Le rideau a été tiré dimanche sur les 23° championnats d'Afrique des nations avec, sans surprise, la confirmation du Cameroun. Les XXIIIèmes championnats d'Afrique des nations ont vécu. Quels enseignements peut-on en tirer? Avant même que d'examiner la fulgurante ascension de certaines formations sub-sahariennes, relevons ce fait indubitable : le recul des pays maghrébins. Régression d'autant plus préjudiciable, qu'elle n'épargne aucun pays d'Afrique du Nord et qu'aucun d'entre eux, même l'Egypte, sans doute le moins mauvais, n'a réussi à sauver la mise à toute une région. Région, régnant hier encore sans partage sur le football africain. Cela est fait sans amertume, car c'est un constat qu'il fallait bien faire. Le Maghreb n'a plus les moyens de sa politique. La volonté seule ne suffit plus. Elle peut induire à l'indulgence un moment, mais pas tout le temps. Ni la Tunisie, le seul représentant maghrébin au mondial nippo-coréen, ni le Maroc et encore moins l'Algérie n'ont réussi à donner le change. Le football maghrébin (nous y incluons, certes, l'Egypte) à été incapable d'évoluer, de passer à la vitesse supérieure au moment où en Afrique sub-saharienne, on travaillait d'arrache-pied pour résorber les retards accumulés ces dernières années. Ni le Mali, qui a réalisé une CAN époustouflante de tout premier ordre, ni le Congo démocratique, en pleine guerre civile, et encore moins le Libéria, «sponsorisé» par l'un de ses joueurs, n'ont les moyens que peuvent faire valoir leurs alter ego du Nord. Pourtant c'est le Mali, le Burkina Faso, et le Togo qui se sont donné les moyens de bien figurer dans un championnat dont l'envergure internationale se confirme d'année en année. La confirmation du Cameroun, couronné pour la quatrième fois, avec son second titre consécutif décroché au Mali, atteste du travail en profondeur entrepris par ces pays, qui, une fois pour toutes, ont fait les choix qui s'imposaient. Le choix du professionnalisme, celui de la rigueur et de la persévérance. Ce qu'a démontré de manière parfaite l'une des meilleures formations, sans doute la meilleure aux plans tactique et technique, de ce championnat, celle du Sénégal qui a subjugué par son savoir-faire. L'arrivée du Sénégal en finale de la CAN, contrairement à ce que l'on pourrait croire, n'est guère une surprise et entre de plein-pied dans la logique de l'évolution montrée lors des deux dernières CAN par l'équipe sénégalaise parvenue en quarts de finale en 1998 et en demi-finale en 2000. La retrouver en finale pour la CAN 2002 relève donc de cette évolution constante d'un Onze qui su marier la technique particulière de ses éléments à une culture tactique, et un répondant physique, qui ont cruellement manqué aux Maghrébins. Singulièrement aux Algériens. Et c'est là que nous voyons le fossé se creuser entre les conceptions, aujourd'hui obsolètes, qu'ont encore les Maghrébins de la chose footbalistique, et celles mises en pratique par des pays moins pourvus, mais audacieux dans les choix qu'ils ont pour leur football. Le résultat est là qui se passe de commentaires. C'est particulièrement vrai pour les Algériens qui ne surent jamais prendre les décisions qui s'imposaient pour sortir de l'impasse. Ainsi, au moment où les Africains prenaient les décisions qu'il fallait, nous en étions encore à débattre sur le cuit et le crû. Aveugles, les dirigeants algériens n'ont tiré aucun enseignement de la perte d'un Zidane qu'un entraîneur national avait à l'époque qualifié de joueur moyen. Zidane est aujourd'hui considéré comme le meilleur joueur du monde. Incorrigibles, nous refaisons la même bêtise en laissant échapper un autre Algérien, que tous les spécialistes français, qualifient de nouveau Zidane: Camel Meriem (22 ans), appelé récemment en équipe de France espoirs. Ceux qui dirigent le football algérien n'ont toujours pas compris que notre championnat est faible, c'est même une caricature de championnat qui ne donne plus le change. Et ce ne sont pas les succès de la JSK, l'arbre qui cache la forêt, qui nous contrediront. Bien au contraire. Les joueurs performants, il faut aller les chercher là où ils se trouvent dans les championnats professionnels européens. Mais encore faut-il que les responsables du football sachent ce qu'ils veulent et surtout qu'ils y mettent le prix. Ce qui est loin d'être évident. A quelques nuances près, c'est également le cas de la Tunisie, du Maroc et de l'Egypte. Que l'on se rende compte: dimanche dernier sur le stade du 26 Mars à Bamako, les 22 Camerounais et Sénégalais sur le terrain émargeaient à un championnat européen. Car eux savaient que ce ne sont ni les joueurs de Jeanne d'Arc de Dakar ni les Canons de Yaoundé qui auraient gagné le championnat d'Afrique des nations ; et en a tiré toutes les conséquences. Que MM Raouraoua, Madjer et leurs pairs méditent sur un championnat que sans doute nous n'aurions pas remporté mais où nous avions les moyens d'y figurer honorablement. Or, l'Algérie a terminé à l'avant-dernière place de cette CAN. Une honte? Posez la question.