Eminents penseurs, philosophes et intellectuels arabes, européens et américains, interviendront sur l'oeuvre et la vie du philosophe et cela, le samedi 25 novembre, à partir de 8h 30. Amine Zaoui et Mustapha Chérif, respectivement directeur de la Bibliothèque nationale d'El Hamma et professeur à l'université d'Alger, ancien ministre et ambassadeur, ont animé, hier à la BN, une conférence de presse en vue de la tenue les 25 et 26 novembre prochain d'un colloque international sur les traces du philosophe, Jacques Derrida. Prenant la parole en préambule, Amine Zaoui soulignera la grandeur de ce philosophe, classé après Jean-Paul Sartre. Il dira que ce colloque intervient après 40 ans d'indépendance pour «casser cette peur intellectuelle» qui a trop duré et mettre en lumière les oeuvres de ce penseur de la tolérance auquel, avant nous, le Liban et l'Egypte ont rendu hommage, alors qu'il est natif de l'Algérie. De par son engagement aux côtés des Palestiniens, Amine Zaoui fera remarquer que Derrida a beaucoup souffert des cercles sionistes en France et ailleurs, soulignant par là, ses valeurs hautement spirituelles et philosophiques. «Il possédait de nombreuses correspondances avec Bakhti Benouda. Il a longtemps combattu pour instaurer une vraie image de l'Algérie». Pour sa part, Mustapha Chérif présentera Jacques Derrida d'abord comme un des grands philosophes de la fin du XXe siècle et du début du XXIe siècle, un spécialiste de la philosophie politique, qui a apporté de nouvelles idées en matière de déconstruction de la critique radicale, sur l'avenir de la démocratie ou comment vivre avec les autres ensemble et enfin, dans le domaine de l'hospitalité. «C'était notre plus grand allié sur le plan de la pensée, en termes de paix et de justice, pour sensibiliser l'opinion internationale sur des sujets tel la guerre en Palestine et sur le rapport entre les peuples» Et de renchérir: «Derrida a soutenu l'indépendance de l'Algérie. Il s'était dit Algérien, solidaire en profondeur de cette cause. Il était, aussi, critique quant au retard accusé pour l'avènement de la démocratie en Algérie. Il disait: ´´Ne faites pas d'amalgames!´´ C'était un homme engagé, à principes. Il s'attaquait aussi dans un de ses livres aux voyous de l'état et analysait les choses religieuses avec objectivité. Avec le souci du respect et le droit à la différence pour tous.» A l'occasion de ce colloque, d'éminents penseurs, des philosophes et intellectuels arabes, européens et américains qui, pour la plupart, ont été des amis et proches, interviendront sur l'oeuvre et la vie du philosophe et cela, le samedi 25 novembre, à la salle Rouge de la BN, à partir de 8h30. D'autres l'ayant connu à travers ses nombreux écrits, apporteront leurs témoignages et leurs idées. A l'occasion de ce colloque, en plus des conférences-débats de la première et seconde journées, une visite guidée sur les traces algériennes de Derrida, aura lieu en sus une exposition sur la vie et son oeuvre, intégrant également les écrits et les créations artistiques à son sujet. En outre, un nouvel ouvrage a été spécialement édité, à cette occasion, par les Editions Barzakh. Mustapha Chérif y relate son entretien du 29 mai 2003 avec Jacques Derrida, autour du rapport profond, difficile et intarissable entre «l'Islam et l'Occident». Un livre sorti, en même temps, en France, chez Odile Jacob.