D'emblée, l'ancien journaliste Mohamed Bouazzara a retracé le parcours de la presse nationale, depuis le déclenchement de la guerre de Libération nationale, le 1er Novembre 1954. Le conférencier a souligné le rôle principal que les médias créés par le FLN ont joué durant la révolution. Ils ont contribué à porter la voix des révolutionnaires algériens à l'intérieur du pays et en dehors des frontières. Bouazzara a souligné le génie des responsables de l'ALN et du FLN à créer des journaux et des chaînes de radios pour informer l'opinion publique nationale et internationale des développement de la guerre qu'ils menaient contre l'armée coloniale française. Le colonisateur français, conscient de l'importance de l'information et de la propagande, a investi des milliards de francs pour contrer la propagande du FLN. « Le gouvernement français a partagé le budget consacré à la guerre en deux parties égales : une moitié qui va à la guerre, et une autre consacrée à la guerre psychologique et médiatique. Il ont dépensé environ 7 500 milliards de francs français durant toute la guerre » raconte Bouazzara. Aveuglée par la frénésie de contrer la voix des moudjahidine, la France coloniale est allée jusqu'à créer des médias imitant la voix des journalistes et des animateurs des radios créées par les révolutionnaires algériens. « Ils ont créé des radios en France, notamment Radio Klebert, émettant a partir de la France, ou encore Sawt El Biled. sur cette dernière, les Français ont employé des Algériens, dont un qui voulait imiter la voix de l'emblématique moudjahid Aïssa Messaoudi et créer de la zizanie au sein de l'ALN, ou encore coller des étiquettes aux dirigeants de la révolution, mais ce funeste projet n'a finalement pas fait long feu » dit-il encore. De son côté, le moudjahid Boualem Chérifi, ancien directeur de la Chaîne 2 affirme effectivement que «des dossiers de collaborateurs et de harkis de la radio Sawt El Biled, créée par l'armée française, ont été retrouvés après l'indépendance au siège de la Radio nationale. Ces archives ont été transférées ailleurs, et on ne sait pas ce qu'elles sont devenues aujourd'hui, témoigne-t-il. Boualem Cherifi a souligné, lors de son intervention, l'importance de ces journaux de la révolution dans la sensibilisation et la mobilisation du peuple algérien autour de la cause nationale. « J'étais emprisonné à Serkadji (ex-Barberousse), et à l'intérieur, on avait une revue qu'on rédigeait de nos mains. Les Français croyaient nous humilier en nous mettant dans les mêmes cellules que les prisonniers de droit commun, mais à l'intérieur, on faisait un travail de sape. Les prisonniers rentraient comme des voleurs et faisaient sortir des moudjahidine pour qu'ils rejoignent les maquis de l'ALN » dit-il. Le rôle des médias pour la construction d'une opinion nationale saine, et contrer les propagandes malintentionnées a, depuis, beaucoup évolué, notamment avec les inventions des nouvelles technologies et les médias numériques. C'est ce qu'essaie d'expliquer Khaled Fahsi, journaliste à Radio Algérie internationale qui a également pris part à cette conférence. « Les pratiques des ennemis de l'Algérie d'hier sont restées les mêmes aujourd'hui, mais les moyens ont beaucoup évolué. Des budgets colossaux sont dépensés par les Etats pour orienter l'opinion publique ou créer des polémiques et mener des guerres d'information. Avec tous les moyens modernes de communication, une intox peut causer d'énormes dégâts sur la sécurité des pays ou des personnes » souligne-t-il. Pour la continuité du combat de ses prédécesseurs, et dans le but de montrer au monde entier les atrocités et les dégâts du colonialisme français causés en Algérie, Khaled Fahsi suggère une collaboration encore plus soutenue de l'ancienne génération, témoin de cette époque et de l'actuelle, imprégnée par les nouvelles technologies du numérique.