Son célébrissime film Patrouille à l'est est devenu un long métrage mythique, à tel enseigne, que l'un de ses passages est resté gravé dans la mémoire collective des Algériens. Il s'agit de la scène du film où un guetteur crie inlassablement sa fameuse phrase: «Yaou alikoum men Guelma» et à travers laquelle il alerte les combattants de l'Armée de Libération nationale (ALN). Ce rôle original a été merveilleusement campé par le regretté El Ayachi Hadjadji. La scène se prolonge interminablement car d'autres guetteurs prennent le relais pour la répercuter. Cette scène de cinéma réalisée avec brio et professionnalisme a marqué de manière indélébile l'imaginaire collectif des Algériens, toutes générations confondues. Natif de la wilaya d'Annaba, le 22 janvier 1942, Amar Laskri fait partie d'une génération de cinéastes très exigeante et rigoureuse dans le travail. C'est pourquoi, avant de s'engager dans la réalisation cinématographique, la formation s'imposait. Amar Laskri passe toute la période s'étalant de 1962 à 1966 à étudier aussi bien le théâtre, la radio, la télévision que le cinéma à Belgrade. Ce qui lui permit de passer à l'acte et de réaliser ses premiers produits cinématographiques. Amar Laskri a commencé par la réalisation de trois courts métrages avant d'apporter ta touche professionnelle et pleine de savoir-faire dans un film collectif sorti en 1968 et ayant pour titre L'enfer à dix ans. Alors qu'il faisait ses tout premiers pas de réalisateur, Amar Laskri avait déjà compris qu'il était urgent et prioritaire de réaliser des films sur notre glorieuse Guerre de Libération nationale. Son passé de militant dans le Mouvement national, alors qu'il était encore très jeune, n'est pas étranger à cette fougue qui l'incitait à se pencher sur ce sujet inépuisable et passionnant. Il faut rappeler ici que le défunt Amar Laskri avait pris part à la grève des étudiants en 1956 à l'appel de l'Union générale des étudiants musulmans algériens. Amar Laskri rejoignit l'ALN en 1957 alors qu'il n'était âgé que de 15 ans. Il a fait partie des combattants de la wilaya II historique avant de gagner la base de l'Est de la ville tunisienne de Ghardimaou. C'est donc en tant que témoin mais aussi et surtout en tant qu'acteur de la guerre d'indépendance que Amar Laskri s'orienta tout naturellement vers le réalisme révolutionnaire qu'il mit en avant de manière géniale, dans son oeuvre. Ayant compris que les études et le savoir étaient la base et le fondement de tout travail culturel et artistique, Amar Laskri a renoué avec les bancs de l'université, à la fin des années 60. Il fit des études supérieures en sciences économiques et politiques à l'université d'Alger. Le coup de maître d'Amar Laskri survint en 1971 avec la sortie de son film Patrouille à l'est» dont l'impact planera pour toujours sur le cinéma algérien. Dans ce long métrage inoubliable, un groupe de combattants de l'ALN est mis en scène par le réalisateur qui se sert de ce décor pour dépeindre le quotidien dans les maquis. On retrouve dans ce film de grands acteurs du cinéma algérien comme le comédien chanteur Cheikh Noureddine de son vrai nom Nouredinne Meziane, mais aussi Hadj Smail, Hassan Benzerari et Mohamed Esseghir. En 1987, Amar Laskri rebondit avec un autre grand film et non des moindres: Les portes du silence. Le gigantesque Hassan El Hassani a été le héros de ce film où il est également question d'occupation, de guerre, de larmes, mais aussi de résistance, de combat pour l'indépendance, du sacrifice du peuple, de l'héroïsme et du courage des maquisards de l'ALN. Les crimes et les actes barbares commis par le colonialisme français sont reconstitués d'une façon frappante et édifiante dans ce film, qui est bien sûr un chef-d'oeuvre cinématographique d'Amar Laskri et ce, à tout point de vue. C'est une page très importante de notre histoire qui est restituée dans ce film émouvant et touchant. Par moment, on ne peut pas retenir ses larmes, en regardant certaines scènes poignantes. Amar Laskri a été aussi l'auteur du film Fleur de Lotus. Amar Laskri tenait à coeur un projet de film sur Frantz Fanon. Un rêve qu'il ne put réaliser car décédé le 1er mai 2015 laissant un vide incommensurable et impossible à combler.