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«L'après-Bush» commence sous Bush
AU LENDEMAIN DES ELECTIONS PARLEMENTAIRES AMERICAINES
Publié dans L'Expression le 14 - 11 - 2006

Le président américain a promis de cohabiter avec le parti démocrate pour les deux dernières années de son mandat.
Les démocrates US ont gagné, et alors? Que va-t-il se passer? L'impérialisme US aura-t-il pour autant disparu? Un article publié par le Réseau Voltaire il y a déjà plusieurs mois permet de situer l'étroite connivence d'intérêt au sein des deux grandes familles politiques. Les démocrates vont pouvoir sortir les ‘'boys'' d'Irak sans pour autant porter la honte et l'humiliation sur la nation US. A la base de toute l'élite dirigeante américaine: Les Skull & Bones qui sont nés sur le campus de l'université de Yale. Un choix qui, selon la remarquable enquête de la journaliste de l'Atlantic Monthly, Alexandra Robbins, ne doit rien au hasard.
Un peu d'histoire: Au début du XVIIIe siècle, l'ensemble des universités étatsuniennes, qu'il s'agisse d'Harvard, Dartmouth, Williams, Bowdoin, Middlebury ou encore Amherst, ont été fondées par des Congrégationnalistes. Mais ils subissent alors la concurrence des Presbytériens, ce qui incite le président d'Harvard, Increase Mather, à agir. En 1701, il quitte son poste et crée une nouvelle université, «afin que l'Intérêt de la Religion soit préservé, et que la Vérité soit transmise aux générations futures». Avec l'aide de dix pasteurs, dont neuf viennent d'Harvard, il parvient ainsi à fonder le Collegiate School of Connecticut. En 1711, Isaac Newton, Richard Steel et Elihu Yale sont approchés pour transmettre des livres de leur collection personnelle à la jeune institution. Ce dernier finance également largement l'université, qui lui rend hommage en prenant son nom, à partir de 1720, Yale University. William Russell crée les Skull & Bones, en 1832. et fonde, avec treize autres étudiants de Yale, une société encore plus secrète et encore plus forte, originellement intitulée le Club Eulogie, du nom de la déesse grecque de l'éloquence. Les jeunes membres adoptent la tête de mort et les ossements comme emblème. À la même époque, le chiffre 322 devient le «chiffre clé» de l'organisation. C'est, en effet, en 322 avant J.-C. qu'est mort l'orateur grec Démosthène. Selon la «tradition Skull and Bones», la déesse Eulogie aurait alors rejoint le paradis, avant de redescendre en 1832 et de rejoindre la société secrète. En 1856, les Skull and Bones sont officiellement incorporés au sein du Russell Trust, propriété de William H.Russell, grâce à Daniel Coit Gilman (Bones 1852), président fondateur de l'Université John Hopkins(1).
Pour rappel est-il écrit dans un article du Réseau Voltaire: Le fait que les deux principaux candidats à la présidence des Etats-Unis en 2004, George W.Bush et John Kerry, soient membres de l'organisation, ne peut être interprété comme la manifestation d'une élection arrangée à l'avance entre deux personnalités de connivence. En revanche, on peut légitimement s'inquiéter de la manière dont s'établit la sélection au sein du champ politique étatsunien. Car si les deux hommes peuvent s'affronter durement, il est indubitable qu'ils appartiennent l'un et l'autre à un milieu social étroit et homogène et que, à ce titre, ils défendent, malgré leurs divergences, des intérêts proches. D'une certaine manière, pour paraphraser un politicien français, l'élection présidentielle de 2004 c'était «Skull and Bones ou Bones and Skull». C'est d'ailleurs pour cette raison que l'Ordre focalise sur lui autant d'attention: il incarne la quintessence du milieu social le plus favorisé des Etats-Unis, et dont les vues sont loin de représenter l'idéal démocratique auquel aspire le reste de la population.(2);
De la même façon, les élections de 2006 c'est la même chose; sur les grands dossiers qui agitent le monde, le consensus est total, seule l'approche est différente. Un proverbe du terroir résume cela: Moussa El Hadj, El Hadj Moussa. Nous allons voir que sur les grands dossiers il n'y aura pas de rupture, ce sera le changement dans la continuité.
Après donc, une lourde défaite aux élections parlementaires, Bush, qui s'est séparé de Rumsfeld, se tourne vers les démocrates. Face à la marée démocrate, G.W.Bush a ouvert la voie à un changement de politique en Irak, en affirmant la nécessité d'une «nouvelle perspective». «Les Américains ont indiqué clairement et sans hésitation que les démocrates devaient conduire ce pays vers une nouvelle direction», a affirmé Harry Reid, chef des démocrates du Sénat, «Que ce soit en Irak ou aux Etats-Unis, les Américains sont fatigués des échecs enregistrés» depuis le début du mandat de George W.Bush, a-t-il ajouté.
