Il y a handicap en matière d'application des textes de loi. Les responsables des institutions officielles de lutte contre la propagation de la drogue en Algérie sont de nouveau sous les feux de la rampe à la faveur de l'ouverture, hier, à Alger, des travaux du séminaire international traitant de la thématique de la prise en charge des toxicomanes en milieu carcéral. Cette manifestation qu'abritera, deux journées durant, l'Ecole supérieure de magistrature, a été rehaussée par la participation de l'ex-procureur général de la République, M.Abdelmalek Sayah, fraîchement désigné par décret présidentiel à la tête de l'Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie. Concerné de près par la tenue de ce séminaire, voulu d'une portée internationale, de par son organisation en collaboration avec les représentants de l'Unicef à Alger, le directeur de l'administration pénitentiaire et de la réinsertion sociale des détenus a été également, parmi les invités de marque de cette initiative. De celle-ci, deux précisions de taille sont à relever. Il est question d'abord de la montée exponentielle du fléau de la consommation de la drogue dont le développement spectaculaire en Algérie est loin d'épargner les centres de détention, pourtant considérés comme étant des établissements fermés ou en rupture de contact avec le monde extérieur. L'autre enseignement tiré concerne le manque criant d'infrastructures de désintoxication médicale, de même que le défaut d'application par les magistrats des textes de loi allant dans le sens de l'encouragement de la prévention contre la consommation de la drogue. En effet, il est reproché, notamment, de la part de M.Sayah qui a lancé des flèches virulentes contre ses anciens collègues parmi les magistrats de la République, le fait que ces derniers ne font guère valoir l'application des articles 7 et 8 de la loi sur la prévention et la répression de la toxicomanie, adoptée par le gouvernement algérien en décembre 2004. Lesquels articles stipulent, noir sur blanc, la possibilité pour les procureurs de la République de décider du placement des jeunes condamnés pour le motif de consommation de drogue au sein des centres hospitaliers de désintoxication au lieu de les renvoyer systématiquement en prison. «Il y a un handicap en matière d'application des ces textes de loi» lâchera, sans ambages, à ce sujet M.Abdelmalek Sayah. Et sa déclaration n'est qu'une confirmation de plus au sujet des dysfonctionnements frappant l'exercice de la fonction judiciaire. Pour preuve, dans le sillage de l'application des recommandations contenues dans la stratégie de réforme du secteur judiciaire, la corporation des juges a déjà été stigmatisée au sujet de son recours abusif à la détention préventive. Et voilà qu'un ancien camarade de parcours en la personne de M.Sayah, n'a pas hésité à tirer à boulet rouges sur les juges de la République à propos «des handicaps» constatés dans la prononciation de verdicts à l'encontre des jeunes toxicomanes, victimes d'un fléau incurable. Un verdict qui se traduit, essentiellement, par une décision d'emprisonnement dans la majorité des cas. M.Sayah a aussi indiqué qu'un taux de 12, 66% parmi la population carcérale, soit 42.000 détenus, s'adonnent à la consommation de la drogue, notamment les psychotropes, à l'intérieur même des prisons. L'intervenant s'est gardé néanmoins, de faire le moindre commentaire au sujet de la manière par laquelle cette drogue est acheminée jusqu'à l'intérieur des prisons.