Le ministre de l'Intérieur, des Collectivités locales et de l'Aménagement du territoire, Brahim Merad, est en visite de deux journées en Espagne. C'est la première tournée d'un officiel algérien dans ce pays depuis le début de la crise, en 2022. Tout porte à croire que les deux pays ont décidé de dépasser l'embrouille diplomatique qui a paralysé les échanges entre Alger et Madrid. Brahim Merad effectue cette visite sur invitation de son homologue, le ministre de l'Intérieur espagnol, Fernando Grande-Marlaska Gomez, indique un communiqué du ministère. Selon la même source, Merad est accompagné, lors de cette visite, du directeur général de la Sûreté nationale, Ali Bedoui, ainsi que du DG de la Protection civile, Boualem Boughelaf. Cette visite de deux jours, ajoute le communiqué, permettra d'examiner les dossiers de coopération bilatérale dans les domaines d'intérêt commun. Il s'agit, vraisemblablement, de renouer les contacts et les relations, paralysés depuis la crise diplomatique entre l'Algérie et l'Espagne. L'Algérie avait décidé de rappeler son ambassadeur à Madrid et de rompre le Traité d'amitié, de coopération et de bon voisinage signé entre les deux pays en 2002, pour protester contre « la décision du gouvernement espagnol de s'aligner sur les thèses du Maroc dans le dossier du Sahara occidental, en apportant son appui au plan d'autonomie présenté par le Maroc en 2007 ». S'ensuivit alors une période de crispation diplomatique et politique, qui avait sérieusement altéré les liens. À noter que depuis quelques semaines, des signes d'un réchauffement entre les deux capitales se sont déjà manifestés. Pour rappel, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, qui avait adressé ses félicitations à l'écrivain algérien Yasmina Khadra, suite à son obtention d'un prestigieux prix international de littérature, avait qualifié l'Espagne de « pays ami ». Vendredi dernier, c'est le chef de la diplomatie algérienne, Mohamed Attaf, qui a rencontré son homologue espagnol, José Manuel Albares Buenos, ministre des Affaires étrangères, de l'Union européenne et de la Coopération du royaume d'Espagne. La rencontre s'est tenue en marge de la deuxième journée de la réunion ministérielle du G20. Les deux ministres ont longuement échangé sur «les voies et les moyens à même de rehausser les relations entre les deux pays, en renforçant la confiance mutuelle et promouvant la coopération bilatérale », selon le communiqué du ministère algérien des Affaires étrangères. Le ministre espagnol a réitéré, toujours selon le même communiqué, « ses remerciements aux autorités algériennes pour leur contribution à la libération du ressortissant espagnol, Navaro Canada Joaquim, en janvier dernier, mettant en avant le soutien de son pays au rôle de l'Algérie dans le renforcement de la stabilité et la promotion du développement dans la région sahélo-saharienne ». Mais si les relations officielles et diplomatiques montrant au grand jour ce réchauffement des liens entre les deux pays sont récentes, les échanges commerciaux, pour leur part, ont repris déjà depuis au moins une année. L'amorce a été entamée après la nomination d'un nouvel ambassadeur d'Algérie à Madrid, en novembre 2023. La cadence des échanges entre les deux rives n'a pas tardé à atteindre un régime de croisière et retrouver son rythme d'avant la crise. En fait, durant les 11 premiers mois de l'année dernière, les échanges ont bondi de 143% par rapport à 2023. Ce saut qualitatif, rapide et significatif s'explique, notamment, par le fait que les circuits d'échanges entre les deux pays sont déjà rodés depuis de longues années, avant d'être plombés par la crise diplomatique. À travers cette nouvelle page qui s'ouvre pour les deux pays, leurs relations sont appelées à évoluer encore plus qu'avant. Cela grâce aux liens historiques et de proximité qui lient les deux nations, mais aussi à l'impératif de s'adapter aux chamboulements que connaît le monde actuellement.