Prenant acte de ce qu'il a lui-même qualifié de «raclée», le président américain, George W.Bush, a promis de cohabiter avec le parti démocrate pour les deux dernières années de sa présidence. Le remplacement de Rumsfeld par l'ancien directeur de la CIA, Robert Gates, est en soi annonciateur d'un changement de stratégie en Irak. Future présidente de la Chambre des représentants et, à ce titre, troisième plus haut personnage des Etats-Unis, la démocrate Nancy Pelosi, a promis de faire de la prochaine législature, qui entrera en fonction en janvier, «le Congrès le plus honnête, le plus éthique et le plus ouvert de l'histoire», dans une référence à divers scandales de corruption qui ont pesé sur la majorité républicaine sortante, ainsi qu'à la virulence des clivages partisans de ces dernières années.(2)
Nancy Pelosi a déclaré, avant même d'être élue, qu'elle ne voulait pas destituer Bush (Impeachment) alors qu'elle pourrait le faire si elle le voulait (mensonge des ADM en Irak par exemple), ni même rouvrir les dossiers sensibles. Elle ne souhaite pas non plus retirer les troupes d'occupation d'Irak, et elle a même, récemment, accusé le président irakien de manquer de soutien à la guerre israëlo-étasunienne au Liban, l'été dernier.Son soutien à Israël est aussi indéfectible que celui de Rumsfeld, donc on voit mal comment la politique au Proche-Orient pourrait changer. Il suffit de voir son sermon devant l'Aipac pour comprendre que les démocrates font allégeance aux mêmes lobbies que les républicains.
Avec une telle «opposition» démocrate, tout à fait formelle, Bush peut dormir tranquille d'autant que la loi lui permet de gouverner à peu près comme avant, et les Irakiens peuvent continuer à se faire du souci pour leur peau, tout comme les soldats étasuniens...hier, comme aujourd'hui. Penser que le remplacement de Rumsfeld par l'ami personnel de Georges Bush père, ex-directeur de la CIA qui a trempé dans de nombreux scandales (sans parler du 11 septembre), pourrait conduire à de profonds changements en Irak, est une vue de l'esprit: les démocrates ne trouveront pas de porte de sortie car il n'y en a pas. Les démocrates ont voulu la guerre en Irak autant que les républicains. Ils se sont démarqués tardivement, à quelques exceptions près(3).
Ils sont, désormais, tenus de présenter au président et au pays une politique alternative. Le système politique américain est, en effet, bien huilé et cette situation s'est souvent produite sans drame. Par ailleurs, les grands enjeux personnels pour lui sont terminés puiqu'il ne pourra pas se représenter dans deux ans. Enfin, il sait qu'il partagera, désormais, la responsabilité de la situation en Irak avec les démocrates. La situation ne changera pas et pourrait même empirer. Sur l'OMC, le fait que les démocrates ont enlevé l'Ohio et quelques Etats proches, risque de renforcer encore l'isolationnisme ce qui sera mauvais pour le coton africain, etc. Sur Kyoto, rien n'indique que les démocrates vont signer, ni même engager des actions importantes contre la pollution et la diminution de la consommation de pétrole.(3)
Bush continue sa «route». Jusqu'à la prochaine échéance. Sans esprit de «rupture», sans fantasme «vengeur» ou «révolutionnaire». En sachant que sa «machine» en panne va affronter deux années de débats, d'enquêtes, de mises en cause, de remises en question, de contestations qui vaudront la peine d'être suivies de (très) près...Quid des USA dans les deux ans qui viennent, avec une Maison-Blanche (et tout ce qui va avec) aux mains des mêmes «néoconservateurs» et un Congrès aux mains de «démocrates» qui, comme le PS en France, ont trop de leaders potentiels pour ne pas avoir de sérieux problèmes de «leadership». Alternance, concordance, connivence? C'est la solidité de ses bases culturelles qui permet à l'Amérique, «cet estomac géant qui digère toutes les crises», de se sortir des pires impasses. «L'après-Bush» commence sous Bush. Cela n'efface en rien ses erreurs et ses fautes (irakiennes et autres). Mais cela confirme la force de ce que Tocqueville avait bien décelé et décrypté. Le «rêve américain» est d'abord un acte de confiance...en soi.(4).
Le 11 septembre a également conduit les démocrates à serrer les rangs derrière «la guerre contre le terrorisme» et la plupart ont approuvé le déclenchement de la guerre en Irak, en 2003. Bush restera fort mais il devrait rechercher des éléments de programme que les démocrates trouveront judicieux de soutenir. Avec le basculement du Sénat dans le camp démocrate, George W.Bush sera contraint à encore plus de précautions. Au cas où les deux chambres cherchaient l'affrontement en adoptant des lois politiquement insupportables pour lui, il pourrait alors utiliser son droit de veto, qui oblige les deux chambres à revoter une loi à une majorité qualifiée. Selon la Constitution, le Congrès a, notamment, le pouvoir de décider la politique fiscale, la politique commerciale, de déclarer la guerre et d'entretenir l'armée. Il peut aussi destituer le président et le vice-président par une procédure d'«empêchement».
