qu'elle existe et qu'elle est «très présente». La preuve, elle dit être le «produit» de cette société civile, «très active». Le ministre du Travail, Tayeb Louh, souligne sa bonne santé. Il a emprunté ses couloirs avant d'arriver au gouvernement. Mais il a milité dans un secteur sensible. Syndicaliste des magistrats, il considère que la société civile a joué un grand rôle. A l'occasion, il estime que les médias et la justice constituent les piliers de la démocratie. Les intervenants de la matinée d'hier ont insisté surtout sur la relation qui puisse exister entre les institutions législatives et la société civile. Il ressort des débats une nette préoccupation sur les limites à marquer d'une pierre blanche entre la politique et l'action civique. Certains retournent aux sources, aux années de l'Infitah des années 80, lorsque le gouvernement avait décidé, en 1987, de créer les associations. Un intervenant estime que le multipartisme qui est venu deux années plus tard, n'a pas laissé la société civile se constituer. Les bouleversements politiques l'ont projetée au-devant de la scène au point où elle s'est retrouvée chargée de jouer le rôle qui n'est pas le sien. On se souvient de l'Ugta et des associations de masse qui se sont jetées corps et âme dans l'arène pour pallier au «déficit politique», selon l'avis de ses promoteurs. L'autre question soulevée concerne le poids de l'argent et des fortunes sur son rôle. On lance à gauche et à droite des pistes de réflexion qui ne manqueront pas d'être débattues. Les parlementaires ont préféré mettre l'accent sur la relation entre le Parlement et la société civile. Le sénateur Souilah Boudjemaâ considère qu'une action «indirecte» se fait par le biais des journées d'étude qu'organise le Parlement ou les médias qui constituent le vecteur de transmission de l'information. Un autre universitaire rappelle le rôle joué par la société civile de par le monde. Il cite le cas de Solidarnost en Pologne qui fut à l'origine de changements politiques majeurs dans le bloc de l'Est et dans le monde. Ce dernier énumère des carences qui sont liées au manque de culture civique et, en conséquence, une démobilisation de la société. Le sénateur Abderazak Bouhara rappelle que la société civile était très active au temps du parti unique. «On n'était pas dans une démocratie mais la société civile a joué pleinement son rôle». Il considère que «le corps politique, le corps social et le pouvoir» qui s'imbriquent et s'opposent sont la résultante de l'oeuvre démocratique.