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Un éclairage de première main
RADIOSCOPIE DE LA GOUVERNANCE ALGERIENNE D'AHMED BENBITOUR
Publié dans L'Expression le 20 - 11 - 2006

Un règne incroyable de l'illisibilité et de l'illusion, telle est l'appréciation que l'auteur tire de l'expérience qu'il eut dans la «cour des grands».
L'ouvrage que vient de faire éditer Ahmed Benbitour, ancien chef du gouvernement au début du premier mandat de M.Bouteflika, apporte un éclairage de première main sur le fonctionnement du pouvoir vu de l'intérieur. M.Benbitour invite, en fait, le lecteur à une sorte de visite guidée, ou voyage initiatique, de la «gouvernance à l'algérienne». Ce n'est pas triste! Il est à tout le moins désolant de voir jusqu'où peut se nicher l'incompétence. «Radioscopie de la gouvernance algérienne» est d'autant plus important, et bienvenu en ces temps de disette, qu'il est le témoignage d'un homme qui a vu de près les dysfonctionnements de l'Etat et les pesanteurs que font peser sur lui les clans et cercles plus ou moins rapprochés des postes décisionnels.
Mais qui est Ahmed Benbitour? L'auteur a, en effet, eu le réflexe intelligent de se présenter en une courte biographie, dire son cursus universitaire, son milieu familial, son, ses, expérience(s) dans les arcanes du pouvoir qu'il fréquenta ces dernières années tout en restant en dehors de la «tchektchouka» partisane, comme il le précise, à bon escient. Il écrit, à propos de sa pratique gouvernementale: «Mon expérience d'une décennie, 1991 à 2000, dans l'exécutif fut intense et variée. Intense en termes de crises politique, économique, sociale, sécuritaire, auxquelles il fallait faire face, et, variée en termes de responsabilité que j'ai assumée.»
Il eut ainsi à travailler avec cinq chefs d'Etat (dont deux du HCE) sous trois modes de gouvernement différents, de même qu'il eut à collaborer avec cinq chefs de gouvernement avant d'en être un lui-même. C'est dire la richesse de ses contacts avec les premiers cercles du pouvoir en Algérie, ce qui le met en bonne position pour en parler du fait même de n'appartenir à aucun parti ou mouvance politique et également au bénéfice du recul nécessaire qui le met en position idéale de scrutateur de la gouvernance algérienne.
Cela, d'autant plus que M.Benbitour exerça son ministère lors d'une des périodes les plus agitées du pays que d'aucuns ont qualifiées de décennies «rouge et/ou noire». Ahmed Benbitour, originaire du sud du pays, revient sur «sa jeunesse studieuse», la participation de ses parents au combat libérateur, à son parcours universitaire.
De ces lignes autobiographiques se révèle aussi le profond amour filial que porte M.Benbitour à sa mère, une grande moudjahida, et l'ancien ministre des Moudjahidine, Mohamed Djeghaba, n'hésita pas, dans un de ses livres de souvenir, à rendre hommage à Mme Vve Benbitour et à la qualifier de «Pasionaria d'El Goléa» pour les hauts faits d'armes et d'actions d'une femme qui, outre d'avoir combattu pour l'indépendance du pays, éleva ses enfants dans le respect des traditions et leur inculqua la bonne éducation. D'ailleurs, Ahmed Benbitour a dédicacé son oeuvre à sa mère «source de son inspiration». Ahmed Benbitour est un fort en thème bardé de diplômes (licence, DEA, MBA, Doctorat d'Etat en mathématiques appliquées, gestion, économie et finances). Avant d'être chef du gouvernement, il occupa plusieurs postes de haut commis de l'Etat et portefeuilles ministériels, notamment ceux du Trésor et des Finances.
Propulsé au premier plan de l'actualité politique à une période charnière et difficile du vécu de l'Algérie, il se trouvait également à un poste d'observation «rapproché» qui a fait de lui un témoin clé d'une décennie qui a été tragique pour l'Algérie. Son analyse, fortement documentée, revient sur une période de «double transition», politique et économique, qui devait permettre à l'Algérie de passer, au plan politique, du système autoritaire du parti unique au multipartisme politique, d'autre part, sortir d'une économie «administrée et centralement planifiée» pour intégrer l'économie de marché. Ce qui n'était pas une gageure, tant s'en faut, dans un pays qui avait tout à réapprendre, à reconstruire.
Le chapitre consacré à son entrée dans «la cour des grands» mérite le détour qui montre comment fonctionne un système en déphasage par rapport à la réalité. De fait, en ces années de turbulences de la dernière décennie du XXe siècle, Ahmed Benbitour, en acceptant en 1991 l'offre de travail de la présidence, est devenu ce que l'on appelle aujourd'hui un ‘'sherpa'', -un consultant et analyste de haut niveau- qui élabore plans et analyses de situations qu'il met à la disposition du gouvernement, lequel pouvait les utiliser comme les ignorer, -ce qui fut plus souvent le cas-, lui et ses pairs n'étant pas impliqués dans la gestion courante des affaires. Peu a été, en fait, dit sur cette année décisive de 1991 qui a vu l'organisation de la désobéissance civile par l'ex-FIS.