Il est probable que chaque électeur a pensé à la guerre en Irak au moment de voter. La guerre a même fini par éroder la crédibilité dont disposait le président en matière de sécurité intérieure. En revanche, la recherche d'une réorientation stratégique devrait s'accélérer dans les prochaines semaines. Un rapport produit sous la houlette de l'ancien secrétaire d'Etat, James Baker, un proche de la famille Bush, devrait être rendu public. Les dirigeants des deux partis sont convaincus que la guerre est une catastrophe, souligne John Harris. Ils veulent reprendre les clés du dossier à Bush. Mais George W.Bush, qui est, selon la Constitution, le chef des armées, n'est pas homme à céder devant des opinions contraires. Il croit à la menace du terrorisme islamiste et juge que les Etats-Unis affrontent là un ennemi redoutable.(5)
Relativement impuissants à déterminer une nouvelle politique, les démocrates pourraient chercher à mettre en évidence les erreurs de l'administration Bush en Irak depuis 2003, en créant des commissions d'enquête parlementaires. En vue des élections, le Parti démocrate avait défini une ébauche de politique - «Six points pour 2006». Dans ce document, les démocrates promettaient «un leadership honnête, une véritable sécurité nationale, une politique d'indépendance énergétique, une économie prospère et une éducation de qualité, un système de santé pour tous, une retraite sûre». Nous verrons.
Comme affaire courante,, la Chambre des représentants devrait ainsi entériner la hausse du salaire minimum au niveau fédéral, la révision de la sécurité sociale américaine. Les représentants devraient également se pencher sur les questions énergétiques, l'un des thèmes de campagne des démocrates. On s'attend, d'une part, à l'examen de la politique menée par le tandem Bush-Cheney sur cette question. Rien de sensationnel en définitive. Enfin, la seule bonne nouvelle de la soirée de mardi pour la Maison-Blanche est que son projet de réforme de l'immigration, qui prévoit un programme d'accueil de travailleurs mexicains et de légalisation partielle, pourrait sortir de l'impasse
Les démocrates ont voté la dernière loi coercitive sur la torture, notamment Hilary Clinton qui l'approuve. La guerre en Irak ne ressemble pas à la guerre au Vietnam. Dans ce pays, c'était une guerre d'indépendance qui a coûté plus de 50.000 GI's aux Etats-Unis avec des généraux, un état-major et un peuple entier derrière Giap et Le Duc Tho après la mort de Ho Chi Minh. Ce fut véritablement une débâcle, le film Apocalypse Now en fait une description saisissante. Le même Le Duc Tho, assurément conscient des manipulations de l'Occident, refusa le Prix Nobel, ce que n'ont pas fait Sadate, Arafat.
En Irak, c'est véritablement une guerre civile entre ch'ites et sunnites exacerbée par les occupants qui ont procédé à la partition de fait de l'Irak qui n'existe plus. Les Américains s'occupent surtout de sécuriser les puits de pétrole, puisqu'ils laissent le pouvoir se débrouiller avec les résultats que l'on sait. En définitive, le peuple irakien qui a payé le prix fort des trois guerres de 80 (sponsorisé par les Américains avec comme courroie de transmission de Reagan, un certain Donald Rumsfeld, 1991 avec l'aventure de Saddam en Irak avec la neutralité fausse des Etats-Unis (entrevue de Saddam avec l'ambassadrice Glaspie), l'embargo inhumain de 1991à 2003 qui aurait causé pas loin de 1million de morts selon les ONG et le haut commissaire avec, en prime, un vol des fonctionnaires de l'ONU dans le fameux pétrole contre nourriture. Au total et sans se tromper, les Irakiens ont perdu plus de 1,5 million de personnes, les dernières statistiques parlent de 650.000 morts depuis 2003.
1.Alexandra Robbins «Skull and Bones, La vérité sur l'élite secrète qui dirige les Etats-Unis» Réseau Voltaire
2.Démocrate et Républicain: ‘'Skull and Bones'' Blanc bonnet ou bonnet blanc
Réseau alternifonet.com article repris du Réseau Voltaire. Jeudi 09 Novembre 2006
3.Perth Défaite de G.W.Bush lourde de conséquences Agoravox 10 novembre 2006
http://www.agoravox.fr/tb_receive.php3?id_article=15482
4. http://www.danielriot.com dans http://www.agoravox.fr/tb_receive.php3?id_article=15482
5.Gilles Biassette et Jean-Christophe Ploquin: Bush, le désaveu. Comment l'équilibre des pouvoirs va-t-il changer à Washington? La Croix 08-11-2006.


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