La résolution américaine adoptée lundi par le Conseil de sécurité de l'ONU avec le soutien de la Russie, est un «accord historique», a salué l'ambassadrice américaine par intérim Dorothy Shea. « Nous appelons tous les Etats membres à rejoindre les Etats-Unis pour pousser vers une paix durable (...) et nous sommes fiers que le Conseil de sécurité vienne justement de faire ça, en adoptant un accord historique, un jalon, le premier en trois ans» depuis le début de la guerre en Ukraine, a-t-elle déclaré. Les Etats-Unis de Donald Trump se sont alliés lundi à la Russie lors de votes sans précédent à l'ONU sur le conflit ukrainien, poussant leur idée d'une paix rapide. Alors que l'administration de Joe Biden avait toujours soutenu Kiev, les votes américains à l'Assemblée générale et au Conseil de sécurité mettent en lumière le changement radical de la politique américaine avec l'arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche. Lundi matin, une première résolution préparée par l'Ukraine et ses alliés européens a été adoptée à l'Assemblée par 93 voix pour, 18 contre, et 65 abstentions, sur 193 Etats membres. Un succès pour ses partisans, même si l'Ukraine a perdu de nombreux soutiens dont celui des Etats-Unis de Donald Trump qui ont voté contre, aux côtés du Bélarus, du Mali, du Nicaragua, de la Corée du Nord, ou de la Hongrie, mais aussi de la Russie, dont l'ambassadeur Vassili Nebenzia a dénoncé «un morceau de papier anti-russe». La résolution reconnaît qu'il est «urgent» de mettre fin à la guerre «cette année», et répète sans équivoque les précédentes demandes de l'Assemblée: retrait immédiat des troupes russes du territoire ukrainien et arrêt des hostilités menées par la Russie. Défiant Kiev et ses alliés européens, les Etats-Unis ont de leur côté soumis à l'Assemblée une résolution concurrente réclamant la fin rapide du conflit sans référence à l'intégrité territoriale de l'Ukraine, au moment où Donald Trump a entamé un rapprochement avec le Kremlin et multiplié les invectives contre son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky, désormais sous pression. Le très court texte qui demandait «instamment qu'il soit mis fin au conflit dans les plus brefs délais et plaide pour une paix durable» n'a pas été mis aux voix tel quel. Il a en effet été largement modifié par plusieurs amendements de pays européens pointant clairement du doigt la Russie pour ce conflit, affirmant son attachement à l'intégrité territoriale de l'Ukraine et réclamant une «paix juste». Le texte modifié a été adopté par 93 voix pour, 8 contre et 73 abstentions. Les représentants d'une trentaine d'alliés de l'Ukraine ont salué «le message fort» de l'Assemblée. «Toute paix qui risque de récompenser l'agression augmente le risque que n'importe quel pays dans le monde subisse une agression similaire», ont-ils insisté, évoquant la menace d'un «précédent». Mais le texte américain original a ensuite été soumis au Conseil de sécurité, où les Etats-Unis ont cette fois enregistré une victoire. « Nous sommes fiers que le Conseil de sécurité» ait adopté «un accord historique, un jalon, le premier en trois ans», a salué l'ambassadrice américaine par intérim Dorothy Shea, alors que le Conseil était paralysé jusqu'alors sur ce dossier. « Cette résolution représente un chemin vers la paix», «ce n'est pas un accord de paix qui coûte quoi que ce soit», a-t-elle également justifié. Après le rejet de tous les amendements proposés par les quatre membres de l'UE (France, Slovénie, Grèce, Danemark) et le Royaume-Uni pour introduire une référence à l'intégrité territoriale de l'Ukraine, la résolution a été adoptée par 10 voix pour, et aucune contre. Les cinq mêmes pays européens se sont abstenus, y compris la France et le Royaume-Uni, qui auraient pu choisir de bloquer l'adoption en utilisant leur veto pour la première fois depuis 1989.