Ahmed Benbitour rapporte ainsi la réunion houleuse qui eut lieu entre ténors du parti FLN et militaires à laquelle il a assisté un soir de mai 1991. Observant toutefois une certaine réserve, il n'entre pas dans le détail et ne rapporte que les faits desquels il a été un témoin direct, ne commentant pas non plus une période qui a ouvert la longue crise politico-sécuritaire que le pays à traversée tout au long des années 90 et au début des années 2000. Donc, l'auteur de «Radioscopie de la gouvernance algérienne» s'en tient strictement à son vécu direct dans les coulisses du pouvoir en Algérie.
En 1992, Ahmed Benbitour entre dans le staff gouvernemental en occupant un poste ministériel au Trésor, c'était aussi l'époque où l'endettement astronomique du pays obérait sérieusement son développement. M.Benbitour, entré à son corps défendant, dans le gouvernement, alors qu'il était peu convaincu des méthodes des ‘'décideurs'', découvre, peu à peu, ce qu'il appela lui-même les «broyeurs de compétences». Ou comment étaient annihilées initiatives et/ou décisions n'entrant pas dans le corset imposé par les décideurs ou n'étant pas en phase avec les vues des maîtres du pouvoir.
Ce n'était pourtant pas les compétences qui manquaient en Algérie, mais l'incompétence des politiques a créé une faille dans les rapports entre l'intelligentsia et les centres de décision avec pour conséquence le découragement de ceux désireux d'aider le pays par leur savoir et leur savoir-faire, quand les politiques ignorent tout des secrets de la bonne gouvernance et de l'économie moderne et des finances.
En tant que ministre des Finances, M.Benbitour tenta de restructurer et d'assainir le système bancaire algérien devenu obsolète et un goulot d'étranglement incapable de mener les objectifs qui lui étaient assignés. Dans l'optique de cet assainissement, Ahmed Benbitour proposa une restructuration du secteur bancaire qui, selon lui, devait rendre les banques plus compétitives en les professionnalisant. Le rejet par les «autorités compétentes» de sa proposition avait alors induit son départ du gouvernement.
M.Benbitour raconte longuement la chausse-trappe qui lui a été tendue qui l'amena à partir, comme il souligna la morgue avec laquelle les affaires de la République étaient gérées. L'arrivée de M.Bouteflika à la tête de l'Etat va donner à Ahmed Benbitour une nouvelle opportunité de faire valoir ses compétences dans ses domaines de qualification. Toutefois, sa charge à la tête du gouvernement, dont il mesura «l'éprouvante expérience» sera marquée par maintes péripéties alors qu'il se heurta rapidement au dirigisme du président Bouteflika Avec le chef de l'Etat, cela a été un constant jeu du chat et de la souris une «méthode de jeu malsain», écrit l'ancien chef du gouvernement, lequel a fini par mettre un terme à la cohabitation entre les deux hommes. En tout état de cause cette cohabitation n'aura pas duré plus de sept mois tellement le fossé était grand entre la conception que les deux hommes avaient de la gouvernance. L'abrogation par ordonnance de l'ordonnance N°95-25 du 25 septembre 1995, organisant la gestion des capitaux marchands de l'Etat, a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase et a induit la rupture entre le président et son chef du gouvernement. Pour Ahmed Benbitour, c'était la fin d'une époque enrichissante mais frustrante tout à la fois, enrichissante par les contacts humains et professionnels qu'il eut avec les hommes qu'il a côtoyés au gouvernement et au Conseil de la Nation, frustrante par le fait qu'il n'a pu faire aboutir ses idées de sortie de crise et surtout sur le peu d'effets qu'eut son ‘'Pacte national politique et social pour le Progrès et la prospérité'' (le document intégral est présenté en annexe).
Les pages que M.Benbitour consacre à l'expérience qu'il a vécue en tant que haut commis de l'Etat et responsable du gouvernement renseignent sur les incapacités d'hommes censés diriger l'Etat. «Radioscopie de la gouvernance algérienne» se lit à deux niveaux: comme une autobiographie d'un homme qui a beaucoup donné et estime avoir encore à donner plus à l'Algérie, d'autre part, c'est aussi une fine analyse faite de l'intérieur du pouvoir par un observateur qualifié de la gouvernance dans un pays géré comme un bien «patrimonial».
De fait, l'auteur écrit ces lignes qui disent l'étendue de sa désillusion, s'interrogeant: «Le fatalisme est-il enraciné au point de faire dériver la prestigieuse Révolution de Novembre vers un régime ‘'patrimonialiste'' où sévit un petit cercle de privilégiés autour du chef qui détermine l'allocation des récompenses?» De fait, la «Radioscopie...» est un voyage initiatique au coeur de la «gouvernance algérienne» marquée, écrit-il, par «un règne incroyable de l'illisibilité et de l'illusion». Telle est l'appréciation que l'auteur tire de l'expérience qu'il eut dans la «cour des grands» Le texte de Benbitour est facile à lire et explicite la crise multiforme vécue par -et que vit- l'Algérie, notamment dans ses volets économique et financier, et éclaire les décisions prises ces dernières années par les autorités du pays dans un secteur, l'économique, qui ne tolère ni les improvisations, ni et les à-peu-près.


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